Alors que l’Assemblée nationale a commencé mercredi soir l’examen du projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal, de nombreux élus ont fait savoir qu’ils étaient ces derniers jours la cible de menaces. Des menaces de mort parfois très violentes et ciblées.
Alors, on parle essentiellement de menaces envoyées par mail sur les adresses professionnelles des députés, accessibles en un clic sur internet. Dans ces mails, on retrouve des menaces très violentes. Je vous permets de vous en lire quelques extraits pour que vous vous fassiez une idée. Vous allez comprendre que tous sont en lien avec le passe sanitaire : "Tu seras décapité sur la voie publique, ton sang viendra tâcher le goudron", peut-on lire dans un de ces mails. "La dictature sanitaire, c'était la goutte d’eau". Et puis il y a cet autre message, envoyé à une cinquantaine de députés mardi soir : "Coup de couteau, lance-roquette, peu importe comment on te tuera".
Le tout avec en pièce jointe l’adresse personnelle du domicile de tous les députés concernés. J’ai vu ces mails, j’ai vu cette liste. Elle fait clairement froid dans le dos. Et puis il y en a même certains qui sont passé à l’acte. Le député de la majorité Pascal Bois, lui hier, s’est réveillé avec son garage qui avait été incendié par des anti-passe.
Ce n'est pas complètement nouveau. Ça avait déjà commencé avec la crise des "gilets jaunes". Mais très clairement il y a un "avant" et un "après" passe sanitaire pour tous les députés avec qui j’ai pu échanger hier. "À chaque fois qu’on commence à annoncer des mesures autour de la Covid-19, on prend une salve de menaces", me dit une élue de la République en Marche.
"À chaque nouveau texte ça recommence", me dit un autre. Avec l’impression pour beaucoup d’une série noire qui n’en finit pas. D’ailleurs, il n'y a pas que les députés qui sont touchés. C’est le cas de tous les élus. Selon un décompte auquel a pu avoir accès RTL, fin novembre, le Ministère de l’Intérieur avait essence pas moins de 1.127 agressions ou menaces. Ce qui représente une hausse de 80% par rapport à l’année précédente.
Sur le fait de parler publiquement de ces menaces, il y a plusieurs écoles. Hier j’ai échangé avec une députée qui a reçu ces menaces, elle veut rester anonyme pour ne pas inquiéter ses proches. Parce que son adresse fait partie de cette liste : "pour moi la priorité est de préserver ma famille", me dit-elle, donc elle n’a pas porté plainte. D’autres décident de témoigner. C’est le cas de Pascal Bois qui a vu son garage incendié, ou encore de Bertrand Sorre, un député de la République en Marche de la Manche. Lui, avoue même avoir peur. "Parfois je me retourne dans la rue quand j’entends un bruit ou je me réveille la nuit" me disait-il hier.
Il a porté plainte, mais ce n’est pas toujours suivi d’effet. Hier on a échangé avec un député qui en est à sa 23ème plaintes. Et il dit qu’il n’y a jamais eu de poursuites ou alors des poursuites "ridicules". Il va même plus loin. "Du côté des magistrats, on attend un drame, j'imagine". Même inquiétude d’un autre député qui craint qu’un jour un parlementaire se fasse assassiner, comme ce fut le cas il y a quelques mois en Angleterre.
Il faut savoir que les députés n'ont pas de protection policière permanente, comme c'est le cas des ministres par exemple ou de certains candidats à l'élection présidentielle. En revanche la police ou la gendarmerie peut décider ponctuellement d'une protection. Et selon un document qu'a pu consulter RTL, hier soir le Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé de renforcer encore cette surveillance.
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