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Valérie Bacot : de l'enfer des violences conjugales au box des accusés

PODCAST - Le 13 mars 2016, Valérie Bacot abat son mari Daniel Paulette d'une balle dans la nuque. Depuis ses 12 ans il la battait et la violait régulièrement. Poursuivie pour ce crime, elle est ressortie libre du tribunal.

Valérie Bacot soutenue par ses deux avocates à la sortie des Assises de Saône-et-Loire.
Valérie Bacot soutenue par ses deux avocates à la sortie des Assises de Saône-et-Loire.
Crédit : JEFF PACHOUD / AFP
47. Affaire Valérie Bacot : quand tuer son mari violent devient le seul moyen de survivre
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Marie Zafimehy

"Il fallait lui faire comprendre que ce n'était pas elle la coupable." En 2017, Maître Nathalie Tomasini prend connaissance de l'histoire de Valérie Bacot, une mère de famille accusée d'avoir tué son mari violent. Après quelques échanges, elle devient, avec sa consœur Maître Janine Bonnagiunta, son avocate. 

"Valérie, quand on l'a vue, on a eu l'impression qu'on ne voyait pas une femme, une mère de famille de quatre enfants, mais une petite fille, se souvient Me Tomasini dans le podcast Les Voix du crime. J'ai eu tout de suite le sentiment qu'elle avait arrêté de grandir à 12 ans, lorsqu'elle s'est fait violer pour la première fois par son beau-père."

D'abord l'amant de sa mère, Daniel Paulette la violait régulièrement jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Valérie Bacot a 17 ans et est contrainte de quitter le village de La Clayette (Saône-et-Loire) où elle vivait avec sa mère et son frère. Daniel Paulette se présente en sauveur et lui propose d'emménager avec lui... il passe ainsi du statut de beau-père à celui de mari.

Daniel Paulette est mort, mais elle ne le sait même pas

Me Tomasini

À Baudemont, la commune voisine où elle déménage avec Daniel Paulette, Valérie Bacot donne naissance à quatre enfants. Là, leur vie quotidienne est rythmée par les coups et les insultes de Daniel. Ce dernier décide même de prostituer sa femme. Sur des aires d'autoroute, il supervise ses ébats forcés avec des clients eux-mêmes violents.

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Le calvaire dure jusqu'au 13 mars 2016. Ce jour-là, Valérie Bacot se trouve dans la voiture avec Daniel Paulette après une passe extrêmement violente. La veille, elle a compris qu'il envisageait de prostituer aussi leur fille. L'esprit perturbé et accablée par les reproches de Daniel qui lui crie dessus au volant de la voiture à l'arrêt, elle s'empare du pistolet qui leur permet de se protéger d'éventuels clients malfaisants, puis tire.

"Elle ne se rappelle de rien, explique Me Tomasini qui a auparavant défendu Jacqueline Sauvage accusée de faits similaires. Elle se rappelle de son coup de feu. Elle se rappelle d'une odeur de poudre. En fait, on voit bien qu'il y a plus que des sensations. Daniel Paulette est mort, mais elle ne le sait même pas. En fait, elle le voit tomber. La porte s'ouvre d'elle même sous le poids de Daniel Paulette et il tombe sur le sol. Elle a tellement peur. Elle est encore nue. Elle prend le volant et elle se dirige vers le seul 'homme', qui semble être protecteur pour elle qui est le petit ami de sa fille."

Aujourd'hui, un nouveau combat commence, un combat pour toutes les autres femmes

Valérie Bacot

Après sa fuite, Valérie Bacot enterre le corps de Daniel avec l'aide de ses enfants. Elle est arrêtée un an après et incarcérée dans l'attente de son procès. Pendant cette période, Valérie Bacot s'apprête à passer le restant de ses jours en prison. "Elle se sentait terriblement coupable d'avoir tué le père de ses enfants", résume Me Tomasini.

Mais surprise : au procès, l'avocat général plaide en faveur de l'accusée et requiert qu'elle ne retourne pas en prison, provoquant son malaise. "Elle a été suffoquée par l'émotion", décrit aujourd'hui son avocate. Cette dernière a plaidé l'abolition du discernement de Valérie Bacot, arguant du fait que sa cliente était atteinte du syndrome de femme battue et que le moment où elle était passée à l'acte coïncidait avec une "explosion de la mémoire traumatique". "C'est-à-dire que toutes les violences qu'elle avait accumulées et subies pendant toute sa vie ont explosé d'un coup et d'un seul à la suite de cette énième violence, c'est-à-dire la passe violente et les violences verbales de Daniel Paulette", indique Me Tomasini.

Une justification retenue par la cour : Valérie Bacot est finalement condamnée à quatre ans de prison dont trois avec sursis. Or, comme elle a déjà fait un an de détention provisoire, elle ne retourne pas derrière les barreaux et est libre de retrouver sa famille. Mais d'abord, elle s'adresse à la foule venue saluer le verdict devant le tribunal. "Aujourd'hui, un nouveau combat commence, dit-elle, un combat pour toutes les autres femmes."

Quelques mots qui sonnent comme une promesse : aujourd'hui, Valérie Bacot accompagne Me Tomasini dans son combat contre les violences faites aux femmes. Toutes deux forment "une équipe" alliant le témoignage émouvant de l'une et l'expertise juridique de l'autre.

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>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

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