En Direct
3 min de lecture
Alimentation : faut-il croire au nouveau Nutri-Score ?
Mac Lesggy se penche sur le nouveau Nutri-Score, qui fait réagir les fabricants d’aliments. La règle de calcul va changer en 2024.
Un homme dans un supermarché de Toulouse, le 4 septembre 2023.
Crédit : Charly TRIBALLEAU / AFP
La règle de calcul du Nutri-Score va changer en 2024. Et elle fait réagir les fabricants d’aliments.
Le calcul change pour évaluer chaque aliment, et lui mettre vous le savez qui va de A à E ; alors le nouveau calcul a été défini depuis des mois en 2022 et juin 2023 mais il entre en vigueur cette fin d’année pour l’évaluation des nouveaux produits. Les produits déjà évalués ont un an pour mettre leurs emballages en conformité avec le nouveau calcul… qui est nettement plus sévère que le précédent.
Mais pourquoi changer le calcul, le précédent n’était pas bon ? On peut en effet se poser la question ! Pour ces concepteurs, il fallait faire évoluer le calcul pour mieux prendre en compte plusieurs paramètres.
Les aliments riches en sucres ajoutés vont baisser
D’abord le sucre ajouté aux aliments. Auparavant, le calcul ne différenciait pas les sucres, par exemple, le glucose des céréales, et le sucre ajouté, le saccharose de la betterave et de la canne à sucre, ou le fructose des fruits. Hors ces deux derniers ont un impact plus élevé sur le risque de diabète ou de maladies coronariennes.
Donc les aliments riches en sucres ajoutés vont baisser dans le classement Nutri-Score ! Oui ! Deuxième exemple, les fibres ! Elles n’étaient pas prises en compte dans le calcul.
Pour rappel, les fibres c’est par exemple l’enveloppe du grain de blé, on va les trouver dans les céréales complètes pour le petit déjeuner, le pan ou le riz complet.
Le poids des fibres est renforcé
Ces fibres on ne les digère pas ou très mal. C’est ça le paradoxe, car elles nous sont très utiles. D’abord dans le tube digestif, elles sont la nourriture favorite de nos bactéries intestinales, ce qu’on appelle le microbiote, qui est on le sait désormais un allié précieux de notre santé. Ensuite, elles se lient au cholestérol et l’empêche de traverser la paroi intestinale. Et elles ralentissent aussi la digestion des glucides, des sucres dans le sang, évitant là encore les pics de glycémie.
Les aliments riches en fibres vont monter dans le classement. Le poids des fibres est renforcé dans le nouveau Nutri-Score !
Mais c’est quand même bizarre, comment expliquer à tous ceux qui ont acheté des aliments notés A par le Nutri-Score que désormais ce seront des aliments B ou C, donc moins bons pour notre santé ? Le Nutriscore était faux ?
Le Nutri-Score, pas une mesure absolue de la valeur des aliments
C’est une excellente question, et c’est vrai que le gros tiers des Français qui regarde le Nutri-Score avant d’acheter peut se poser la question. Alors les concepteurs du Nutri-Score vont vous répondre que la science a progressé, que l’on connait mieux les effets du sucre ou des fibres qu’en 2017, année de lancement du Nutri-Score.
Mais je crois surtout qu’il ne faut pas voir le Nutri-Score comme une mesure absolue de la valeur des aliments, contrairement à ce que l’on croit souvent, mais une mesure relative, et cela ça change tout.
Expliquez-nous ?
Concrètement, un aliment noté A n’est pas un aliment très bon pour notre santé, et un aliment B ou C juste bon. Le but du Nutri-Score n’est pas de vous pousser à n’acheter que des aliments notés A ou B, mais bien, lorsque vous achetez un aliment, qu’il s’agisse d’un plat préparé, d’un morceau de viande, ou d’un paquet de biscuit, de vous permettre de choisir éventuellement entre celui noté A, et celui noté B, ou C ou D.
On peut continuer à consommer de tout, même des produits qui ne sont pas notés A ?
Évidemment ! Prenons les corps gras, notre corps en a besoin en petite quantité, mais ils sont indispensables. Alors on y va plus sur les huiles notées B, les meilleurs du classement, comme les huiles d’olive ou de colza, et on se modère sur l’huile d’arachide, notée C ou le beurre évidemment D ou E.
Le Nutriscore est une échelle relative et de ce point de vue-là, le nouveau calcul ne change pas beaucoup.
Et si, au global, il incite encore l’agro-alimentaire à diminuer les sucres ajoutés, les graisses saturées, le sel et à augmenter les fibres dans leurs produits c’est notre santé qui y gagnera !