"Le président est très agacé par son inertie" : la politique à la sauce béarnaise de François Bayrou, "roi fainéant" à Matignon, crispe la Macronie

Dans "Le monde en marche", William Galibert revient mardi 17 juin sur le long récit du Nouvel Obs à propos du début de mandat du Premier ministre, qui brillerait surtout par sa capacité à ne pas agir.

François Bayrou, mercredi 28 mai.

Crédit : Thibaud MORITZ / AFP

François Bayrou, l'homme qui ne faisait presque rien

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François Bayrou voulait Matignon et il a Matignon, mais depuis… rien. Au sommet de l'État, l'inertie du Premier ministre interroge de plus en plus, selon un grand récit du Nouvel Obs sur ses six premiers mois à la tête du gouvernement, dans lequel il se voit qualifié de "roi fainéant".

Selon le média, le maire de Pau est adepte des réunions sans ordre du jour, des décisions sans échéance ou des échéances sans décision... Son agenda reste un mystère et Emmanuel Macron s'étonnerait même qu'il soit "si peu rempli". En clair, François Bayrou règne, observe, pense et attend. "C'est sûr, ce n'est pas le Matignon hyper carré et hyper rangé que j'avais tenté de piloter", souffle même en privé sa prédécesseure Élisabeth Borne d'après le magazine.

Fin mars, un épisode à l'Élysée aurait particulièrement marqué. Alors qu'il a réuni un carré de ministres pour débriefer un échange avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, en pleine crise diplomatique, le chef de l'État évoque une porte qui s'est "entrouverte" dans le dialogue. Réponse du Premier ministre inspiré ? "Si elle est entrouverte, alors il faut l'ouvrir", rapporte le Nouvel Obs, à qui un proche d'Emmanuel Macron souffle que "le président est très agacé par son inertie".

Juste avant, il aurait simplement demandé : "Comment vous avez trouvé le président Tebboune ?", alors que le moment est grave, sachant que l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal est en prison.

Des gaffes et un "style" déconnecté

Selon différentes sources du magazine, les gaffes ne sont d'ailleurs pas rares : François Bayrou peut par exemple croiser une ancienne ministre d'Emmanuel Macron sans la reconnaître, puis ne pas identifier le milliardaire Rodolphe Saadé autour de la table lors d'un déjeuner.

Pendant ce temps, la pile des dossiers sur son bureau continuerait de grimper. Quid des déplacements ? Il n'en fait pas, ou peu, ou à Pau. Ce n'est pas à 74 ans qu'il va changer ses habitudes. Pour sa défense, on peut dire que les moyens d'action de François Bayrou sont aujourd'hui très limités après la dissolution.

Mais "le style Bayrou", comme l'appellent ses partisans, fait de lenteurs, d'introspection et de dîner entre centristes avec un petit verre de rouge à la main, apparaît déconnecté de l'époque. Si bien que les jeunes loups, comme Gabriel Attal, moqueraient cette politique à la sauce béarnaise. Pour autant, L'Obs écrit : "François Bayrou garde bon espoir qu'avant la mi-juillet, à l'heure des vacances parlementaires, son action trouve enfin un début de cohérence et que les Français le créditeront de quelques avancées".

L'Élysée voulait un peu de stabilité, au moins elle existe. François Bayrou, c'est tout l'inverse du style Macron, mais c'est probablement pour ça qu'il a toujours le job.

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