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Coronavirus : ces revues médicales "prédatrices" qui publient des fausses études

De nombreuses revues médicales dites "prédatrices" diffusent des études sur le coronavirus sans vérifier la fiabilité des résultats, et proposent des coûts de publications particulièrement bas.

Le coronavirus "SARS-CoV-2" (illustration)
Crédit : Handout / National Institute of Allergy and Infectious Diseases / AFP
Isabelle Choquet - édité par Florise Vaubien
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Ce mercredi, nous plongeons dans l'univers impitoyable des revues médicales. Le magazine Society a constitué un vaste dossier et a rencontré un scientifique suisse nommé Mathieu Rebeaud qui rapporte un témoignage édifiant. Sa spécialité : la biologie moléculaire. Ce spécialiste travaille à une thèse sur les particules chaperonnes, mais il est surtout connu pour avoir réalisé une étude sur le coronavirus publiée en août dernier. 

Elle a été médiatisée jusqu'au Brésil, au Canada ou en Finlande. Fin septembre, elle avait été consultée 96.000 fois en anglais et 58.000 fois en français. Problème : c'est un gros canular. Rien que le titre prête à sourire : "Le SARS- CoV-2 était contre toute attente plus mortel que les trottinettes : l’hydroxychloroquine pourrait-elle être la seule solution ?"

Avec cette étude potache, Mathieu Rebeaud avait deux cibles : un article du Pr Didier Raoult publié en février dernier, "Coronavirus : moins de morts que par accidents de trottinette", et les revues qui publient à la chaîne des articles sur la Covid-19, sans être regardant sur la méthode employée. 

Les revues "prédatrices"

Prenons l'exemple de la revue AJMH. En juillet, le magazine sortait une étude affirmant qu'une prise préventive de chloroquine pouvait faire disparaitre la charge virale. Problème : aucun essai clinique n'a été effectué et des tests ont été réalisés sur seulement 80 patients. Par ailleurs, l'auteur demandait à l'État de laisser les soignants positifs s’auto-prescrire le traitement.

Mathieu Rebeaud a donc décidé d'envoyer son étude bidon à cette revue : il a payé 55 dollars pour publier un texte bricolé en deux jours, avec à peu près une blague par ligne. On y retrouve également des références à Batman ou encore au chien de l’Élysée. Plus grave encore, tout repose sur de fausses expériences. 

Normalement, il y a un processus de vérification qui prend des mois pour écarter ce genre de plaisanterie. Mais au bout de deux jours, AJMH contacte Rebeaud pour enclencher le processus de publication. Bien sûr, une fois le canular révélé, la revue a retiré l'article. Mais la démonstration était faite. Les scientifiques appellent ce genre de magazine des revues "prédatrices".

Les revues à souscription et les revues "open access"

Pour publier une étude, les chercheurs doivent payer les revues. Il y a deux voies : on retrouve d'abord les revues à souscription. Les plus connues sont The Lancet, Nature ou Science. 

Ces revues sont aussi les plus prestigieuses : The Lancet, par exemple, affiche un taux de refus de 95%, donc les 5% d'articles qu'elle publie sont triés sur le volet. Pour que ce soit rentable, le droit d'entrée est élevé : environ 5.000 dollars par publication. Les universités ont elles l'obligation de souscrire un abonnement onéreux.  

Mais depuis une vingtaine d'années, il y a aussi les revues "open access". Là aussi, on paye pour être publié, mais beaucoup moins cher. Comptez environ 1.200 dollars. Ensuite, les articles sont libres de droit et mis à disposition du public. Pour que ce soit rentable, il faut donc beaucoup de publications : par conséquent, on retrouve un taux de refus plus bas, entre 55% et 60%. 

La course aux publications

En d'autres termes, il y a le modèle qui repose sur la qualité, plutôt élitiste, et celui qui met la science à portée de tous pour le meilleur et pour le pire. Les revues prédatrices ont besoin de publications, alors tout est bon pour attirer les scientifiques et les proies les plus faciles sont les chercheurs qui travaillent dans les petits labos. 

À noter qu'il existe l'indice h, une sorte de "note" du chercheur dans la communauté scientifique. Elle ne repose que sur le nombre d'articles publiés et le nombre de fois où le spécialiste en question est cité. En dessous d'un certain seuil, il n'a pas accès aux bourses les plus prestigieuses.

On a donc d'un côté des scientifiques aux abois, contraints de publier pour exister, et des revues prédatrices qui doivent poster des articles en masse pour vivre et grandir. Ajoutez à cela une pandémie : même les revues de référence se prennent les pieds dans le tapis. 

Un exemple qui illustre le phénomène, c'est la revue Lancet Gate. Elle a publié une étude en apparence très sérieuse sur l'inefficacité de la chloroquine. Mais toutes les données avaient été inventées par l'un des auteurs, à l'insu des autres. 

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