Nicolas Sarkozy est fixé. Jeudi 25 octobre, la justice a confirmé le renvoi de l'ancien président de la République devant le tribunal dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Bygmalion. Il a annoncé dans la foulée qu'il allait former un pourvoir en cassation contre ce renvoi.
Des casseroles qui remontent à l'époque de sa campagne présidentielle en 2012 et qui avaient éclaté en 2014, engendrant une grave crise politique dans le parti de droite, l'UMP, qui a depuis rénové sa façade en changeant de nom et en devenant Les Républicains.
Initialement, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris devait donner sa réponse le 20 septembre, avant de reporter sa décision.
Désormais retraité de la politique, Nicolas Sarkozy, 63 ans, avait saisi la cour d'appel de Paris d'un recours contre l'ordonnance du juge Serge Tournaire. Ce dernier l'a renvoyé en février 2017 en correctionnelle pour "financement illégal de campagne électorale". Dans ses réquisitions, l'avocat général a demandé à la cour de confirmer intégralement les poursuites.
Retour sur les dates clefs de cette affaire qui colle depuis quatre ans aux talons de Nicolas Sarkozy.
L'hebdomadaire Le Point affirme qu'Event and Cie, filiale de la société de communication Bygmalion, fondée par deux proches du président de l'UMP, Jean-François Copé, aurait surfacturé au parti des prestations pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, empochant "au moins 8 millions d'euros" hors appel d'offres.
Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire. Le 15 mai, Libération affirme que l'UMP a réglé au premier semestre 2012 près de 20 millions d'euros à Event and Cie pour des événements, fictifs pour certains.
Le 26 mai 2014, par la voix de son avocat, Me Patrick Maisonneuve, Bygmalion admet avoir "indûment" facturé à l'UMP des prestations qui auraient dû être imputées aux comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. L'avocat évoque un système créé "à la demande de l'UMP" pour "éviter des dépassements" probables des comptes de campagne du président-candidat.
Parlant de "fausses factures" puis de "vraies fausses factures", il estime à "plus de dix millions d'euros" les sommes litigieuses.
Le lendemain, l'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux, reconnaît, les larmes aux yeux, sur BFMTV que des prestations fournies par Bygmalion ont été indûment facturées à l'UMP.
Le 27 juin 2014, l'enquête est confiée aux juges d'instruction Serge Tournaire et Renaud van Ruymbeke.
Le 1er octobre, trois anciens dirigeants de Bygmalion, dont ses fondateurs Guy Alvès et Bastien Millot, sont mis en examen. Devant le juge, Guy Alvès a confirmé sa participation à une vaste fraude permettant de maquiller les comptes de campagne.
Le 15 juin 2015, Jérôme Lavrilleux est mis en examen, notamment pour complicité de financement illégal de campagne électorale.
Le 4 septembre 2015, Nicolas Sarkozy, désormais président des Républicains, est entendu par la police. Selon une source proche du dossier, il qualifie de "farce" l'idée d'un dérapage financier de sa campagne présidentielle. Il "ne (met) pas en doute l'existence d'un système de fausses factures" entre l'UMP et Bygmalion, mais affirme que ni lui ni ses collaborateurs "n'(ont) pu en être informés".
Le 14 octobre, Jérôme Lavrilleux déclare que les comptes de campagne de M. Sarkozy ont "débordé de tous les côtés" et reproche à l'ancien président de ne pas "assumer" ses responsabilités dans le système de fausses factures.
Le 16 février 2016, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour financement illégal de sa campagne présidentielle.
Le 3 février 2017, le juge Serge Tournaire renvoie M. Sarkozy en correctionnelle pour financement illégal de campagne électorale, lui reprochant d'avoir sciemment dépassé le plafond de 22,5 millions d'euros.
Conformément aux réquisitions du parquet le 5 septembre 2016, treize autres mis en examen (cadres de l'ex-UMP, responsables de l'équipe de campagne, anciens dirigeants de Bygmalion) sont également renvoyés devant le tribunal.
Le 7 février, Nicolas Sarkozy annonce sa décision de faire appel.
Le 16 mai 2018, lors de l'examen du recours, le parquet général demande confirmation du renvoi de Nicolas Sarkozy en correctionnelle. La décision est attendue le 25 octobre.