L'image de la police, marquée par les affaires de violence et de racisme, s'est dégradée auprès d'une partie de la population sous le mandat d'Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre du Cevipof. Le directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), Jacques de Maillard, affirme que " "le quinquennat a été marqué par des crises importantes sur deux facettes essentielles du travail policier : le maintien de l'ordre, avec une utilisation excessive de la force pendant les 'gilets jaunes', et la police du quotidien, avec les affaires de racisme et d'interpellations violentes, comme l'affaire Zecler".
À première vue, d'après le sondage du Cevipof, une très large majorité des Français apprécie la police. En janvier, leur niveau de confiance dans l'institution semble stable : il a été mesuré à 72% soit 1% de moins qu'au début du quinquennat.
Beaucoup reconnaissent que la police n'a pas suffisamment de moyens, et 75% des Français estiment qu'elle n'est pas suffisamment reconnue pour son dévouement.
Mais la défiance des Français envers la police a chuté après le mouvement des gilets jaunes, lancé en novembre 2018. Le niveau de confiance en l'institution policière est passé de 74% fin 2018 à 66% en février 2020.
Cela dit, selon le Cevipof, sur les trois dernières années, seul un Français sur cinq a déclaré avoir été en contact avec la police. La défiance ne viendrait donc pas de leur expérience mais de la perception qu'ils font des forces de l'ordre. Il faudrait donc revoir l'image de la police.
Autre constat : la fin du mandat d'Emmanuel Macron a été marquée par un décrochage important de la confiance des jeunes de 18-24 ans envers la police, surtout en région parisienne. D'après une note de recherche du Cevipof en mars 2021, 70% d'entre eux expriment une "défiance" vis-à-vis des forces de l'ordre.
Une haute responsable policière a confié à l'AFP que les "gilets jaunes [...] ont été un moment déterminant, que l’on ressent toujours aujourd’hui".
"Désormais, Monsieur ou Madame Tout-le-Monde vient contester l’intervention de la police, ce qui n’était pas le cas avant" a-t-elle déclaré à l'AFP. Il existe "un vrai sujet d’image" et "un besoin de travailler sur notre identité" de policiers, a-t-elle reconnu.
Dès lors, le brigadier Christophe Korell et co-fondateur de l'Agora des Citoyens, de la Police et de la Justice (ACPJ) affirme que "la police a pris le parti de travailler sur la communication, de faire un compte Snapchat, Instagram pour changer cette perception". Mais il rappelle néanmoins qu'il ne faut pas oublier que "certains jeunes n’ont pas que des perceptions, mais aussi du vécu négatif et réel".
Le brigadier a assuré qu'ils essayaient "de planter des graines chez ces jeunes, pour qu'ils se souviennent un jour qu'ils ont discuté avec des flics, qu'ils ne sont pas tous pourris, violents".
Que ce soit des policiers, des chercheurs ou des membres d'associations, tout le monde fait le même constat : la police est une institution "recroquevillée", "refermée sur elle-même" et "imperméable à l’extérieur".
Dès lors, quand ils veulent trouver des interlocuteurs pour aborder des sujets "qui fâchent" comme les contrôles au faciès ou les violences, Jérôme Disle, directeur général d'Espoir 18, une association de la Goutte d'or à Paris, déplore qu'ils ont "du mal à [en] trouver".
Les affaires de violence et de racisme au sein de la police avaient poussé Emmanuel Macron a ouvrir le "Beauvau de la sécurité" , une concertation nationale inédite sur la police, et a faire adopter la loi de sécurité globale pour réformer la sécurité des français. Ces réformes n'ont cependant pas eu l'effet escompté et gardent un goût d'inachevé.
De la même manière, les effets attendus de la police de sécurité du quotidien (PSQ) restent aujourd'hui très limités. La PSQ, une "police sur-mesure", "ancrée dans les territoires", était une promesse de Macron en 2017 pour renforcer le lien police-population. La réforme a souffert d'un "manque d'animation" au plus haut niveau et les personnes chargées de son déploiement "n'avaient pas le sentiment de piloter un chantier prioritaire pour le gouvernement" selon les chercheurs Mathieu Zagrodzki et Thierry Delpeuch.
Après la crise des gilets jaunes, la PSQ a terriblement souffert de la crise sanitaire. À cause du Covid-19, les forces de l'ordre ne pouvaient "plus organiser de réunions de quartiers et ça, ça manque terriblement" puisque c'était "la meilleure façon d'aller chercher les infos, d'avoir un contact direct et expliquer nos interventions" a affirmé Eric Heip, patron de la sécurité publique de l'Oise, à l'AFP.
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