L’alimentation est notre première médecine, dit-on. Est-il vrai qu’elle peut nous protéger de certains cancers ? En France, on estime que près de 20% des cancers sont attribuables à des facteurs alimentaires. Cela peut paraître étrange. Mais contrairement aux médicaments passés au crible, dont nous mesurons les effets à travers des essais cliniques, les aliments restent assez peu étudiés.
Ce dont on est sûr, c’est qu’une alimentation variée qui permet de garder un poids sain, est bénéfique. Le surpoids est, en effet, associé à un risque accru de 14 localisations de cancer : par exemple, le cancer du sein après la ménopause, le cancer du côlon, du foie, de l’endomètre et de l’ovaire.
C’est aussi prouvé : il est bénéfique de limiter les aliments trop transformés, le sel et les aliments salés, les viandes rouges et les charcuteries. Il est également recommandé d’éviter les boissons sucrées et de boire le moins d’alcool possible.
Pour réduire le risque, il est conseillé de manger beaucoup de végétaux. Des fruits et des légumes variés, au moins cinq portions par jour. Des céréales complètes, pâtes, riz, ou pains complets, au moins une fois par jour. Et des légumes secs - lentilles, haricots, pois… - deux fois par semaine.
Les végétaux sont protecteurs parce qu’ils contiennent des fibres bénéfiques. Ils sont également riches en vitamines, minéraux, polyphénols… qui s’opposent à la cancérogenèse.
Les céréales complètes contribuent surtout à la baisse du cancer colorectal. Tout comme les produits laitiers d’ailleurs. Les fruits et les légumes - sous toutes les formes sauf sous forme de jus, pauvres en fibres - réduisent le risque de plusieurs cancers : les cancers ORL, du poumon, et digestifs.
Des aliments comme le chou kale, les baies de Goji, la grenade ont la réputation d'être superprotecteurs. Ils sont présentés comme des super aliments car ils sont très riches en vitamines, minéraux et antioxydants.
Ces aliments dont on vante les bienfaits sont souvent exotiques, comme si leur origine lointaine leur conférait plus de pouvoirs. Cela repose plus sur du marketing que sur la science. On trouve des fruits et des légumes locaux qui ont un profil nutritionnel aussi intéressant : le cassis, la mûre, l’ail, la tomate, la pomme, par exemple.
De toute façon, quelle que soit son origine, aucun aliment n’a le pouvoir à lui seul de contrer le cancer. Tout miser sur quelques aliments n’est pas un bon calcul. C’est l’alimentation dans son ensemble qui compte.
Et qu’en est-il de régimes sans sucre ou du jeûne censés aider à guérir du cancer ? Manger trop sucré n’est pas bon, cela expose au surpoids qui favorise plusieurs cancers. Mais extrapoler en disant que le cancer a besoin de sucre pour se développer, et qu’on peut l’affamer en arrêtant de manger du sucre est un raccourci simpliste. Se priver de sucre et de glucides ou carrément jeûner ne freine pas la progression tumorale. Pour l’instant, aucune étude ne l’a prouvé chez l’homme. Au contraire, cela peut affaiblir et dénutrir l’organisme.
Avant de se lancer dans n’importe quel régime à la mode, il est important, si on est malade, de voir avec son médecin quels sont ses besoins spécifiques. L’alimentation est complexe, et c’est jouer cruellement avec les émotions des patients que de faire la promotion d’aliments ou de régimes sans preuves suffisantes de leur efficacité.
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