Il y a dix ans, dans l'après-midi du mercredi 5 septembre 2012, débutait l'une des plus intrigantes affaires criminelles : la tuerie de Chevaline. Quatre personnes ont été tuées - trois membres d'une même famille de touristes anglais et un jeune cycliste - dans ce coin de montagne de Haute-Savoie. Deux petites filles, âgées de sept et quatre ans, échapperont au carnage.
Malgré des recherches intenses, incessantes, des milliers de pages de procès-verbaux, des dizaines de témoins entendus, l'énigme n'est toujours pas résolue. Impossible de connaître le mobile du meurtrier. Impossible de savoir qui était vraiment visé dans cette affaire. Impossible encore de remonter jusqu'au coupable.
Alors, tous les espoirs des enquêteurs reposent sur les trois potentiels témoins de la scène de crime. D'abord, William Brett-Martin. Le jour du drame, ce Britannique quitte sa résidence secondaire pour faire une balade à vélo. Il est doublé par un autre cycliste et une voiture. Une fois arrivé sur le parking du Martinet, il découvre la scène de chaos. Pourtant, il n'a aperçu aucun tireur.
Quant à la seule rescapée capable d'apporter un témoignage crédible, Zainab al-Hilli, 7 ans, n'est pas en
état de parler. Il lui faudra pas moins de neuf ans pour recoller ses
souvenirs. À l'été 2021, elle racontera ainsi être sortie de la voiture au
moment où les coups de feu ont éclaté. Son père et sa mère l'ont rappelée, mais il était déjà trop tard. Un homme l'a saisie par derrière. Elle a reçu
une balle dans l'épaule puis a été frappée à la tête à coups de crosse
D'après son témoignage, Zainab a vu que les mains du tueur étaient blanches. Selon elle, il portait un blouson et un pantalon en cuir. "Le tueur est un tireur aguerri, qui n'a pas beaucoup de limites
mentales, un déséquilibré, un tueur à gages, un militaire", indique au Parisien Éric Maillaud, à l'époque procureur à Annecy. Dans tous les cas, le meurtrier
est un habitué des armes. Il a tiré, en 90 secondes, 21 balles, calibre 7.65 Parabellum, en
employant trois chargeurs et en utilisant le même pistolet : un Luger P06-29, une
arme de collectionneur longtemps en dotation dans l'armée suisse.
Les enquêteurs vont s'accrocher à la piste du Luger. Un ex-policier
municipal, puis le fils d'un ex-mercenaire sud africain installé près de
Chevaline, ou encore un passionné d'armes à feu de la région, un
ex-collectionneur et ses amis sont placés en garde à vue entre 2014 et 2021. Sans résultat. Le tireur ne se trouve pas parmi eux.
Le tueur pourrait aussi être un meurtrier de proximité. "Les enquêteurs évaluent l'hypothèse que le tueur connaissait parfaitement les lieux, qu'il y a même ses habitudes, qu'il sait comment s'échapper discrètement", a confié sur RTL Ronan Folgoas, journaliste au Parisien.
Il a également ajouté : "On a appris qu'ils s'intéressaient à un groupe d'hommes impliqués dans un trafic d'armes et l'un de ces hommes a été identifié sur la scène du crime dans les heures qui suivent. Mais aucune charge précise ne pèse sur lui à l'heure actuelle."
En mai 2022, la rédaction de RTL a réalisé une série de podcasts sur le drame, encore non élucidé dix ans après.
- Serge Pueyo, correspondant de RTL à Grenoble.
- Ronan Folgoas, journaliste au Parisien, co-auteur d'une série d'été enquête consacrée à l'affaire (7 épisodes).
-Maitre Jean-Christophe Basson Larbi, avocat de Pierre C, le motard.