Jordan Bardella en Israël : la visite du président du RN est-elle choquante ?
La visite de Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), en Israël pour une conférence sur l'antisémitisme suscite des réactions mitigées. Entre soutien et indignation, cette visite met en lumière les tensions autour de la lutte contre l'antisémitisme et les alliances politiques. Boaz Bismuth, député israélien du Likoud et soutien de Benjamin Netanyahu débat contre l'avocat Patrick Klugman.
Jordan Bardella a entamé ce mercredi 26 mars une visite sans précédent pour sa formation politique en Israël afin d'assister à une conférence sur la lutte contre l'antisémitisme, à l'invitation du gouvernement israélien.
Le président du parti français d'extrême droite Rassemblement national (RN) s'est notamment rendu sur les lieux du massacre du festival Nova, où plus de 370 personnes ont été tuées le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas dans le sud israélien. Affirmant qu'Israël et la France avaient "les mêmes adversaires", établissant un parallèle entre cette attaque et les attentats jihadistes du 13 novembre 2015 en France (130 morts au Stade de France, au Bataclan et sur des terrasses).
Jeudi, Jordan Bardella doit prendre la parole lors d'une grande conférence sur l'antisémitisme, aux côtés d'autres représentants de l'extrême droite européenne. Son invitation a suscité des réactions en Israël et parmi d'autres invités internationaux à l'évènement, dont l'intellectuel français, Bernard-Henri Lévy, qui a annulé sa venue.
Sur RTL, Boaz Bismuth, député israélien du Likoud et soutien de Benjamin Netanyahu, a exprimé son approbation, affirmant que le RN "a évolué" depuis l'époque du Front national (FN). Selon lui, ce parti "s'est nettoyé". "Si Jordan Bardella venait du FN, je le dirais différemment, parce que j'étais correspondant à Paris avant d'être un homme politique. J'étais invité au congrès national du FN en 1997 à Strasbourg, j'y suis resté exactement sept minutes. Ce n'était pas ma place, c'était à vomir."
Depuis, le RN "a fait son nettoyage". Pour lui, "le monde a changé, les partis aussi. Jordan Bardella arrive en tant qu'ami." Assurant que "les vrais ennemis d'Israël sont l'extrême gauche (il a précisément visé LFI, alors que ce parti est classé par le Conseil d'état dans le bloc de "la gauche" de l’échiquier politique français) et les islamistes".
"Monsieur Bardella n'a jamais rien fait de sa vie contre l'antisémitisme"
En revanche, l'invitation du président du RN à cette grande conférence sur l'antisémitisme a provoqué sur RTL l'indignation de Patrick Klugman. L'avocat et coordinateur du collectif Freethem s'est dit "choqué et attristé". "Tous les Juifs de France sont choqués. Tous les responsables de la communauté juive de France sont choqués, et ils ne sont pas de gauche. Le président du Crif n'est pas de gauche. Il est choqué par cette invitation, non pas parce qu'il serait de gauche, mais parce qu'on confond tout. On confond une réunion politique des extrêmes droites avec un rassemblement international contre l'antisémitisme."
"Tout est mélangé et confondu", a-t-il ajouté. "Monsieur Bardella n'a jamais rien fait de sa vie contre l'antisémitisme et a été incapable de dire que Jean-Marie Le Pen était antisémite."
Pour Patrick Klugman, le RN se sert, en France, de la question de l'antisémitisme "comme d'un marchepied pour accéder au pouvoir". Et de conclure : "Ce parti instrumentalise cette lutte. Les juifs de France ont décidé de ne pas se laisser instrumentaliser. Nous affrontons la situation la plus dure de notre histoire sur l'antisémitisme. Ce qui ne nous empêche pas, en même temps, d'affronter l'antisionisme crétin et assassin."
