"Comment lui dire ?" : après le féminicide de Catherine Favre, l'avocate de sa sœur raconte comment elle a dû affronter l'horreur des actes nécrophiles

Isabelle n'imagine pas encore les circonstances du meurtre de sa sœur, Catherine Favre, le jour où elle apprend son décès. La quadragénaire mère de trois enfants est retrouvée morte par des voisins dans la cave d'un immeuble le 25 octobre 2020. Son compagnon, Louis Robert Bret est arrêté deux jours plus tard. Il avoue l'intégralité des faits qui lui sont reprochés une fois confronté aux éléments du dossier.

Maître Hélène Galluet est mandatée par la sœur de la victime, constituée partie civile, pour représenter ses intérêts. Lors du premier rendez-vous, sa cliente et elle ne savent encore rien des circonstances du décès. 

Dans Les Voix du crime, l'avocate raconte le moment où elle doit décrire les faits à sa cliente. "Ça a été compliqué. Je me suis posé la question de savoir comment j'allais lui dire. Mais de toute façon, elle avait le droit de savoir", se souvient-elle. La sœur de Catherine Favre est alors convoquée au bureau de maître Hélène Galluet et elle y apprend que le meurtrier ne s'est pas arrêté à l'étranglement perpétré.

Je n'ai jamais vu ça dans un dossier, en tout cas, de meurtre sur conjoint

Me Hélène Galluet

"Je lui ai expliqué que dans le téléphone portable de ce monsieur, on avait retrouvé (une vingtaine) de photos. Après le meurtre, il s'est pris en photo devant les fesses de la défunte. Je lui explique aussi qu'il a reconnu aussi avoir pratiqué des actes de sodomie sur le cadavre", relate l'avocate.

"Moi, j'ai 17 ans de barre. Je n'ai jamais vu ça dans un dossier, en tout cas, de meurtre sur conjoint", s'effare l'avocate qui elle-même a déjà défendu des auteurs de féminicides. Ce qui l'a le plus marquée dans l'affaire, ce sont les actes sexuels sur le cadavre de la défunte. Des actes qui paradoxalement contrastent selon elle avec l'accusé : "vous voyez rentrer monsieur Bret dans le box des accusés et vous vous dites : 'c'est lui ?' Il y a vraiment un décalage entre la nature des faits et ce monsieur qui est là".

Lors du procès en 2024, la sœur de la victime n'est pas présente. Elle est éprouvée par les circonstances effroyables du meurtre de Catherine Favre. Le meurtrier, lui, va préciser le déroulé des faits :  ce jour-là, Catherine Favre aurait dit une phrase le mettant hors de lui au point de déclencher son passage à l'acte. 

Une déviance exceptionnelle dans le registre de la sexualité

Les experts psychiatres

"Il va la coller contre un mur, il va l'étrangler, il va la mettre à terre et il va mettre les genoux, ce qui va avoir pour effet au niveau du sternum. Il va aussi expliquer qu'après, il l'a prise et il explique l'avoir vue et ne pas savoir pourquoi et avoir voulu pratiquer des actes de sodomie sur le cadavre", détaille maître Hélène Galluet. Les experts décriront eux les actes sexuels commis sur le cadavre comme "une déviance exceptionnelle dans le registre de la sexualité dans la mesure où il était suffisamment excité pour avoir une relation sexuelle avec le cadavre de sa compagne".

L'avocate plaide ensuite pour "une peine juste" avec pour but de s'assurer qu'il sera suivi médicalement. Au terme de quatre jours d'audiences, il écope de 25 ans de réclusion criminelle avec la moitié de peine de sûreté. L'avocate et sa cliente se satisfont de ce verdict et sont encore aujourd'hui en contact régulier. "Elle m'explique que maintenant, elle arrive à vivre avec. C'est-à-dire qu'elle y pense moins. D'ailleurs, depuis le procès, pour elle, c'est vrai que ça a été un soulagement parce qu'elle avait ça en tête", conclut maître Hélène Galluet.

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