Dans 19 jours, dimanche 10 avril, les Françaises et les Français votent pour le premier tour de l'élection présidentielle (second tour le dimanche 24 avril). Et après la Présidentielle, les dimanche 12 et 19 juin, il y aura l'élection des députés, les Législatives. Une élection qui nourrit quelques espoirs... et d'énormes craintes.
L'espoir, c’est de se refaire chez ceux qui auront perdus la Présidentielle et d'entamer un peu de la majorité du futur Président élu ou réélu. C’est le mythe du rééquilibrage des pouvoirs. Chez ceux qui vont perdre, les craintes c'est aussi de disparaître du paysage, au PS, à LR, mais pas seulement. Ce sont les Législatives qui fixent l'équilibre politique ou qui donne le coup de grâce des ambitions politiques. Derrière la campagne morose de la Présidentielle, tous les partis s'affairent pour le match suivant.
S'il est réélu, Emmanuel Macron n'est pas donc sûr d'avoir une majorité absolue ? Cette fois-ci ça sera moins évident, prédit un haut responsable de la majorité, parce que sauf dissolution la campagne va durer sept semaines. Le soufflé de la présidentielle sera un peu retombé. Chaque semaine, c'est 15 députés de perdus d'après ce spécialiste. Une bêtise est toujours possible, comme celle restée célèbre de Jean-Louis Borloo en 2007, qui avait avoué réfléchir à une TVA sociale. Résultat, 70 à 80 sièges de perdus.
Emmanuel Macron aura aussi à gérer cette fois-ci la recomposition de sa majorité. Lors de sa conférence de presse la semaine dernière, il a bien précisé que son programme valait aussi pour tous les candidats aux Législatives. Autrement dit, Edouard Philippe, avec sa nouvelle boutique Horizons, ne pourra pas se distinguer en marquant ses nuances.
À un moment ou à un autre, ça va chauffer, prédit un proche d'Emmanuel Macron. Pour l'instant, Edouard Philippe ne dit rien. Il prépare la liste de ses candidats, qu'il devra confronter avec les sortants d'En Marche et les ambitions du Modem. Ça promet quelques moments de friction.
Et que peut-il se passer pour Marine Le Pen, qui n'avait même pas 10 députés depuis 2017 ? En cas de victoire, ses proches sont certains d'avoir une majorité franche, puisque ça toujours été le cas, sauf une fois en 1988 lorsque François Mitterrand, pour sa réélection, n'avait qu'une majorité relative. En cas de défaite au second tour, les stratèges de Marine Le Pen sont aussi très optimistes : ils comptent sur 50 à 100 députés.
Si je vous dis que c'est très optimiste, c'est parce que Éric Zemmour espère aligner lui aussi 577 candidats, un dans chaque circonscription. Par l'éparpillement des voix, cette concurrence à l'extrême droite pourrait amener le RN et Reconquête à la catastrophe : pas le moindre député, aucun n'étant capable de passer le premier tour.
Marine Le Pen et Éric Zemmour pourraient-il tomber d'accord ? Impossible, prédisent tous les connaisseurs. Le nombre de voix recueillies aux législatives déterminent le financement des partis pour les cinq ans qui viennent. Marine Le Pen a 27 millions d'euros de dette à éponger au Rassemblement National ; Éric Zemmour et ses ralliés comme Marion Maréchal ont, eux, besoin de financer leur aventure politique future. Ils ne partageront jamais cette manne.
Les Républicains ont-ils les mêmes soucis ? Pas encore, mais cinq ans de plus dans l'opposition risquent bel et bien de les faire exploser... et de les faire disparaître. La force locale de leurs implantations les laissent espérer garder une bonne part de la centaine de députés sortants. Mais tout dépend si Valérie Pécresse termine 2e, 3e, 4e ou même 5e de l'élection présidentielle. Ce n'est pas la même histoire. C'est pour ça que l'élection dans 19 jours en cache vraiment une autre. Le résultat du premier tour sera un couperet violent pour nombre de formations politiques.