"Un moment de grande solitude" : avant l'incarcération de Nicolas Sarkozy, d'autres personnalités passées par la prison de la Santé témoignent

"Je n'ai pas peur de la prison." C'est ce que Nicolas Sarkozy a confié ce week-end dans un entretien à La Tribune Dimanche, avant son incarcération à la prison de la Santé, programmée mardi 21 octobre. Mais peut-on vraiment le croire ? Franchir la porte d'une prison pour la première fois et se retrouver seul dans une petite cellule, est forcément une épreuve. Comment peut-on encaisser un choc pareil, que peut-on ressentir quand la clé se tourne dans la serrure ?

Lorsque la porte de sa cellule se referme, Grégory Zaoui prend alors, comme il le dit, "une grande claque dans la figure". Cerveau de la fraude à la taxe carbone, une arnaque à plusieurs centaines de millions d'euros, il se retrouve dans 9 mètres carrés à la prison de la Santé pour cinq ans. "On a peur", se souvient-il pour RTL. "Un moment de grande solitude. On réfléchit à 100 à l'heure. J'étais devenu spectateur de ma vie."

"Le plus dur, c'est quand vous arrivez dans votre cellule, ça fait un choc", abonde Patrick Balkany au micro de Marc-Olivier Fogiel. "On est confronté à la solitude, ça c'est sûr", explique l'ancien maire de Levallois-Perret, un temps incarcéré à la prison de la Santé, après une condamnation pour fraude fiscale. "Il faut être bien avec soi-même." 

Du confort à la prison

En quelques heures, Grégory Zaoui passe ainsi d'une vie de débauche, de palace, des meilleures tables et des plus belles voitures de sport à un matelas large de 80 centimètres, un petit bureau, un WC et des barreaux aux fenêtres.

"Il y avait des cafards, il y avait des souris. C'est la misère, mais je ne voudrais pas faire pleurer dans les chaumières. La prison, c'est une peine, on doit en souffrir quelque part", raconte-t-il. "Quand vous êtes en prison, vous avez tous les sens qui sont en éveil. La vue, bien évidemment, vous voyez tout ce qui se passe. L'odorat, parce qu'il y a des odeurs très particulières", poursuit-il. On entend "des cris, des gens qui s'insultent, des gens qui tapent aussi aux portes". "Ils ne sont pas contents. Ça fait un boucan d'enfer. C'est assez impressionnant." "Un bruit infernal, jusqu'à 2h, 3h du matin", confirme Patrick Balkany.

"Ils vont hurler son nom, il va y avoir des insultes. Ça sera un enfer, vraiment un enfer."

Grégory Zaoui

Dans le quartier VIP de la prison de la Santé, Grégory Zaoui a croisé des personnalités publiques comme Patrick Balkany justement, ou encore Alexandre Benalla. Mais aussi "des policiers et des (auteurs) de crimes sexuels" sur mineurs, explique-t-il. 

Lorsqu'une figure comme Nicolas Sarkozy est incarcérée, évidemment toute la prison est au courant. Les autres détenus "vont taper sur la porte, sur les barreaux des fenêtres, avec des poêles, des casseroles", estime Grégory Zaoui. "Ils vont hurler son nom, il va y avoir des insultes. Ça sera un enfer, vraiment un enfer." Selon lui, c'est le traitement habituel pour tous les détenus connus, toutes les personnalités arrivant à la prison de la Santé.

L'ancien président de la République "restera dans sa bulle", estime Patrick Balkany, d'autant qu'il sera sans doute difficile pour lui de sortir dans l'espace de promenade. "Moi j'y ai été 20 minutes", se remémore l'ami de Nicolas Sarkozy. Après, les gardiens m'ont dit, 'monsieur Balkany, n'y allez pas, sinon vous allez être photographié, vous allez avoir votre photo à la une de Paris Match'. (…) "Ils m'ont dit, 'ils ont des smartphones, on en confisque 10 par jour, ils en rentrent 20 par jour'."

Une "blessure" pour les proches

L'enfermement est également un moment difficile pour les familles, comme le confie Isabelle Balkany. Elle s'est rendue chaque semaine voir son époux, Patrick Balkany, condamné à 4 ans pour blanchiment de fraude fiscale à la prison de la santé.

"Je l'ai très, très, très mal vécu. C'est froid, c'est un couloir avec des pièces vitrées. Et vous vous apercevez que finalement, vous n'avez pas grand-chose à vous dire. Moi qui suis bavarde, c'est une blessure qui ne guérit jamais", raconte-t-elle. Isabelle Balkany assure avoir elle-même donné quelques conseils à Carla Bruni, dont elle est amie. 

Vous n'êtes pas seul à entrer en prison. Par la force des choses, vous emmenez avec vous votre famille.

Un ancien ministre condamné pour viol, incarcéré à la prison de la Santé

"Je lui ai dit ce que j'avais vécu et je lui ai expliqué simplement comment ça se passait. Voilà ce qu'on peut lui apporter, ce qu'on ne peut pas lui apporter. Les vêtements, vous pouvez avoir tous les vêtements que vous voulez, sauf tout ce qui est bleu marine, parce que c'est la couleur des uniformes des gardiens. Ce sont des choses, évidemment, que vous ne pouvez pas deviner. Je lui ai dit, 'surtout, quand tu y vas, ne mets pas de fermeture éclair. Vraiment, ça se met à sonner'".

Un ancien ministre condamné pour viol, incarcéré à la prison de la Santé il y a quelques années a confié à RTL que la détention "est une épreuve familiale". "Vous n'êtes pas seul à entrer en prison. Par la force des choses, vous emmenez avec vous votre famille." 

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