Usurpation d'identité : une entreprise bretonne à deux doigts de mettre la clé sous la porte

Chaque samedi, Jean-Baptiste Nicolle, journaliste enquêteur pour l'émission "Ça peut vous arriver" diffusée sur RTL, vous raconte une arnaque qu'il a repérée dans la presse locale. Parfois, ce sont des arnaques qui dépassent l'entendement. 

Dans cet épisode, le journaliste a repéré dans le journal Le Télégramme, l'histoire de SAV TP, une société bretonne spécialisée dans la vente de matériel de travaux publics, devenue la victime d'un usurpateur d'identité depuis plusieurs mois. En clair, un inconnu se fait passer pour la société dans le but d'effectuer de fausses ventes d'engins. 

Cet individu a commencé par pirater l'ordinateur de l'entreprise à distance, avant de récolter toutes les données. Grâce au piratage, il a créé une nouvelle page Facebook accessible seulement à l'étranger, afin de brouiller les pistes. Il a commencé à convaincre des clients dans différents pays européens de lui verser d'importants acomptes. 

"Je comprends que les clients s'énervent"

Sauf qu'à l'arrivée, ses clients ne reçoivent jamais le matériel commandé. Et c'est là que ça se gâte, comme nous l'explique Sophie Ettinger, la véritable gérant de la société avec son mari : "Sur les fausses factures, il y a bien notre numéro, notre adresse, nos coordonnées. Quand ils arrivent sur place en Bretagne, ils voient qu'on existe réellement, donc ils sont persuadés qu'on leur a vendu le matériel et qu'on les vole. Il y aussi cette barrière de la langue qui complique les choses. Je peux comprendre que certains s'énervent parce qu'ils ont réellement besoin du matériel. Quand on appelle l'usurpateur qui se fait passer pour le commercial, il répond à nos clients qu'on a bien récupéré l'argent mais qu'on ne veux pas donner les machines", détaille-t-elle. 

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Dans ces conditions, pour Sophie et son mari, les conséquences pour la société sont catastrophiques. On ne fait plus notre travail comme on voudrait. A la base, on achète des machines de location qu'on a achetées à l'étranger pour les louer en France. Aujourd'hui, on ne peut plus le faire parce qu'on a des plaintes un petit peu partout à l'étranger. C'est normal, les gens portent plainte en notre nom. Quand les gens arnaqués viennent, ça me demande parfois des heures pour parlementer avec eux. Ce sont des gens qui peuvent hurler, ou être énervés, et donc nos client fuient le magasin les uns après les autres. On a une perte énorme et parfois, on se dit qu'on va peut-être devoir fermer", explique-t-elle. 

Sophie espère que la police finira par mettre à temps la main sur cet individu. En attendant, elle a dû clôturer sa propre page Facebook. Elle a aussi dû préciser sur la page d'accueil de son site internet que sa société se retrouve bien victime d'une usurpation d'identité. Malgré tout, cela n'arrête pas l'imposteur. Sophie s'en est bien rendu compte quand elle l'a appelé au numéro qu'il laisse aux clients : "Il m'a clairement ri au nez en me disant qu'il ne craignait rien, et que je ne lui faisait absolument pas peur. Des fois, il me fait passer des petits messages pour se moquer à travers les clients". 

Il se moque aussi bien du couple d'entrepreneurs que de la détresse des clients arnaqués. Sophie se souvient particulièrement de la réaction d'un monsieur venu de Turquie qui a investi 250 000 € pour rien. "C'est une personne qui m'a beaucoup choquée parce qu'elle s'est écroulée sur un comptoir. Le client avait de graves soucis. Son fils avait eu un grave accident, il ne pouvait plus se servir de ses jambes et ne pouvait donc plus travailler. Il a voulu lancer une société de location de matériel pour son fils. Pour payer les machines et lancer son affaire, il avait hypothéqué sa maison, et cassé son épargne retraite. Il avait tout mis dans ce projet. Quand il a compris la situation, il m'a dit 'non : en fait, j'ai tout perdu'", raconte Sophie. En tout, depuis décembre dernier, ce sont des centaines de clients qui ont déjà été arnaqués à travers toute l'Europe. Le préjudice global se chiffrerait déjà à plusieurs millions d'euros. 

Les arnaques de Jean-Baptiste Nicolle disponibles en podcast :

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