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Microsoft veut regagner du terrain sur Google avec l'intégration d'une technologie type ChatGPT dans son moteur de recherche Bing
Crédit : AFP
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La grande bataille de l'intelligence artificielle a débuté entre les géants du Web. Quelques semaines après l'irruption fracassante de ChatGPT dans le paysage médiatique, l'IA est sur toutes les lèvres dans le monde des nouvelles technologies. Google, Microsoft et le chinois Baidu ont annoncé coup sur coup des programmes d'intelligence artificielle censés faire entrer la recherche en ligne, et plus largement la productivité, dans une nouvelle dimension, à la faveur des nouvelles capacités de traitement du langage naturel des robots conversationnels.
Dix ans après les premiers chatbots, dont le rôle se cantonnait à débiter des réponses prédéfinies en fonction d'une poignée de scénarios préétablis à des fins de service client, essentiellement, les progrès du machine learning ont permis l'avènement d'intelligences artificielles dites génératives, capables de produire des textes dans toutes les langues en réponse à n'importe quelle question des utilisateurs à la manière d'un humain.
Le succès de ChatGPT, utilisé par des millions de personnes à travers le monde depuis son lancement fin 2022, a imposé l'IA générative comme une tendance fondamentale dans le monde de la tech. Beaucoup y voient un moment pivot du Web, à même de faire bouger les lignes dans de nombreux secteurs, comme l'éducation, le marketing et l'accès à l'information.
Partenaire privilégié d'OpenAI, le centre de recherche à l'origine de ChatGPT, Microsoft entend profiter de ces avancées pour se replacer dans la course à l'innovation technologique. Après un investissement initial d'un milliard de dollars en 2019, pour permettre au laboratoire d'utiliser ses supercalculateurs pour le fonctionnement de ChatGPT, la firme américaine a passé un nouvel accord de plusieurs milliards avec la startup californienne en début d'année pour pouvoir exploiter les fonctionnalités de chatbot dans ses propres logiciels.
Soucieux d'amplifier la résonnance de cette nouvelle dynamique, Microsoft organisait une conférence de presse ce mardi 7 février à son siège de Seattle pour présenter au monde entier à quoi allaient ressembler son moteur de recherche Bing mais aussi son navigateur Internet Edge, son logiciel de travail collaboratif Teams et sa suite de bureautique Office 365 dopés à l'IA de ChatGPT. "Nous allons être les leaders de la nouvelle ère de l'IA", a lancé son patron Satya Nadella, qui espère profiter de cette technologie pour l'instant exclusive pour regagner du terrain dans le secteur de la recherche en ligne, ultra-dominé par Google.
Que va changer cette alliance technologique pour les clients de Microsoft ? Concrètement, le nouveau Bing, accessible seulement en version test pour l'instant, promet de donner des résultats plus pertinents et plus complets, avec des réponses directes aux questions des internautes, sans avoir à ouvrir les résultats suggérés, en plus des liens qui renvoient vers d'autres pages sur le web. Il embarque une version augmentée de ChatGPT - désormais connectée à Internet - qui se comporte comme un copilote intelligent, capable de créer un menu délicieux en trois plats à partir d'une liste d'ingrédients donnée, de planifier un voyage d'anniversaire, d'écrire un poème qui rime ou de déboguer un code informatique, selon les exemples mis en avant par Microsoft.
Au-delà du moteur de recherche, Microsoft entend aussi transformer Windows, sa suite bureautique Office et ses principaux services. Le processus a déjà commencé. En octobre, l'entreprise a présenté "Designer", un logiciel basé notamment sur l'IA générative d'images Dall-E, également conçue par OpenAI, pour "générer instantanément une variété de designs en faisant très peu d'efforts", selon un dirigeant du groupe.
Microsoft prévoit aussi d'intégrer Designer à Edge, son navigateur internet beaucoup moins utilisé que Chrome (Google) et Safari (Apple). Le groupe a aussi mis au point Copilot, un service payant lancé en juin 2022 pour aider les ingénieurs à générer du code informatique avec l'aide de l'IA d'OpenAI. Et depuis peu, ChatGPT a été ajouté à la plateforme professionnelle Teams pour rendre les réunions plus "intelligentes et personnalisées", avec notamment des récapitulatifs générés automatiquement à la fin des réunions en visio.
De l'avis des spécialistes américains qui ont pu l'essayer, le nouveau Bing préfigure un grand changement dans la façon dont nous interagissons avec nos ordinateurs. Il faudra juger dans les prochains mois si ces fonctionnalités intelligentes sont à même de modifier en profondeur les habitudes des internautes ou si elles sont davantage à classer du côté des tendances technologiques encore mal comprises par le grand public, comme le métavers ou le Web3.
En attendant, les grands groupes technologiques sont contraints de se positionner face à ce phénomène. Bousculé sur ses bases, Google, que l'on dit inquiet en interne, n'a pas tardé à répliquer. Signe de l'importance de l'enjeu, la firme de Mountain View n'a pas attendu les annonces de Microsoft pour occuper le terrain médiatique. Le géant de la recherche a publié dès lundi un communiqué annonçant Bard, sa réplique à ChatGPT, qui promet de faire rentrer son moteur de recherche dans une nouvelle ère en combinant "la puissance, l'intelligence et la créativité de (ses) grands modèles de langage" à la puissance de ses algorithmes de recherche. Comme si ChatGPT se connectait à Google Search.
Google a apporté un peu plus de précisions sur le fonctionnement de Bard à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Paris, à laquelle RTL a assisté, ce mercredi 8 février. Comme ChatGPT, le nouveau chatbot repose sur un modèle de langage spécialisé, baptisé LaMDA, qui lui permet d'interagir avec les utilisateurs de manière naturelle. D'après le groupe américain, Bard devrait être intégré directement à la barre de recherche Google. Il suffira de poser une question pour obtenir une réponse claire et détaillée dans un espace précédant la liste de résultats habituels. "Une nouvelle ère pour la recherche", a estimé l'entreprise de Mountain View, qui s'est toutefois montrée peu loquace sur son nouveau produit.
Comme ChatGPT, Bard propose des réponses contextuelles et personnalisées aux requêtes des utilisateurs
Crédit : RTL
Sur la défensive, Google s'est ainsi bien gardé d'annoncer une date de lancement officielle pour une version grand public de Bard, seulement disponible auprès des testeurs pour l'instant. Le groupe américain a répété qu'il le serait d'ici à quelques semaines, soulignant la responsabilité qu'il lui incombe dans la mise en avant de résultats fiables, alors que la technologie actuelle ne garantit pas des réponses justes à 100%, comme l'a souvent montré ChatGPT. En l'état, Bard serait surtout mis à contribution pour les questions qui n'appellent pas une seule réponse ("Quelle est la meilleure constellation à observer ?") plutôt qu'aux réponses directes ("Qu'est-ce qu'une constellation ?"). Google n'a pas non plus indiqué si les réponses de l'IA mentionneraient leurs sources, évoquant des discussions nécessaires avec les médias pour préserver l'écosystème. La perspective de rendre Bard payant n'a pas été tranchée non plus, même si l'option de l'abonnement parait moins probable que l'ajout de publicité à ce stade.
Soucieux de réaffirmer son leadership dans la recherche en intelligence artificielle, un secteur qu'il a investi il y a plus d'une décennie, Google a également souligné les bénéfices apportés par l'IA dans ses différents services, comme la traduction automatique, annonçant l'arrivée de la "recherche multiple" dans son application Google Lens, pour chercher directement des informations ou faire du shopping, à partir des éléments et du texte contenus dans une photo, ou encore celle de la "vue immersive" dans Google Maps, qui combine l'intelligence artificielle et la réalité augmentée pour faciliter la navigation dans les villes et à l'intérieur des lieux notables. Des évolutions déjà évoquées par le passé.
D'après la presse américaine, ces nouveautés auraient dû être présentées en mai lors de la conférence annuelle Google I/O. Mais le succès fulgurant de ChatGPT et son exploitation rapide par Microsoft ont manifestement poussé l'entreprise américaine à communiquer sur ses travaux dans l'urgence. Même s'il affirme "qu'aucun événement particulier" ne l'a poussé à faire ces annonces dès maintenant, Google n'entend pas laisser ChatGPT et Microsoft se tailler plus longtemps la part du lion dans le paysage médiatique. Au risque de bousculer son modèle économique.
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