Pas de mobile, pas de suspect numéro un, pas d'images, mais des bribes de témoignages, des ADN toujours à l’étude et un profil de tueur qui se précise. C'est ainsi que se présente aujourd'hui le mystère de la tuerie de Chevaline, plus de 12 ans après les faits. Le 5 septembre 2012, sur une petite route touristique de Haute-Savoie, trois membres d'une famille anglaise, les Al-Hilli, et un cycliste français, Sylvain Mollier, résident du coin, ont été exécutés. Seules deux petites filles ont survécu. Plusieurs pistes vont alors émerger. "Il y a beaucoup de témoins. Tout le monde voit des choses, et on a l'impression que la seule personne qu'on ne voit pas, c'est le tireur", regrette Damien Delseny, rédacteur en chef adjoint au Parisien/Aujourd'hui-en-France et chef du service police/justice.
La piste la plus récente remonte au 17 octobre 2024. Ce jour-là, la juge Sabine Kheris, du pôle des cold cases, les gendarmes de la section de recherches de Chambéry, des tireurs d'élite et des experts en balistique se retrouvent sur une base militaire désaffectée de l'Essonne pour une remise en situation. Le constat est clair : le tireur est expérimenté et capable d'enchainer les tirs avec une précision exceptionnelle. Cet homme aurait reçu une formation militaire spéciale. D'autant plus que les deux femmes de la famille Al-Hilli, mère et grand-mère, ont été achevées en tirant à l'intérieur de l'habitacle, selon la technique appelée "tir fichant", enseignée dans certains services de renseignement. Sept suspects, collectionneurs d'armes de guerre et adeptes du tir sportif, ont donc été interrogés par les gendarmes, mais ces échanges n'ont livré aucun résultat.
L'ADN sera-t-il plus parlant ? C'est en tout cas ce qu'espérait la juge en ordonnant, début 2024, de nouvelles analyses. Dix mégots ramassés sur la scène de crime avaient livré les profils d’au moins cinq hommes et deux femmes. La tenue que portait le cycliste Sylvain Mollier, abattu à bout portant, avait également été réexaminée, tout comme les vêtements que portait Zainab, la petite rescapée. Mais ces expertises n'ont encore rien donné. Le break BMW de la famille Al-Hilli, passé au scanner, a, lui, permis de détecter un ADN féminin inconnu.
Les enquêteurs de l'affaire Chevaline se sont aussi intéressés à un dénommé Bjarne N., un Danois. Aurait-il précipité le départ des Al-Hilli ? La famille qui logeait au camping Europa à Saint-Jorioz, sur les bords du lac d'Annecy, a écourté son séjour sans prévenir. L'homme est alors venu occuper leur emplacement avant de repartir le jour de la tuerie. Étonnamment, il était aussi près d'une autre scène de crime non résolue en 2011, de quoi intriguer les enquêteurs.
Enfin, le passé de la victime Iqbal Al-Hillli, la mère de famille, reste une autre piste à exploiter. Treize ans avant la tragédie, elle s’est mariée une première fois le 28 juillet 1999 aux États-Unis avec un certain James Dudley Thompson, retrouvé mort d'une "apparente crise cardiaque", le 5 septembre 2012, même jour que la tuerie de Chevaline. Aucune autopsie n'avait été réalisée. "Les enquêteurs estiment qu'ils n'ont pas encore fait le tour de la question concernant son appartenance à un moment donné de sa vie, pourquoi pas, à un service de renseignement, explique Ronan Folgoas, journaliste au Parisien. Ce passage aux États-Unis pose question : les conditions dans lesquelles elle s'est mariée, la rapidité de son mariage, son départ assez précipité des États-Unis..."
Mais était-elle vraiment la première dans le viseur du tueur ? "Les enquêteurs nous le redisent assez régulièrement : la première personne visée dans cette tuerie, c'est Sylvain Mollier, indique Ronan Folgoas, journaliste au Parisien. La personne qui s'en est prise à lui ne pouvait pas savoir qu'il allait arriver là. Donc, on est sur un schéma où le tueur est dans une zone d'attente, peut-être dissimulé dans la végétation." La vie de la victime française a, elle aussi, été regardée de près, mais cela n'a pas permis de faire éclater la vérité.
- Damien Delseny, rédacteur en chef adjoint au Parisien/Aujourd'hui-en-France, chef du service police justice au Parisien, auteur de deux articles qui reviennent sur les dernières révélations.
- Ronan Folgoas, journaliste au Parisien, auteur de deux articles qui reviennent sur les dernières révélations de l’enquête.
- Thomas Prouteau, chef du service police/justice sur RTL.
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