Le Sénat examine, depuis le 24 janvier, la loi sur l'organisation des Jeux Olympiques qui auront lieu à Paris, à partir de juin 2024. Est-ce que la France est prête en matière de sécurité et de transports ?
Non, pas tout à fait. Et en même temps, il reste 548 jours. Mais nous ne sommes pas prêts, parce qu’il y a des forces contraires qui empêchent d’avancer sur l’aspect "sécuritaire", notamment.
Nous sommes face à un évènement majeur, planétaire, qui va attirer des milliers d’athlètes. 600.000 personnes sont attendues pour la cérémonie d’ouverture, 13 millions de spectateurs et on en est à se demander si la reconnaissance faciale n'est pas une atteinte grave à la liberté, dans un pays qui a connu le terrorisme et qui est toujours en alerte.
Qu'est-ce que "les forces contraires" ? Ce ne sont pas seulement des forces politiques qui s’affrontent. Je pense à la CNIL, la commission nationale informatique et liberté, le gendarme des données informatiques qui refuse d’utiliser l’outil de "reconnaissance faciale" que réclame la police qui sera sur le terrain.
Je pense au Conseil d’Etat, aux avocats du Conseil national des barreaux qui préfèrent mettre davantage en avant le droit à la vie privée, plutôt que les risques. Alors je sais bien que c’est l’éternel débat entre droits individuels et sécurité collective.
Mais on a besoin de la reconnaissance faciale. Londres l’a utilisée pour ses Jeux Olympiques, il n’y a pas eu de dérive. Puis, on interdit la reconnaissance faciale mais on va autoriser les caméras augmentées, intelligentes qui détectent les mouvements de foules ou les objets abandonnés.
Il faut toute la panoplie des outils qui permettent d’assurer notre sécurité
Sauf qu’un algorithme mal réglé peut confondre un parapluie et un fusil et ca peut-être un moment peu agréable pour celui qui veut se protéger de la pluie. Ce que je veux dire, c’est que pour un évènement pareil, il faut toute la panoplie des outils qui permettent d’assurer notre sécurité. On a encore le temps d’expérimenter, il ne faut se priver de rien.
D’autant que les entreprises de sécurité cherchent encore entre 12.000 et 20.000 agents de sécurité supplémentaires, les agréments sont longs à obtenir, la formation est longue. Sur le recrutement aussi, nous sommes loin d’être prêts. Les transports, ça concentre tout : la sécurité, l’acheminement des personnes.
Là encore, il y a des aberrations. Un agent de sécurité de la RATP ou de la SNCF a le droit d’intervenir sur le quai mais pas sur le parvis. Il a le droit de faire un contrôle d’identité : comment vous appelez-vous ? Où êtes-vous né ? Mais il n’a pas le droit de faire une vérification d’identité et de demander les papiers.
Donc si vous êtes contrôlé, soit vous êtes honnête et vous dites votre nom soit vous dites que vous vous appelez Astérix ou Obélix, et c’est pareil. On a 122.000 actes de délinquance par an dans les transports en Île-de-France, ça vaut le coup d’avoir des agents dans les métros et dans les gares qui ne sont pas que des pions.
Peut-on s'attendre à des grèves pendant les JO ? Tout est possible. Le sénateur Philippe Tabarot, bon connaisseur de ces questions de transports, tente avec ses collègues d’encadrer les grèves de 59 minutes. Il y a des grèves de 59 minutes. Comme il y a des préavis dormants, que les syndicats utilisent à tout moment en tout cas 72 heures avant puisque c’est la loi. Mais c’est parfois trop juste pour réorganiser le service.
On l’a vu au moment des incidents du Stade de France, lors de la finale de la ligue des champion fin mai, en plus d’une organisation défaillante, il y avait eu la grève du RER et cela avait tourné au chaos. Les sénateurs essaient de faire passer le prévis de 48h à 72h. Il va falloir contenir aussi ces "gilets jaunes" du rail, qui déclenchent des grèves sans en référer aux syndicats.
On en parle beaucoup et cela inquiète les organisateurs, ce qu’il s’est passé sur le trafic à partir de la gare de l’Est, un incendie volontaire, un acte de malveillance. Qui a pu faire ça ? Celui qui l’a fait savait bien ce qu’il faisait. 548 jours avant les JO, ce ne sera pas de trop pour en faire en sorte que l'évènement se passe bien.
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