Samsung lance ses Galaxy S25 dopés à l'intelligence artificielle : faut-il acheter un smartphone IA en 2025 ?

L'intelligence artificielle générative poursuit sa conquête des smartphones. Deux ans et demi après la révolution ChatGPT, les constructeurs font de cette technologie une priorité pour rendre leurs nouveaux modèles plus attrayants, dynamiser leurs ventes et amorcer le "super-cycle" de remplacement tant attendu par l'industrie. 

Premier acteur d'envergure à proposer des smartphones "dopés à l'IA" avec les Galaxy S24 lancés en janvier dernier, le leader mondial du secteur Samsung persiste et signe dans cette stratégie avec la sortie de leurs successeurs. Les Galaxy S25 dévoilés ce mercredi 22 janvier lors de la conférence Galaxy Unpacked à San José (Californie) sont présentés comme "des appareils qui promettent de "changer la façon dont on interagit avec les smartphones" grâce à l'intelligence artificielle.

Toujours déclinée en trois modèles, Galaxy S25, S25+ et S25 Ultra, la nouvelle gamme ne se contente plus de proposer un patchwork d'outils basés sur les capacités de l'intelligence artificielle générative (écriture automatique de messages, résumés de pages Web, retouche automatique de photos, traduction instantanée) dispersés aux quatre coins de l'interface du téléphone. Samsung met désormais en avant l'IA comme "un partenaire intelligent" central. Doté de capacités multimodales (il peut comprendre et générer du texte, des images et de l'audio) et intégré directement au système d'exploitation, cet auxiliaire 3.0 serait ainsi en mesure de détecter plus rapidement les intentions de l'utilisateur et de s'adapter à son contexte pour améliorer son expérience.

Pour ce faire, la marque a renforcé son partenariat avec Google en intégrant l'assistant Gemini, ex-Google Assistant, au coeur de l'expérience des nouveaux Galaxy S25. Gemini vient chapeauter plusieurs applications natives des smartphones, comme le calendrier, les notes, le navigateur Internet, les mails, la galerie photo, la navigation, les podcasts ou la musique. De cette façon, l'IA peut réaliser des actions qui mettent à contribution plusieurs applications à partir d'une simple requête de l'utilisateur.

L'IA intégrée dans plusieurs scénarios au coeur de l'expérience utilisateur

Imaginez : vous devez vous organiser pour retrouver des amis pour dîner dans un restaurant italien un soir d'été. Mais l'un d'entre eux sera avec son chien et vous ne souhaitez pas sortir trop loin de chez vous. Dîtes simplement à haute voix : "Trouve un restaurant italien qui accepte les animaux de compagnie avec des places assises en terrasse à moins de 15 minutes de chez moi et envoie les résultats par SMS à mes amis". L'assistant de Google va décomposer les différentes tâches induites par cette requête, chercher les informations sur Internet, conserver les éléments pertinents, puis faire le lien entre les applications mobilisées pour délivrer la réponse finale. Le tout en quelques secondes seulement, quand ces différentes actions auraient pris plusieurs minutes si elles avaient été menées par un humain. 

Le système est pour l'instant compatible avec les applications préinstallées par Samsung, la suite logicielle Google (YouTube, Gmail, Google Search, Drive, Agenda...), Spotify et WhatsApp. Samsung n'est pas encore en mesure d'indiquer quand est-ce qu'il sera étendu à d'autres applications tierces, mais l'entreprise va mettre à leur disposition des kits de développement pour élargir les capacités du smartphone.

Samsung a mis en avant plusieurs scénarios dans lesquels ses nouveaux S25 sont censés faciliter la vie de leurs utilisateurs. Si vous prenez une note à la volée, le smartphone peut la résumer pour vous, mettre en forme les idées dans un tableau et l'envoyer à un collaborateur. Si vous photographiez une invitation, l'appareil peut ajouter l'événement à votre calendrier et programmer un rappel à l'approche de l'échéance. Avant un voyage, il va pouvoir sélectionner des vidéos à regarder sur YouTube pour organiser l'itinéraire, puis résumer les vidéos dans une note textuelle. L'intégration renforcée de l'IA doit aussi permettre de rendre les recherches plus naturelles : si vous cherchez à modifier un paramètre du téléphone, comme la taille de la police, ou à retrouver un fichier spécifique, l'IA va comprendre la requête et trouver le paramètre ou le document correspondant, vous évitant d'avoir à parcourir les menus de l'appareil. 

L'IA se matérialise également dans la capacité des Galaxy S25 à détecter les comportements récurrents des utilisateurs pour leur proposer de mettre en place des routines. Si l'appareil remarque que son propriétaire a l'habitude de lancer l'application Waze et une playlist musicale vers 18h, il va lui proposer d'enregistrer ces actions afin de les automatiser. Idem s'il a l'habitude de consulter la météo et l'agenda au réveil ou d'éteindre les lumières et la télévision en quittant le domicile. Ces routines seront ensuite suggérées au fil de la journée dans la "Now Bar", une encoche dynamique qui fait son apparition en bas de l'écran de verrouillage. À l'instar de la Dynamic Island des derniers iPhone, cette "Now Bar" affichera aussi des informations contextuelles basées sur les activités en cours, comme l'avancement d'un itinéraire ou d'une livraison, des informations relatives à une chanson en cours de lecture ou une rencontre sportive, ou encore des éléments utiles à la gestion des rendez-vous inscrits dans l'agenda. 

En photo, l'IA est mise à contribution dans des outils cosmétiques, comme la nouvelle fonction "Meilleure pose".  Si une personne ferme les yeux sur un cliché, l'IA va le détecter et proposer de remplacer son visage par un portrait plus avantageux généré par l'appareil. De la même manière, il sera possible d'améliorer des photos anciennes en laissant l'IA générer de nouveaux pixels pour améliorer le niveau de détails. En vidéo, l'IA va pouvoir détecter et isoler jusqu'à six types de bruits parasites (voix, musique, vent, bruit, foule, nature) pour les réduire ou les supprimer au montage. Elle pourra également générer des montages de moins d'une minute à partir des moments forts d'une sélection de vidéos. 

Gage de personnalisation avancée et de fonctionnalités inédites, l'IA est aussi la garantie de performances supérieures car pour exécuter ces tâches complexes, les smartphones sont tenus d'embarquer des puces spécialisées à la puissance accrue. Samsung promet des gains de performance de 30% à 40% selon les usages. Cela se traduit également par une meilleure autonomie grâce à une gestion des ressources plus efficace. La marque annonce jusqu'à 31 heures de lecture vidéo possible.

Pas encore d'effet IA chez les consommateurs

Ces nouveaux usages sont-ils susceptibles de constituer des arguments de vente déterminants pour le public ? Rien n'est moins sûr à ce stade. Si Samsung n'a pas manqué d'attribuer les bons résultats de la gamme Galaxy S24, en hausse de 18% par rapport à la génération précédente, à son pivot vers l'intelligence artificielle l'an passé, plusieurs paramètres viennent tempérer cet enthousiasme. Cette croissance s'inscrit d'abord dans un contexte de rebond global de l'industrie mobile, avec des ventes en hausse de 4% dans le monde, après deux années en berne. L'embellie n'aurait pas grand chose à voir avec l'arrivée des premiers modèles équipés de fonctionnalités d'IA, mais plutôt à la baisse de l'inflation et au cycle de renouvellement des modèles achetés avant la pandémie. 

Malgré les efforts marketing de Samsung, Google et Apple, l'IA n'aurait pas encore eu d'effet significatif sur la demande, conclut une étude du cabinet IDC publiée fin novembre. "Même si elle participe à renforcer le caractère innovant des marques, l'intelligence artificielle n'est pas encore un critère d'achat essentiel pour les consommateurs", confirme Thomas Husson, vice-président du cabinet Forrester Research, joint par RTL. En cause : l'absence d'une fonctionnalité radicalement innovante susceptible de justifier à elle seule de changer son smartphone. La gomme magique introduite par Google sur ses derniers Pixel est particulièrement efficace pour effacer un élément d'une photo, mais pas forcément indispensable au quotidien, par exemple. Lancée aux Etats-Unis en fin d'année, la brique logicielle d'IA de l'iPhone, Apple Intelligence, n'a pas suscité un enthousiasme débordant non plus avant son arrivée en Europe au printemps. "Même le mode interprète de Samsung, qui permet de traduire en direct des conversations dans une langue étrangère, n'est pas considéré comme une "killer-app", souligne Thomas Husson. 

Comme ils sont propulsés par des processeurs dernier cri, les smartphones IA ont aussi l'inconvénient d'être plus chers que les modèles standards, à partir de 899 euros pour le Galaxy S25, même si des mises à jour ont commencé à apporter certaines de leurs fonctions sur des modèles d'ancienne génération, comme les Galaxy S23 et S23 FE, accessibles à moins de 500 euros chez certains distributeurs. Les experts restent néanmoins convaincus que l'IA se généralisera vers le milieu de gamme d'ici 18 mois. Le cabinet IDC estime que plus de deux smartphones sur trois seront équipés d'IA générative en 2028. L'un des enjeux pour les marques sera alors de différencier l'expérience et d'analyser les usages. "Samsung avait mentionné que l'usage de l'IA serait gratuit en 2025 mais qu'il se réservait le droit de le facturer ensuite ou d'introduire des services payants. Il faudra voir par la suite quel modèle économique adopter en raison des coûts d'infrastructure et environnementaux", souligne Thomas Husson. Les fabricants devront aussi démontrer qu'ils sont capables de connecter les applications tierces les plus populaires (TikTok, Instagram, Uber, WhatsApp, Zoom...) à leurs systèmes d'IA afin que ces derniers ne soient pas limités aux seules applications propriétaires.

En attendant, la promotion de l'intelligence artificielle ferait presque oublier que les Galaxy S25 ont par ailleurs de nombreux atouts à faire valoir qui les positionnent naturellement parmi les meilleurs smartphones du marché. "Samsung ne doit pas commettre l'erreur d'accorder trop d'importance à cette technologie au détriment des principaux facteurs d'achat d'un smartphone, tels que les performances et l'expérience de l'appareil photo", observe Thomas Husson. Et rien n'empêche d'installer un assistant IA (ChatGPT, Gemini, Perplexity...) en téléchargeant directement l'application sur son smartphone pour profiter de ses capacités au quotidien.

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