"Violeur de la Sambre" : qui est Dino Scala, prédateur sexuel condamné, mis en examen pour 13 nouveaux cas ?

Pendant 30 ans, la Sambre - petite rivière entre la France et la Belgique - a été le théâtre de l’une des plus anciennes affaires criminelles du pays, qui continue d'agiter l'actualité judiciaire. Déjà condamné pour des faits similaires, Dino Scala a été mis en examen pour treize nouveaux cas d'agressions sexuelles et de viol, commis entre 1986 et 1990, sur lesquels il a été interrogé jeudi 15 mai. Pour trois autres, il a été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté.

Cela faisait deux ans que la justice enquêtait dans le cadre d'une nouvelle information judiciaire ouverte pour quatorze cas repêchés d'une ancienne procédure ainsi que pour deux nouvelles plaintes déposées après son procès d'assises en 2022. À l'issue de celui-ci, "le violeur de la Sambre" a écopé de 20 ans de réclusion criminelle.

Cette audition faisait suite à la demande de Me Margaux Mathieu, son avocate, qui demandait depuis un an que son client soit entendu sur ces nouvelles accusations, afin que ce dernier puisse prendre connaissance du dossier et pouvoir donc, sachant ce qui lui est reproché, se défendre. Interrogé par le tribunal judiciaire de Valenciennes, Dino Scala, âgé de 65 ans, est apparu vieilli et fatigué, les tempes grisonnantes. Selon nos informations, il n’a pas reconnu sa responsabilité dans, au moins, la majorité des faits.

Un ouvrier qui passait à l'acte le matin

Au total, une cinquantaine de viols et d’agressions sexuelles sont reprochées à cet homme, à la vie, en apparence, des plus banales. Chaque jour, Dino Scala empruntait la D959, la route en bord de rivière, qui le conduisait de Pont-sur-Sambre à son lieu de travail, à Jeumont, à 25 km de là. Mais la routine de cet ouvrier masquait surtout une autre existence. Celle d’un prédateur sexuel, agissant dès l’aube, avant d’aller pointer à l’usine. La presse belge le surnommera d’ailleurs longtemps le “violeur du matin”, tant son mode opératoire était rodé

Dino Scala attaquait ses victimes dans la pénombre matinale, en les saisissant par le cou, à l’aide d’une cordelette ou un foulard. Il attrapait ses victimes par derrière, avant de les menacer de mort et de les maintenir au sol. Ses crimes sont violents et furtifs. Scala agit en automne ou en hiver, pour profiter de la faible lumière et agresse en toute discrétion dans des lieux isolés…

Reconnu coupable de 54 agressions entre 1988 et 2018

Sa première agression identifiée a lieu en 1988 à Maubeuge. Puis en 1996, une adolescente de 15 ans et une femme de 28 sont violées, à quelques mois d’intervalles. Un portrait-robot est dressé. On décrit alors un homme d’environ 1m70, dégarni, de type européen, et qui porte des chaussures de sécurité.

Les victimes parlent aussi de cette odeur qu’il dégage : un mélange de métal et de graisse. Un ouvrier sans doute, travaillant dans l’une des nombreuses industries de la région. Mais les enquêteurs piétinent toujours. Les années passent, et les agressions continuent.

Repéré en 2018 à Erquelinnes

Des femmes, âgées de 13 à 48 ans, se succèdent finalement pour porter plainte. Elles décrivent toujours le même homme, le même scénario, à des policiers et gendarmes toujours plus démunis. Car les traces ADN ne donnent rien.

Seul le véhicule du violeur a réussi à être identifié, une Renault 21 de couleur clair. Un modèle très commun à l’époque, et que les enquêteurs rechercheront très longtemps en vain. Et le 5 février 2018, c’est finalement l’agression d’une adolescente, à Erquelinnes, en Belgique, juste à côté de Jeumont, qui conduira Dino Scala à sa perte.

Il a finalement été reconnu coupable de 54 viols, tentatives de viol, agressions sexuelles et tentatives d'agression sexuelle lors de son procès il y a trois ans.