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"Une perte de contrôle totale" : Sébastien Lecornu commence à envisager un rejet ou un retard dans l'adoption du budget de la Sécu

Tandis que les discussions sur le volet "recettes" du budget se rapprochent du moment du vote à l'Assemblée, Sébastien Lecornu a demandé au directeur de la Sécurité sociale "une note d'analyse" sur les conséquences d'une absence ou d'un retard de budget.

Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale le 3 décembre 2025

Crédit : Bertrand GUAY / AFP

Marie-Pierre Haddad

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Sébastien Lecornu qui croyait tant en la possibilité d'un compris sur le budget, commence à envisager, ce qui selon lui, s'apparente au scénario du pire. Selon un document de BFMTV dévoilé ce jeudi 4 décembre, le Premier ministre a pour la première fois demandé une "note d'analyse" sur les conséquences d'un "retard ou d'un défaut d'adoption du projet de loi de finanace de la Sécurité sociale pour 2026". 
Dans un courrier daté du 2 décembre, le chef du gouvernement a ainsi demandé à Pierre Pribile, le directeur de la Sécurité sociale, de lui transmettre "l'ensemble" des scénarios des "conséquences" opérationnelles, juridiques ou financières. 

Actuellement examiné en deuxième lecture, l'adoption de ce texte s'annonce périlleuse, à commencer par son volet recettes. Face au députés ce jeudi, Sébastien Lecornu a confirmé avoir sollicité le directeur de la Sécurité sociale et a tiré la sonette d'alarme. "On est en train de faire comme avant, de se dire qu'à la fin de le gouvernement pourra traiter ça avec un 49.3", a-t-il dénoncé.

Selon le Premier ministre, "l'abscence de vote sur le PLFSS serait inédit" et aurait pour conséquence "une perte de contrôle totale du pilotage de la Sécurité sociale". Dans l'hypothèse où aucun budget n'est voté, le locataire de Matignon a estimé à  un déficit pour la Sécurité sociale de "29 à 30 milliards d'euros l'an prochain"

"Vous ne souhaitez être responsables de rien"

"Est-ce qu'il y a un schéma dans lequel nous pouvons nous permettre qu'il n'y ait pas de projet de loi de finances pour la Sécurité sociale ? La réponse est non", a-t-il martelé. Le Premier ministre a rappelé sa volonté de ne pas reccourir à l'article 49.3 de la Constitution et a une nouvelle fois rappelé les députés à leurs responsabilités. "Vous ne souhaitez être responsables de rien. Vous aurez préféré que j'engage la responsabilité du gouvernement mais je vais engager votre propre responsabilité", a-t-il lancé aux élus. 

Quelques jours plus tôt, le chef du gouvernement amorçait un durcissement de ton vis-à-vis des élus. "Ils sont là pour rassurer les Français sur le fait qu'il y aura bien un budget pour la Sécurité sociale dans les temps. Moi, je ne suis pas un papa qui est là pour rassurer ou inquiéter les gens. À un moment donné, chacun doit faire son job. Je vais faire le mien pour que cette deuxième lecture, la dernière ligne droite, permette d'avoir un compromis", expliquait-il le 1er décembre.

Resserrer les rangs dans le socle commun

Si Sébastien Lecornu avait retrouvé de légères couleurs après avoir reçu à Matignon le Parti socialiste qui entrouvait la voie à un possible compromis, ses espoirs ont vite été douchés par Édouard Philippe. Lors d'un bureau politique de Horizons, le candidat à l'élection présidentielle de 2027 a estimé qu'en l'état ses 34 députés ne pouvaient "pas voter pour". 

Signe de l'urgence d'aboutir à un compromis tant avec le Parti socialiste qu'avec le socle commun, Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres, ce jeudi, avec la CGT et la CFDT pour "consacrer sa journée aux débats parlementaires" et multiplier les discussions avec les députés du parti d'Édouard Philippe. 

Invité de RTL, le président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée, Gabriel Attal, a fustigé l'attitude de l'ancien premier ministre. "L'absence de 49.3 aura eu un mérite dans les débats politiques, c'est que ça a agi comme un détecteur de mensonges", a-t-il expliqué. "On a vu la vraie position des uns et des autres. Le Rassemblement national, quand ils viennent à votre micro, vous expliquez qu'ils sont contre les impôts, mais qu'ils votent 34 milliards d'euros d'impôts en plus sur les Français et sur les entreprises", a-t-il aussi dénoncé. 

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