Un look de science-fiction, un prix XXL et la promesse d'usages révolutionnaires : Apple a enfin dévoilé son masque dédiée aux réalités virtuelle et augmentée. Le géant californien a introduit le casque Vision Pro lors de la conférence d'ouverture de la WWDC 2023 ce lundi 5 juin à l'Apple Park de Cupertino. Une décennie après l'Apple Watch, la marque à la pomme se lance dans un nouveau segment du marché et promet d'entrer dans l'ère de "l'informatique spatiale" avec ce casque présenté comme un miracle d'ingénierie et vendu au tarif très élitiste de 3.499 dollars à partir de l'année prochaine aux Etats-Unis, en attendant la France.
Evoqué depuis des années par les initiés, fruit d'une décennie de développements, le Vision Pro aura la lourde tâche de rendre les concepts de réalités virtuelle et augmentée attractifs aux yeux du grand public, à défaut de les rendre plus accessibles.
Contrairement aux casques Oculus Quest 2 de Facebook - sur lequel Mark Zuckerberg a fondé le début de sa coûteuse stratégie dans le metavers - et au PlayStation VR de Sony, il ne se limite pas à la réalité virtuelle, une technologie qui a le défaut d'être excluante et fatigante car elle immerge totalement l'utilisateur dans un environnement artificiel numérique projeté à même ses yeux. Le Vision Pro permet, au moyen d'une couronne rotative, d'alterner avec une expérience moins isolante, la réalité augmentée, qui laisse apparaître l'environnement réel dans le champ de vision en y superposant simplement des éléments virtuels.
D'après Apple, le Vision Pro remédie même à la problématique de l'isolement social. Le masque devient transparent lorsqu'une autre personne s'approche, laissant apparaître une représentation animée des yeux de son propriétaire, et il peut même fournir des indications visuelles sur l'expérience qui est en train d'être consommée.
Pourquoi Apple tient-il à plonger ses clients dans un univers aux confins du virtuel ? "Mélanger les contenus numériques avec le monde réel va permettre de créer de nouvelles expériences, comme nous n'en avons jamais vues", a promis le PDG d'Apple, Tim Cook. Le géant californien est convaincu que le Vision Pro pourra changer la façon dont les gens interagissent avec les applications, mais aussi la façon dont ils capturent et revivent des souvenirs, comment ils consommer des divertissements et comment ils communiquent avec leurs proches.
Apple a évoqué plusieurs cas d'usages pour le dispositif, sans pour autant faire émerger de "killer app", à ce stade. Le Vision Pro pourra favoriser la productivité en offrant un espace de travail sans limites pour les applications au travail ou à la maison. Les applications peuvent s'intégrer dans l'espace autour de l'utilisateur, être déplacées et ajustées. Il est par exemple possible d'intégrer un clavier ou un trackpad en Bluetooth ou encore d'y adjoindre les capacités d'un Mac en projetant son écran en format 4K géant dans le plan de travail.
Le Vision Pro trouve naturellement des débouchés dans le divertissement. "Avec deux écrans ultra-haute résolution, Apple Vision Pro a la capacité de transformer n’importe quel espace en une salle de cinéma personnelle dotée d’un écran donnant l’impression de mesurer 30 mètres de large et d’un système Audio spatial avancé", assure Apple qui a déjà dégainé un partenariat exclusif avec Disney+ pour son lancement. Le groupe voit aussi un usage adapté aux jeux vidéo via sa plateforme Apple Arcade et "un support pour les manettes les plus répandues".
Le Vision Pro promet aussi d'être le compagnon idéal pour les appels FaceTime en visio avec ses proches représentés sous la forme d'avatars numériques et les sessions photos en famille. Apple parle de donner vie aux souvenirs "grâce au premier appareil photo en trois dimensions", avec des images et vidéos affichées "grandeur nature" et en Audio spatial. Et chaque photo en mode panorama pourra s'étendre et s'enrouler autour de l'utilisateur, "donnant ainsi la sensation qu'il se trouve à l'endroit où elle a été prise".
Au carrefour de ces ambitions, le Vision Pro s'appuie sur une fiche technique cinq étoiles (dernière puce Apple Silicon M2, 23 millions de pixels répartis sur 2 écrans microOLED, 12 caméras, 5 capteurs, 6 micros, alliage en fibre de carbone et verre poli, bandeau tissé en 3D) et sur un système d'exploitation "spatial" à la fois "familier et révolutionnaire", aux dires d'Apple, qui tire partie de l'espace autour de l'utilisateur pour donner une nouvelle dimension à ses applications.
La navigation s'effectue avec les yeux, les doigts et la voix au sein d'une interface en trois dimensions qui rappelle celle de l'Apple TV mais intègre les applications dans l'environnement direct du porteur du casque. Pas de manette, ni de contrôleur, donc, mais une batterie externe reliée par câble à garder dans la poche pendant l'utilisation du casque s'il n'est pas branché sur secteur. Car le Vision Pro n'est pas sans-fil, contrairement aux récents modèles de Quest 3 (Meta) ou Vive (HTC). Et son autonomie ne fera pas de miracles avec environ 2 heures annoncées.
Bon point pour le Vision Pro : on retrouve la couche de confidentialité propre aux derniers produits et services Apple, avec un système d'enclave protégée sur l'appareil, où les données relatives au suivi des yeux durant la navigation dans l'interface et celles propres à l'environnement de l'utilisateur sont chiffrées et hors d'atteinte des applications, des sites Web et des serveurs d'Apple. Un avantage concurrentiel par rapport à Meta, qui truste 80% du marché avec ses casques Oculus et dont l'approche de la réalité virtuelle, exprimée à travers le metavers, est beaucoup plus gourmande en données personnelles.
Le Vision Pro réussira-t-il à faire sortir de l'ornière le marché de la réalité virtuelle et augmentée ? Difficile de se prononcer avant de l'avoir vu à l'œuvre en conditions réelles. En attendant, rien n'est moins sûr, tant le secteur a déjà mis Facebook, Google, Microsoft, Sony ou HTC à rude épreuve, avec à peine plus de 10 millions d'unités vendues chaque année, malgré de lourds investissements en développements et marketing.
Comme avec l'iPhone en 2007 et l'Apple Watch en 2014, Apple espère susciter l'intérêt des développeurs et la convoitise du public avant d'entraîner le reste de l'industrie dans son sillage. La marque dispose de certains arguments, comme la maîtrise de la conception matérielle et logicielle du produit et son écosystème riche d'un milliard d'appareils en circulation. Mais avec un ticket d'entrée supérieur à 3.000 euros (qui pourrait avoisiner les 4.000 euros en France), le Vision Pro ne peut pas être considéré comme un produit d'appel, plutôt un produit de niche, hors de portée du grand public, premier représentant d'une nouvelle interface expérimentale visant les technophiles et les professionnels.
Le défi s'annonce d'autant plus complexe que les principaux usages de la réalité mixte restent à écrire. Et qu'il est encore loin d'être acquis que la majorité des foyers adhère à la vision d'un futur où l'informatique embarquée est aussi centrale dans les relations sociales. "Tout comme le Mac nous a fait découvrir l'informatique personnelle et l'iPhone l'informatique mobile, Apple Vision Pro nous fait découvrir l'informatique spatiale. Ce jour marque le début d’une nouvelle ère pour l’informatique", veut pourtant croire Tim Cook.
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