La crainte que les nouveaux vaccins à ARN-m modifient notre ADN est devenue l’une des intox les plus récurrentes sur les réseaux sociaux. L'ARN-m est une technologie scientifique qui interroge. Utilisée par les laboratoires Pfizer et Moderna, cette méthode ne relève pas d'un vaccin classique.
D'habitude, on injecte dans l’organisme des bouts de virus inactivés ou une de ses protéines afin de déclencher une réaction du système immunitaire qui va se défendre en fabriquant des anticorps. Cette fois, on injecte des brins d’instruction génétique appelés ARN messagers qui fournissent aux cellules une sorte de mode d’emploi pour fabriquer des petits morceaux de virus inoffensifs. Une fois créées, les protéines vont ensuite être détectées par le système immunitaire et vont lui permettre de s’entraîner à détruire le virus.
Et là confusion, entre ARN-m et ADN : nombreux sont ceux qui pensent que l'ARN-m va modifier nos cellules et faire de nous des mutants. Mais non, nous ne deviendrons pas des OGM ! Si beaucoup de scientifiques ont démonté cette théorie, le monde des blouses blanches a toutefois ses brebis noires. Certains dénoncent que l'ARN-m puisse apporter des modifications de notre système génétique.
Il convient de noter que non seulement l'ARN-m ne rentre pas dans le noyau des cellules, où se trouve notre ADN, mais même si c'était le cas, il ne pourrait pas interagir avec notre code génétique à moins d’être transformé en ADN. Or, il n’y a pas de système qui permette de faire cette opération dans les cellules humaines, explique au Figaro le Professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor à Créteil.
À l’inverse, Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches et star du blockbuster complotiste Hold-Up, évoque une transformation de l'ADN dans une publication Facebook. D'après lui, le vaccin pourrait transmettre ces modifications génétiques à nos enfants en modifiant nos spermatozoïdes. De la science-fiction pour les experts car l'ARN-m ne peut pas modifier le génome.
Certains politiques sèment également le doute : lundi 7 décembre sur franceinfo, le vice-président du Rassemblement national, Jordan Bardella, ne s’est pas dit anti-vaccin mais inquiet face à la technologie ARN-m qui selon lui n’aurait pas été testée sur l’homme. Là aussi, c’est faux puisque le vaccin Pfizer a été testé sur plus de 40.000 personnes. Les vaccins à ARN-m ne modifient pas l'ADN mais pour certains, ils modifient la réalité.