Il y a un joli paradoxe qui mérite d’être relevé dans cette élection présidentielle. Ceux qui ont mené les campagnes les plus actives, les plus originales et même les plus intrusives dans le monde numérique, n’en ont pas été récompensés. Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon ont été éliminés au premier tour. À l’inverse, Emmanuel Macron comme Marine Le Pen, n’ont déployé ni énergie ni talent sur les réseaux sociaux. D’où cette question : est-ce qu’une campagne numérique réussie rapporte vraiment des voix ?
C’est comme confondre le nombre de personnes dans les meetings et l’engouement des électeurs. C’est confondre la masse et le fan club. Les réseaux sociaux sont une bonne mesure de l’activité militante avec ses excès comme son ingéniosité. La radicalité y est reine. Mais cela ne préjuge en rien d’un score électoral, ce ne sont pas des sondages. Pour celui qui est tombé dans la bulle zemmouriste ou la bulle mélenchoniste, la puissance numérique a pu leur donner l’impression que leur champion allait gagner.
C’est normal et d’autant plus décevant pour eux au moment du résultat. Avec ces bulles, vous ne voyez plus que des vidéos de votre champion et des messages de gens d’accord avec vous. Cela gonfle le sentiment de participer à une croisade victorieuse. Un phénomène encore renforcé par les messageries. À côté des Twitter, Youtube ou Facebook, il y a encore plus restreint, les boucles sur les messageries Telegram, Whatsapp ou Discord... De quoi vous enfermer dans vos certitudes et dans l’illusion du grand soir.
Les autres candidats n’ont pas déserté mais ont été bien moins performants. Les équipes numériques du journal Le Monde ont inventé un outil maison de mesure d’audience : le nombre de vidéo, leur durée, leur nombre de spectateurs sur différents sites et plateformes comme YouTube ou Twitch.
Durant toute cette campagne jusqu’au second tour inclus, Jean-Luc Mélenchon a totalisé 14 millions de vues, Éric Zemmour 13 millions, 12 millions pour Emmanuel Macron, 11 millions pour Marine Le Pen. Les finalistes n’ont pas été les plus regardés. Ces réseaux sociaux permettent de toucher d’autres publics, des jeunes par exemple. Sur TikTok, des vidéos addictives de quelques dizaines de secondes, Emmanuel Macron est plus suivi que Jean-Luc Mélenchon mais il a beaucoup moins de succès.
La faute à la forme, c’est humoristique, décalé, le message politique est faible, le leader de la France insoumise y apparait juste sympa, ce qui n’est pas toujours vrai dans la vraie vie. Jean-Luc Mélenchon aime la communication décalée, rien d’étonnant de la part de celui qui avait créé en 1988, 3615 Tonton, le premier site minitel politique pour la réélection de François Mitterrand. Une référence qui ne dira rien au moins de 35 ans, à tous ceux qui ont voté Mélenchon il y a 3 semaines.
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