C'est un plan de soutien et de sauvetage de l'économie française que Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont dévoilé jeudi 9 avril pour résister à la crise du coronavirus. À la clé, des mesures massives afin d'éviter les faillites des entreprises et parer aux besoins d'un chômage partiel en nette explosion durant la période de confinement de la population pur cause de pandémie de Covid-19.
Des annonces qui font suite à une réévaluation des pertes à venir, celles-ci augmentant à chaque nouvelle prolongation du confinement. Le gouvernement prévoit désormais que le produit intérieur brut (PIB) français chute de 6% cette année, ont annoncé jeudi les deux ministres dans un entretien aux Échos.
"Il s'agit de la plus grande récession en France depuis 1945", a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l'Économie. "Des inconnues demeurent et cette prévision peut encore évoluer, notamment s'agissant de la durée du confinement et des modalités de sortie", a-t-il ajouté.
Cette nouvelle prévision, de loin plus pessimiste que celle (-1%) du budget rectifié adopté fin mars, sera intégrée à un nouveau projet de loi de finances rectificative présenté la semaine prochaine en conseil des ministres et examiné dans la foulée au Parlement. Alors que le confinement, débuté le 17 mars, sera prolongé au-delà du 15 avril, chaque semaine de restriction de déplacement pour les Français entraîne des répercussions en chaîne sur l'économie.
Ainsi, de nombreuses entreprises fonctionnent au ralenti, quand elles ne sont pas obligées de rester fermées car jugées non essentielles, comme c'est le cas pour la restauration et le spectacle. Du côté de la population, une grande partie ne peut se rendre sur son lieu de travail.
"L'impact économique, il est massif, il est très négatif, il est brutal et il va susciter en France comme partout dans le monde un choc économique que chacun imagine mais dont personne ne sait encore la totalité de l'impact", avait mis en garde mercredi le Premier ministre Édouard Philippe.
Pour affronter cette crise sanitaire et économique inédite, le président de la République a donné le mot d'ordre : le gouvernement soutiendra les entreprises et les salariés "quoi qu'il en coûte". Face au besoin de soutien croissant des entreprises, le gouvernement va plus que doubler le plan d'urgence de 45 milliards d'euros annoncé le mois dernier.
Il passera à 100 milliards d'euros, a annoncé Bruno Le Maire, intégrant donc plus de moyens pour le chômage partiel - 20 milliards au lieu de 8,5 milliards initialement provisionnés - et les reports de charges. Le fonds de solidarité créé pour les très petites entreprises voit lui sa dotation passer de 1 à 6 milliards d'euros, pour répondre à l'afflux de demande et à l'assouplissement des conditions d'attribution.
L'urgence étant toujours à la crise sanitaire, l'enveloppe de dépenses "exceptionnelles" pour la santé passe elle de 2 à 7 milliards d'euros, pour financer notamment les 4 milliards d'euros d'achats de matériels promis par Emmanuel Macron et la revalorisation des salaires des personnels soignants.
Le projet de budget rectifié prévoit également des primes pour les personnels soignants et certains fonctionnaires, dont les montants sont encore "en arbitrage". Et pour soutenir cet effort hors normes, le gouvernement n'hésite pas à creuser le déficit public, qui passera à 7,6% du PIB, avec une dette publique passant à 112% du PIB.
Mais tout est assumé et expliqué. "Cette dette répond à un impératif : éviter les faillites d'entreprises et le naufrage de notre économie", a défendu Bruno Le Maire. Ce budget rectifié, consacré à l'urgence, ne comprend pas encore de mesures de relance de l'économie, en vue de la sortie de crise.
Mais Bercy travaille déjà sur le volet économique de la stratégie de déconfinement qui sera choisie. Le ministre de l'Économie indique avoir "engagé un travail avec toutes les filières" sur des "modalités de déconfinement pour chacune d'entre elles".
Il prévient toutefois que la reprise sera "progressive", à l'exemple de ce qui se passe en Chine. "Le redressement économique sera long, difficile et coûteux", insiste-t-il. Un peu plus tôt jeudi, l'Insee avait elle aussi estimé que le retour de l'activité à son niveau normal "prendra du temps".
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