Le lait sans lactose est-il bon pour la santé ?

Le lactose, c’est un sucre complexe, naturellement présent dans le lait. Comme certaines personnes le digèrent mal, les industriels ont fabriqué du lait sans lactose. Pour l’obtenir, on prend du lait classique et on rajoute dedans de la lactase. C’est une enzyme digestive. Elle est déjà présente dans notre intestin grêle, mais certaines personnes en manquent. La lactase va découper le lactose en deux sucres simples, le galactose et le glucose. Le lait sans lactose, c’est donc en quelque sorte un lait "prédigéré".

Ce lait est-il meilleur pour la santé ? Non, il n’est pas meilleur. La transformation qu’il subit ne modifie pas ses valeurs nutritionnelles. Il apporte les mêmes quantités de protéines, de calcium, de vitamine D que le lait classique. Son intérêt, c’est de permettre aux personnes intolérantes au lactose de consommer du lait sans problème. Ces personnes ne produisent pas, ou plus assez de lactase. Cela pourrait concerner entre 4 et 10% de la population française.
 
L’intolérance au lactose provoque différents symptômes : des ballonnements, des flatulences, éventuellement des troubles du transit... Le lactose n’étant pas digéré au niveau de l’intestin grêle par la lactase, il va aller jusqu’au côlon et fermenter, d’où ces troubles. Mais comme le souligne le Dr Jean-Michel Lecerf, nutritionniste à l’Institut Pasteur de Lille et auteur de 40 idées fausses sur les régimes (Ed.Quae), "ils peuvent être d’intensité variable, de l’inconfort léger à une gêne importante, en fonction de son degré d’intolérance et de la quantité de lait que l’on boit". Ce n’est pas comme une allergie.

Tester son seuil de tolérance

L’intolérance au lactose n’est pas une allergie. Par conséquent, elle n’oblige pas à évincer complètement le lait de son alimentation. "On peut être intolérant au lactose et supporter le lait classique en petites quantités ou lorsqu’il est incorporé dans certaines préparations", souligne le nutritionniste. "Il y a un effet dose. Avant de prendre du lait sans lactose, on peut donc déjà tester son seuil de tolérance. Et même si on digère mal le lait, la crème ou les fromages blancs, on peut très bien supporter les yaourts, car les ferments lactiques digèrent le lactose, et les fromages affinés, comme le comté, le camembert, le bleu. Ces fromages ne contiennent, en effet, presque pas de lactose car il est éliminé pendant l’égouttage", dit-il. 

Ne pas se fier aux tests bidons

Si on n’est pas intolérant au lactose, le lait délactosé n’a pas d’avantages. Simplement, on va dépenser plus d’argent car le lait sans lactose est environ 20% plus cher. Il y a des modes. On a eu le "sans gluten", aujourd’hui, on reparle du "sans lactose". Il est aussi inutile de dépenser son argent avec des tests de dépistage des intolérances alimentaires qui s’appuient sur le dosage sanguin de certains anticorps (IgG). Pouvant être effectués en laboratoire sans ordonnance, ils sont souvent très coûteux. Cela peut aller de 30 à 500 euros selon le nombre d’aliments testés. Ils sont complètement bidons. Ils n’ont jamais démontré leur fiabilité.