Édouard Philippe, le Premier ministre, adore parler de "la poutre qui travaille encore". C'était sa façon de parler des déchirements et des défections à droite, une famille qu'il connait très bien puisque c'était la sienne. Mais depuis quelques semaines, la crise du coronavirus a provoqué un autre phénomène, c'est désormais dans la majorité d'Emmanuel Macron que la poutre s'est mise à travailler.
Ce qui se joue en ce moment c'est la fin du quinquennat et qui aura le plus d'influence sur le cours des choses. Il y a ce qu'on appelle l'aile gauche qui croit que le moment est venu de rééquilibrer la politique du Président. Il faudrait pour répondre à la crise plus d'écologie, plus de social, plus de générosité. Une partie de cette aile gauche prépare depuis des semaines son départ du groupe à l'Assemblée. Ils seront peut-être une vingtaine de députés à quitter En Marche, assez pour faire perdre sa majorité absolue au groupe LaREM.
Dans ces mouvements, le MoDem et sa cinquantaine de députés sera renforcé puisqu'il pourra jouer les forces d'appoints. François Bayrou aura un bras armé en quelque sorte et il faudra plus souvent composer avec lui. Emmanuel Macron, dans son dernier discours il y a un mois, avait parlé "d'associer toutes les composantes de la Nation", il sera peut-être contraint dans l'immédiat de recoller au coup par coup toutes les composantes de sa majorité...
C'est un petit évènement politique, pas encore un cataclysme. D’autant que le parti s’est réveillé pour essayer d’apporter des idées et de retenir ses ouailles. Mais ce mouvement en cache d'autres. Dans la majorité, il y a aussi les marcheurs de la première heure, le premier cercle des macronistes qui joue des airs de revanche. Eux ne vont pas partir, mais ils ne sont pas les derniers à se montrer très critiques, en off, contre l'aile droite et notamment Édouard Philippe, Jean-Michel Blanquer ou Bruno Lemaire. Certains le disent sans précaution : "Pour la suite du quinquennat, il faudra voir si tout le monde et notamment le Premier ministre, est aligné avec ce qu'on voudra faire."
Au-delà des bisbilles politiques, toute cette ambiance nouvelle. Dans la majorité révèle que nous sommes à un moment charnière dans le quinquennat, que ce qui se prépare en ce moment, en coulisse surtout, c'est la fin du mandat et surtout... 2022. Tous ceux qui conseillent Emmanuel Macron, qu'ils soient à l'Élysée ou dehors, ont en mémoire les précédents quinquennats. Comment Nicolas Sarkozy n'est jamais arrivé à rebondir, pas plus que François Hollande... Chacun à leur façon. Ils ont eu de graves malentendus avec les Français et ils n'ont pas su se renouveler pour une réélection.
Aujourd'hui, Emmanuel Macron parle de se réinventer, la boîte de Pandore est ouverte. Il s'agit de retrouver une martingale, un équilibre qui va coller à l'époque. Le 'en même temps' libéral et protecteur a été la martingale de 2017, une formule très habile pour séduire largement. Mais à l'épreuve du pouvoir, le 'en même temps' s'est abimé dans un 'tout et son contraire'. Retrouver une cohérence, corriger des erreurs, c'est la formule que cherche les macronistes. Ils doivent composer entre crise économique, écologie, souveraineté, justice sociale... Ils doivent, pensent-ils pour beaucoup, regagner à gauche sans rien perdre sur leur droite.
Une cuisine, assure l'un de ses proches, qu'Emmanuel Macron n'a jamais pratiqué. En attendant la poutre travaille, ça tiraille dans la majorité. Et en plein chantier de reconstruction, ça peut-être un peu dangereux.
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