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Déjà 100 millions d'inscrits sur Threads : 3 questions sur le rival de Twitter qui affole les compteurs

Lancé début juillet dans une centaine de pays, ce réseau social lié à Instagram qui reprend les codes de Twitter signe des débuts fulgurants avec plus de 100 millions d'inscrits en 5 jours. Mais il n'est pas encore disponible en Europe pour des questions réglementaires.

Lancée début juillet, l'application de conversation texte d'Instagram, Threads, connaît des débuts fulgurants
Crédit : AFP
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Benjamin Hue
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C'est la nouvelle application du moment. Après plusieurs mois de gestation, le groupe Meta a lancé le 6 juillet Threads, un réseau social lié à Instagram qui entend profiter des difficultés rencontrées par Twitter pour le concurrencer frontalement en capitalisant sur les utilisateurs mécontents de son évolution depuis son rachat par Elon Musk.


Pour jouer sur les plates-bandes de Twitter, Threads reprend à son compte sa propre mécanique : un fil d'actualité, des messages textuels et des images à commenter, liker et partager et un système d'abonnements. La plateforme mise aussi sur l'effet de réseau d'Instagram et ses 2 milliards d'utilisateurs actifs pour dépasser son rival. Il est nécessaire d'avoir un compte Instagram pour publier sur Threads et la suppression d'un compte Threads implique aussi de quitter Instagram. Threads permet aussi de conserver son nom d'utilisateur Instagram et ses listes d'abonnements.

Lancé aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon et dans une centaine de pays, Threads signe des débuts fulgurants. L'application a franchi le cap des 100 millions d'inscrits cinq jours à peine après sa mise sur le marché. À ce rythme, elle pourrait compter 200 millions d'utilisateurs à la fin de l'été et se rapprocher dangereusement des 250 à 350 millions d'usagers actifs que compte Twitter. Une croissance d'autant plus remarquable que Threads n'est pour l'instant pas autorisé en Europe pour des questions réglementaires. Suffisant pour inquiéter Elon Musk qui a déjà mobilisé ses avocats pour menacer Meta de poursuites, la maison-mère de Facebook ayant recruté de nombreux ex-employés de Twitter ces derniers mois.

1 - Que trouve-t-on sur Threads ?

Proposé en téléchargement gratuit, Threads se présente sur l'App Store et le Play Store Android comme "le lieu où les communautés se rassemblent pour discuter de tout, qu'il s'agisse des sujets qui vous intéressent ou des tendances de demain. L'application promet de "vous connecter directement avec vos créateurs favoris et ceux qui aiment la même chose ou pour construire votre propre base afin de partager vos idées , opinions et créativité avec le monde entier". 

L'interface de Threads se situe à mi-chemin entre l'identité visuelle d'Instagram et l'organisation de Twitter. Les publications sont limitées à 500 caractères, contre 280 sur Twitter (25.000 pour les abonnés Twitter Blue). Le nombre de likes et de réponses sont indiqués sous chaque publication. Il est possible de partager des messages, des images, des vidéos et des liens mais les GIF ne sont pas encore pris en charge. Il n'est pas non plus possible d'échanger des messages privés avec d'autres utilisateurs, ni de rechercher des discussions par mot-clé.

L'interface de Threads, à mi-chemin entre Twitter et Instagram
Crédit : RTL

Threads repose pour l'instant sur un flux d'actualité algorithmique. Les timelines affichent un mélange de publications émanant de comptes suivis par les utilisateurs et de contenus mis en avant par les algorithmes de recommandation de la plateforme. Ces derniers pourraient représenter à terme 40% des publications affichées. Les fils d'actualité, pour l'instant dénués de publicités, sont davantage dominés par les célébrités, déjà nombreuses à avoir migré vers la plateforme, et les comptes anglo-saxons que par les discussions relatives à l'actualité. Une stratégie assumée par Meta, qui entend positionner Threads comme une alternative plutôt qu'un copié-collé de Twitter.


Le patron d'Instagram, interrogé par The Verge, a affirmé que "l'objectif n'est pas de remplacer Twitter". D'après lui, Threads a vocation à "créer une place publique pour les communautés sur Instagram qui n'ont jamais vraiment adopté Twitter et pour les communautés sur Twitter intéressées par un espace de conversation moins colérique". Dans cette perspective, Threads ne devrait pas particulièrement mettre en avant les sujets liés à la politique et l'actualité mais plutôt favoriser les communautés autour du sport, de la musique, de la mode ou du divertissement. À l'avenir, Threads prévoit aussi de permettre à ses utilisateurs d'interagir avec des usagers d'autres plateformes, comme Mastodon.

2 - Pourquoi Threads n'est pas disponible en France ?

Inutile de chercher dans vos magasins d'applications, Threads n'est pas encore arrivé en France. La plateforme, lancée dans près de 150 pays, évite pour l'instant l'Union européenne, le temps de se mettre en conformité avec les lois locales. En cause : une collecte trop importante de données personnelles non conforme au droit communautaire qui interdit aux applications de compiler des données non nécessaires au fonctionnement de leur service et de croiser les données collectées sur plusieurs applications appartenant à un même groupe. 

Outre des informations classiques comme le nom d'utilisateur, l'identifiant et les informations de contact, Threads prévoit en effet de récupérer des données sensibles relatives à la santé, aux finances, à la localisation, aux sites visités et aux achats passés de ses utilisateurs. Meta s'arroge aussi le droit de les partager avec des tiers. Et l'utilisation des données et de la position dominante d'Instagram pour favoriser la croissance de Threads risque également d'entrer en contradiction avec le nouveau règlement sur les marchés numériques DMA en vigueur depuis mai.

Les données collectées par l'application Threads
Crédit : Threads

À l'instar de Google avec Bard, son dernier assistant de conversation nourri à l'intelligence artificielle, Meta s'épargne pour l'instant un nouveau bras-de-fer avec les régulateurs européens. Le groupe américain avait été condamné en mai à une amende record de 1,2 milliard d'euros pour des transferts de données des utilisateurs européens de Facebook vers les États-Unis et, en début d'année, à payer 5,5 millions d'euros pour des manquements dans le traitement des données de WhatsApp.

3 - Comment utiliser Threads en France ?

Malgré son lancement européen différé, il est d'ores et déjà possible d'utiliser Threads en France, à la faveur de quelques ruses informatiques. Sur Android, l'application est accessible en téléchargeant un fichier APK, en dehors du magasin d'applications officiel Play Store. Cette opération nécessite d'autoriser le téléchargement de sources inconnues, un dispositif de sécurité activé par défaut pour éviter l'installation de programmes malveillants sur les smartphones. Il convient donc de faire attention à l'origine du fichier. Les médias spécialisés Frandroid et 01Net proposent des liens ayant été vérifiés. 

Également indisponible sur l'App Store, Threads peut être installé sur un iPhone en changeant son pays dans les paramètres d'iOS. Il faut pour cela se déconnecter de son compte Apple et créer un nouveau compte localisé aux États-Unis, ou dans un marché où l'application est déjà accessible, ce qui implique, notamment, de renseigner une adresse postale. 

En attendant le lancement officiel de Threads en France, attention aux fausses applications. Le battage médiatique autour du nouveau réseau social et son absence des magasins d'applications européens laissent un espace vacant propice aux arnaques. Comme le rapporte BFMTV, une application baptisée Threads for Insta s'est ainsi hissée récemment en tête des services les plus téléchargés sur iPhone en France. Sans aucun lien avéré avec le réseau social du groupe Meta, elle dissimule un abonnement caché avec des prélèvements pouvant aller jusqu'à 90 euros par an à l'issue du mois d'essai gratuit.

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