Des tests en vue du lancement de l'application StopCovid sont lancés cette semaine. Et cette innovation illustre à merveille des égarements bien français. Oui, ce qui se profile c'est que nous serons bientôt les seuls à développer cette application dans notre coin. Pourquoi ?
Parce que nous pensons avoir la meilleure solution du monde. Parce que nous aimons tout ce qui est centralisé, sous-contrôle. Et parce que nous sommes en train d'en faire un symbole de notre indépendance, de notre souveraineté et de notre combat contre les géants américains du numérique. Bref, on y a mis trop de choses pour que ça finisse en grande réussite.
C'est vrai que ça fait beaucoup pour une application de téléphone portable. D'abord, pourquoi pensons-nous avoir la meilleure solution du monde ? Parce que, selon le ministre en charge de ce dossier, Cédric O, nous avons su rassembler les meilleurs ingénieurs et nos meilleures entreprises. Pour aller vite et faire bien. Ce n'est pas faux, mais par la même occasion nous nous sommes enfermés dans une solution technique que les autres ont lâché au fur et à mesure.
A l'origine, nous nous étions associés avec l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, l'Angleterre. Et puis tout le monde ou presque a quitté notre joli bateau. La Belgique ne croit plus à l'utilité d'une application de traçage et la Suisse et l'Allemagne lui ont préféré la solution proposé par Google et Apple. Les Anglais sont en train de faire de même. Tous ces pays ne croient plus à StopCovid.
Pour faire simple, dans le système de Google et d'Apple, chaque téléphone communique avec les autres téléphones pour signaler qu'ils se sont croisés si l'un des possesseurs d'un téléphone est touché par le coronavirus. Alors que dans le système devenu presque franco-français, les informations sont centralisées. C'est bien à l'image de notre pays jacobin.
Nous aimons tellement la centralisation, pour tout. Les pyramides c'est notre truc. Enfin là, il y a un risque : c'est de finir par avoir inventé le minitel. Un système unique au monde qui ne fonctionnera qu'entre-nous. S'il fonctionne.
Au nom de la haute idée que nous nous faisons de l'indépendance. C'est du De Gaulle que nous allons célébrer à la fin de la semaine, contre l'impérialisme américain, mais 75 ans après, dans l'ère digitale. Le raisonnement du gouvernement c'est de se dire qu'il n'est pas question qu'Apple et Google s'occupe de santé. C'est à l'État français de le faire. Cela se défend parfaitement.
Notre système, parait-il, serait plus sécurisé. Ce qui fait largement débat chez les chercheurs et les ingénieurs. Car voilà, aucune solution de traçage n'a prouvé, pour l'instant, qu'elle n'avait aucun défaut. Alors notre StopCovid national serait-il un combat perdu ? C'est en tout cas Astérix contre Goliath. Google et Apple n'ont pas voulu collaborer avec la France pour développer StopCovid. Le ministre en charge du projet, Cédric O, le confie en privé : "On saura s'en souvenir le moment venu".
Car nous avons bien d'autres batailles avec les Gafa, notamment d'arriver à les taxer, puisqu'ils échappent à l'impôt sur les entreprises. StopCovid, c'est un concentré de nos tentatives de résistance, de nos faiblesses et de nos illusions face aux géants du numérique.
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