"J’ai pris une claque immense" : Tony Estanguet se livre sur l'impact des JO de Paris 2024 sur sa vie personnelle

"Je me suis laissé convaincre." Quatorze mois après la fin des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris, Tony Estanguet publie un livre, Par amour du sport (éditions Calmann-Levy), dans lequel il revient sur son aventure à la tête du comité d'organisation des JO de Paris 2024. 

Dans un entretien accordé au Parisien, l'ancien céiste assure que cette sortie n'était pas prévue, au départ. Et puis l'athlète s'est laissé convaincre : "Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est que je me suis rendu compte que les gens continuaient à m’en parler, continuaient à être émus, continuaient à me poser plein de questions". Et d'ajouter : "J’ai pris une claque immense avec ces Jeux qui ont changé ma vie".
 
Dans Par amour du sport, Tony Estanguet raconte surtout la candidature de la France et la préparation des Jeux olympiques. "Les Jeux, tout le monde les a vus, chacun a ses souvenirs, explique-t-il dans les colonnes de Ouest France. Ce qu'on connaît moins, c'est comment on y est arrivé. La complexité, les choix, les crises..."

Estanguet s'est appuyé sur ses "réflexes d'athlète"

Au fil des pages, le principal artisan des JO de Paris raconte comment sa pratique du sport à haut niveau et sa carrière ont joué un rôle dans sa mission à la tête du comité d'organisation. "Je me suis appuyé sur mes réflexes d'athlète : viser haut, gagner sur nos points forts, régler les problèmes "dans le vestiaire", donner leur chance aux idées folles". 

Le point de départ de son histoire débute lors de l’échec de la candidature de Paris pour les JO 2012 face à Londres. Cet échec signifiait que l'athlète n'allait pas pouvoir finir sa carrière à la maison. Un mal pour un bien affirme Tony Estanguet : "Heureusement que le CIO (Comité international olympique) a choisi Londres ! C’est ce qui m’a permis de vivre cette aventure professionnelle et personnelle extraordinaire avec Paris 2024".

Des hommages à son père et à Bernard Lapasset

Le triple champion olympique profite également de ses pages pour rendre deux hommages marquants : l'un à son père, décédé en 2005, l'autre à Bernard Lapasset, "le fondateur de Paris 2024" selon Tony Estanguet, disparu en 2023. 

Dans Le Parisien, le sportif raconte à quel point son père a été un élément essentiel dans la réussite de sa carrière. "Il a fait tout ce qu’il fallait pour m’aider à être champion olympique. Je n’imaginais pas que par la suite, j’allais autant repenser à lui".

Concernant l'ancien président de la FFR, Tony Estanguet insiste sur l'importance de cet homme qui l'a pris "sous son aile" à la suite de sa retraite sportive. "Il incarnait ce leader inspirant, bienveillant, positif, collectif, qui avait toujours du temps pour les autres et qui avait envie de partager. Ça m’a beaucoup aidé à trouver ma route".

Les JO de Paris 2024 et son divorce

Tony Estanguet évoque aussi son divorce. Ce père de trois enfants estime que l'organisation des Jeux n'a pas ménagé sa vie personnelle.

"C'était une opportunité que je voulais absolument vivre, confie-t-il dans Le Parisien. Mais il y a eu un tiraillement. D’un côté, cette vie parisienne. De l’autre, ma vie personnelle à Pau avec mes enfants et ma femme. Je ne voulais pas choisir. Et il y a eu des impacts dans ma vie personnelle, notamment cette séparation. Est-ce qu’on serait encore ensemble s’il n’y avait pas eu les Jeux ? Ça n'a pas aidé en tous les cas."

Les coulisses, les secrets, la DGSE

En tant que président du comité d'organisation, Tony Estanguet était au courant de tout. Notamment les stars présentes lors de la cérémonie d'ouverture. Afin d'éviter les fuites - surtout dans la presse - les noms des célébrités étaient codées pour s'assurer un minimum de surprises le jour J. ""Richard" pour Rafael Nadal, "Zorro" pour Zinédine Zidane... On se perdait dans les réunions. On ne savait plus qui connaissait le code ou non. C'était assez drôle", confie-t-il. 

Malgré tout, certaines infos, comme les mascottes ou la vasque, ont fini par fuiter dans les médias. "Les derniers relayeurs de la flamme, je l'ai gardé presque jusqu'au bout, poursuit-il. Parfois, ça sortait. C'était épuisant". 

Tony Estanguet confie également une rencontre avec des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). "J'ai vécu une aventure parfois surréaliste". Un passage obligé pour éviter le plus possible les pièges avant une telle échéance à résonnance mondiale.

Fatigué par les polémiques

L'aventure au sein de l'organisation olympique a aussi été dure psychologiquement pour le "Tony gentil". Habitué aux éloges après ses trois titres olympiques et mondiaux, Tony Estanguet a découvert les violences et les polémiques d'une telle exposition. "Aujourd'hui, on réagit avant de comprendre, on s'indigne avant d'écouter. La vitesse remplace la nuance", dit-il. 

Et même si tout n'a pas été parfait, l'ancien président assure ne rien vouloir changer même s'il en avait la possibilité. "Le 26 juillet 2024 au matin, personne n'y croit. Le 27, tout le monde est gaga". Et de conclure : "Sans difficulté, serions-nous montés si haut ?". 

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