"Cas par cas", "pas une voix au Rassemblement national", "un front républicain" contre la gauche. Le sujet des consignes de vote à l'heure de la campagne de l'entre-deux-tours pour les législatives s'est transformé en obstacle pour la majorité présidentielle.
En moins de 24 heures, le gouvernement a viré de bord, passant d'un non-sujet qui doit être traité au niveau local, à une consigne martelée de faire barrage à l'extrême droite. Une décision qui a de quoi faire tourner les têtes et qui n'est pas appliquée par tous au sein de la macronie.
A commencer par Roxana Maracineanu. Candidate de la majorité présidentielle, l'ancienne ministre des Sports est arrivée deuxième, derrière la candidate de la Nupes Rachel Keke. Sur Twitter, l'ex-membre du gouvernement dans le précédent quinquennat a appelé à "faire barrage" à travers la mise en place d'un "front républicain contre l’extrême gauche". Mais quelle est la définition du "front républicain" pour Emmanuel Macron ?
Joint par RTL.fr, le politologue Bruno Cautrès que "dans la vie politique récente, le front républicain a surtout été utilisé pour gérer la question du Front national et de la théorie du cordon sanitaire à l’époque où Jean-Marie Le Pen est le leader du FN et condamné en justice".
Concrètement, cela signifie que "quelle que soit la tendance politique, les formations politiques partagent en commun une défense des valeurs républicaines, ajoute le politologue et la volonté de pousser dans un coin le FN de l’époque. Selon eux, il n’incarne pas les valeurs républicaines", indique Bruno Cautrès. Résultat : "On appelle à voter pour un candidat qui n'est pas de sa famille mais qui partage les valeurs républicaines". Si la définition semble limpide sur le papier, dans la réalité son application est tout autre.
Ce sujet est devenu hautement politique. "Le front républicain a longtemps embarrassé la droite à l’époque du RPR et de l’UMP. Elle n'était pas à l'aise avec cette question parce que ces anciens électeurs sont devenus les nouveaux du FN. Cela a mis au supplice chinois ceux qui le vivaient comme injonction à choisir leur camp", explique le politologue.
De retour en 2022. Emmanuel Macron a pris personnellement en charge le sujet de la consigne de vote dès le 12 juin au soir. Selon Franceinfo qui cite un proche du président de la République, "il ne faut pas croire que la première ligne n'était pas arbitrée". Mais face aux vives critiques d'absence de consigne de vote, Emmanuel Macron reprend le dossier et adapte la ligne. Un pilotage "pour le moins flottant", s'agace un porte-parole cité par Franceinfo.
A regarder les soutiens d'Emmanuel Macron, on observe aussi cette ligne à géométrie variable. Dans les colonnes du Figaro, Edouard Philippe revisite à sa façon le front républicain et ressuscite le "ni-ni", un temps employé par la droite. "La France ne gagne jamais quand elle s’abandonne à l’extrême droite", a indiqué l'ancien premier ministre.
"Je continue à croire au front républicain. Voter RN m’est impossible (...) Mais je ne peux appeler à voter pour un candidat Insoumis qui s’inscrirait en dehors de l’idéal républicain tel que je le porte. Où se trouve la République quand on casse du flic, qu’on veut abattre nos institutions et qu’on s’entoure de leaders étrangers notoirement antisémites? J’ai du mal à la trouver. Pour qu’il y ait un front entre républicains, il faut qu’il y ait plusieurs républicains".
Côté gouvernement, un ministre nous l'assure : "Pas une voix ne doit aller à l'extrême droite". Reprenant ainsi la position de La République En Marche et celle de l'exécutif annoncé par Olivia Grégoire.
Mon vote sera donc blanc
Alexandrine Pintus, candidate LaREM éliminée dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais
Mais cette règle n'est pas appliquée de tous. La candidate LaREM Alexandrine Pintus, battue dès le premier tour dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, a appelé à voter blanc dans le duel opposant Marine Le Pen (RN) et Marine Tondelier (Nupes). "Je ne me rendrai jamais, je ferai mon devoir démocratique dimanche prochain et j'invite l'ensemble des électeurs à faire de même, le choix est entre les extrêmes et le vote blanc. Mon vote sera donc blanc", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Emmanuel Macron a décidé de prendre la parole. Le président de la République a pris la parole, ce mardi 14 juin, "Quelques jours avant le second tour des élections législatives et avant de quitter le sol national, je tenais à m'adresser à vous car il s'agit d'un moment historique et nous vivons des temps historiques (...) Le choix que vous aurez à faire ce dimanche 19 juin est plus crucial que jamais (...) Mais vous avez été plus nombreux encore à faire part de vos doutes, vos angoisses, vos peurs, soit en vous abstenant, soit en choisissant d'autres candidats", a indiqué Emmanuel Macron.
Le chef de l'Etat a poursuivi sa déclaration. "J'entends les inquiétudes et les difficultés qui se sont exprimées et je respecte chaque voix, chaque sensibilité, a-t-il ajouté. Mais parce qu'il en va de l'intérêt supérieur de la nation, je veux aujourd'hui vous convaincre de donner dimanche une majorité solide au pays (...) Mes chers compatriotes, vous l'avez compris, nous sommes à l'heure des choix et les grands choix ne se font jamais par l'abstention. J'en appelle donc à votre bon sens et au sursaut républicain. Ni abstention, ni confusion, mais clarification. Dimanche, aucune voix ne doit manquer à la République". Pas question donc de prendre position.
Mais le front républicain, version Macron, a évolué. La macronie veut lutter contre "les extrêmes". L'ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu a appelé à mettre en place un "front républicain" contre "l'extrême gauche". Une évolution donc de la stratégie qui concernait en son temps uniquement le Front national.
Bruno Cautrès explique cela en indiquant qu'il y a une vieille théorie depuis plusieurs décennies dans notre vie politique selon laquelle les deux extrêmes se ressemblent. Ce qui est faux. Ils n'ont pas la même sociologie et pas la même idéologie".
Cependant, le politologue estime que cette "idée a repris une certaine vitalité pour le parti d'Emmanuel Macron qui se voit comme une force centrale et centriste. Donc tout ce qui n’est pas dans cette univers est repoussé vers les extrêmes".
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