ÉDITO - "Nicolas Sarkozy a un modèle : lui-même", estime Alba Ventura

Pour un soutien franc et enthousiaste, on repassera. Sur RTL, lundi 2 octobre, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il préférait "quand Laurent Wauquiez parle que quand il se tait". Même s’il a pris soin de dire qu’il trouvait que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes était "très talentueux" et qu’il était un "ami".

Remarquez, la dernière fois que Nicolas Sarkozy s’est exprimé à propos de Laurent Wauquiez, c’était plus encore cru. Il avait dit, en août 2023, dans les colonnes du Parisien : "On ne peut pas gagner Roland Garros en jouant petits bras".

Nicolas Sarkozy ne comprend pas la stratégie de "l’homme caché" utilisée par Laurent Wauquiez. Pour lui c’est contre-productif. Nicolas Sarkozy a un modèle : lui-même.

Par conséquent, celui qui réussit, c’est celui qui prend, qui arrache aux autres, celui qui tape la balle au bond, celui qui sature l’espace.  Nicolas Sarkozy estime que celui qui gagne est celui qui se construit "dans le combat" pas celui qui reste planqué. Avant d'asséner le coup de grâce : "le leader n’est jamais celui qu’on désigne". Avec des amis comme ça on n’a pas besoin d’ennemis !

L'ancien président a déjà choisi son "poulain"

Nicolas Sarkozy a choisi Gérald Darmanin. Un Gérald Darmanin qui suit à la lettre les préceptes sarkoziens : se démarquer et montrer sa différence. C’est ce qu’il a fait durant sa rentrée politique dans sa ville de Tourcoing.

D’ailleurs, lundi, inutile de poser la question sur Gérald Darmanin, Nicolas Sarkozy y vient tout seul. Parce que c’est lui en plus jeune ! Parce qu’il le voit comme son héritier. Il dit dans son livre que Gérald Darmanin a les qualités "évidentes" pour devenir chef de l’État, il ne le dit pas des autres prétendants.

"Je suis prêt"... Suffisant pour lancer une candidature ?

N’en déplaise à Nicolas Sarkozy, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a choisi une tout autre stratégie. Laurent Wauquiez a choisi "la campagne contre la ville". C’est ça sa stratégie, c’est moins visible.

Regardez ce qu’il fait sur le sujet de l’artificialisation des sols. Il a décidé de sortir sa région du dispositif "zéro artificialisation nette". Pour faire simple, il s'agit d'une loi qui réduit la construction, donc les permis de construire. 

C’est une loi "ruralicide", dit-il. Une loi pensée par des techno à Paris "qui appliquent de manière uniforme la même loi sur tout le territoire". Il a donc décidé de sortir du processus. On verra si cela tient sur le plan juridique, parce que c’est une loi. Mais on voit bien qu’il cherche à travailler son côté transgressif.

"Pour être candidat (...) il faut le bateau, la voile et la quille"

Nicolas Sarkozy, sur RTL

Il a fait la même chose sur les subventions culturelles en privilégiant les petits festivals, plutôt que les gros théâtres ou autre centre chorégraphique urbains. Il a choisi le rural, la campagne... Là où Marine Le Pen fait de bons scores et là où il ira chercher les signatures pour sa candidature.

Lundi, dans la confidence, Nicolas Sarkozy préférait utiliser la métaphore de la mer plutôt que de la campagne pour parler de la présidentielle. "Pour être candidat", dit-il, "il faut le bateau, la voile et la quille". J’ajouterai : "et le vent". Ça vaut en pleine mer, comme en plein champ.

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