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"Une emprise psychique, puis chimique" : une mère accusée d'avoir empoisonné ses filles par surmédication

Une femme de 53 ans, accusée d'avoir empoisonné ses deux filles en les bourrant de médicaments, comparait à partir de le lundi 24 novembre devant la cour d'assises des Landes.

Des boîtes de médicaments (Photo d'illustration)

Crédit : Aline Morcillo / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

AFP & Sabrine Mimouni

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Le procès d'une femme accusée d'avoir empoisonné ses filles, dont l'une est décédée, s'ouvre ce lundi 24 novembre devant la cour d'assises des Landes. L'accusée, décrite comme "menteuse et manipulatrice" par des témoins, aurait également tenté d'assassiner son ex-mari.

La femme de 53 ans affirme, depuis sa mise en examen en 2022, que l'aînée morte à l'âge de 18 ans, s'est suicidée. Le 13 novembre 2019 vers midi, la mère appelle les secours, alertée par la cadette d'une crise de convulsions de sa sœur Enea, au domicile familial de Dax. Le Samu découvre la jeune fille dans son lit en état de mort respiratoire, la réanime mais elle succombe six jours plus tard à l'hôpital. L'enquête sur les causes du décès, outre la présence d'un médicament surdosé, met à jour un conflit parental majeur.

Depuis leur divorce en 2009, Maylis Daubon et Yannick Reverdy, ancien joueur international de handball, se déchiraient autour de la garde de leurs filles qui n'avaient plus de relation avec leur père depuis 2011. "Pendant dix ans, je me suis battu un peu tout seul", a confié à l'AFP, avant le procès, celui que l'accusée aurait voulu faire assassiner en soudoyant des codétenues à la maison d'arrêt de Pau.

Mettre ses filles "sous emprise psychique, puis chimique"

Les analyses du corps de la défunte ont révélé un taux de 1.882 milligrammes de Propranolol, un traitement de l'hypertension artérielle qui ralentit le cœur, soit "l'équivalent de 50 à 75 cachets" quand la dose thérapeutique oscille entre 40 et 200 mg.

Le rapport d'expertise fait aussi apparaître 22 molécules différentes et une "consommation régulière et importante" de cannabis. Les médecins légistes concluent à un décès en lien avec une "décompensation cardiorespiratoire aiguë d'origine toxique".

Durant les quatre mois précédents, la défunte s'était vu prescrire une batterie de neuroleptiques, anxiolytiques sédatifs, traitements contre les convulsions et antidépresseurs. Les enquêteurs estiment qu'elle a consulté près de 30 médecins au cours de sa vie. L'avocat de Yannick Reverdy, Me Victor Font, s'interroge sur cet enchevêtrement d'ordonnances délivrées "sans coordination", au risque d'"incompatibilités de posologie". Pour le père, sa fille "n'avait pas de pathologie", sa mère lui en a "inventé" pour la mettre "sous emprise psychique, puis chimique".

Münchhausen par procuration 

L'explication d'un syndrome de Münchhausen par procuration avait été avancée par une psychologue de la Protection de l'enfance, intervenue en 2018 face à l'absentéisme scolaire anormal d'Enea.

Ce syndrome conduit un parent à exagérer ou provoquer des problèmes de santé sérieux chez son enfant, dans un désir d'attirer l'attention ou la compassion. En août 2019, Maylis Daubon avait répété dans son entourage que sa fille était hospitalisée en soins palliatifs pour une leucémie et qu'elle préparait son enterrement. "Il n'y a pas de Münchhausen par procuration", balaie Me Carine Monzat en défense, l'autre avocat de l'accusée, Me Gérard Danglade, relevant qu'"aucun expert psychiatre n'a, dans le cadre de l'instruction, posé clairement ce diagnostic"
.
La personnalité de la mère, décrite comme "menteuse et manipulatrice" selon des témoins, sera au cœur des débats. Tantôt professeure à la Sorbonne, ingénieure nucléaire ou casque bleu à Sarajevo, elle manifeste "le besoin d'être sur le devant de la scène", selon l'accusation.

"Des faits criminels reprochés à une mère sur son enfant, c'est le pire des indicibles, alors on scrute tout, on est dans le jugement moral", rétorque Me Monzat.

Codéine, anxiolytique sédatif, somnifère et antidépresseur

La mère devra s'expliquer sur les "importantes et graves incohérences" pointées par les juges dans ses déclarations sur le déroulé de la matinée du 13 novembre 2019, touchant à son emploi du temps, ses échanges téléphoniques et la disparition du portable d'Enea.

Si l'accusée maintient la thèse du suicide, la cadette, Luan, a évoqué les "projets d'avenir" qu'avait sa sœur, dont notamment passer son permis de conduire ou être de nouveau scolarisée.

L'absentéisme scolaire de cette dernière a également éveillé les soupçons et des analyses ont révélé des traces de médicaments - codéine, anxiolytique sédatif, somnifère ou antidépresseur - dans ses cheveux, sans prescriptions médicales.

En 2023, Maylis Daubon était mise en examen pour avoir également empoisonné sa deuxième fille, qui n'a jamais voulu la mettre en cause : elle sera entendue comme témoin au procès, prévu jusqu'au 3 décembre prochain.

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