INFO RTL - Tuerie de Chevaline : nouvelle remise en situation, pour tenter de percer le mystère

Que s'est-il passé le 5 septembre 2012 entre 15h29 et 15h40, sur la route forestière de la Combe d'Ire à Chevaline, petit bourg de Haute-Savoie qui vivait jusque-là dans l'anonymat ? Qui a abattu, dans ce laps de temps incroyablement court, le père de famille britannique d'origine irakienne Saad al-Hilli, son épouse et sa belle-mère, retrouvés criblés de balles dans la BMW familiale, ainsi qu'un cycliste savoyard de passage sans aucun lien avec eux ? 

Pour tenter de répondre à ces questions obsédantes, restées sans réponse depuis douze ans, la juge du pôle "cold-case" de Nanterre en charge du dossier et les gendarmes de la section de recherches de Chambéry ont, d'après les informations de RTL obtenues de sources concordantes, de nouveau convoqué plusieurs acteurs du dossier, le 17 octobre prochain, pour une remise en situation. 

Le cadre est inédit : tous les actes sont prévus sur une base aérienne désaffectée d'Île-de-France partiellement utilisée par la gendarmerie. Loin du petit parking du Martinet, sur la route forestière de Chevaline, où le tueur a tiré 21 balles en moins de deux minutes. 

L'objectif de la juge et des enquêteurs reste à ce stade confidentiel. On ne sait pas s'il s'agit de balistique, de chronométrages ou d'un autre aspect de ce dossier titanesque où des centaines de pistes ont déjà été explorées, sans résultat. Les avocats des victimes sont convoqués mais on ne sait pas non plus si certains des témoins ont été contactés. Notamment le deuxième cycliste, anglais, arrivé sur le parking du Martinet tout de suite après le massacre, ou le motard lyonnais, passé juste avant. 

Les deux filles du couple al-Hilli, âgées à l'époque de 4 et 7 ans, rescapées par miracle, ne sont pas convoquées. Leurs avocats Me William Bourdon et Colomba Grossi, qui représentent aussi leur oncle Zaid al-Hilli, "voient cette initiative comme un signe encourageant de la persévérance de la juge d'instruction".       

L'arme du crime au cœur de l'enquête

Ce n'est pas la première mise en situation dans le dossier Chevaline. Dans les premières semaines après le drame, des tirs de reconstitution des 21 coups tirés ont été réalisés et les trajets des victimes et des témoins ont été chronométrés à plusieurs reprises. 

Le 30 septembre 2021, quasiment tous les témoins étaient convoqués pour une remise en scène générale, et cela afin de mettre à l'épreuve du terrain les trois scénarios temporels alors élaborés par les enquêteurs. Les déclarations et les souvenirs des protagonistes aboutissaient en effet à des incohérences de quelques minutes à peine, mais qui pour certaines plaçaient le motard sur le parking du Martinet au moment des tirs. Après de nouveaux chronométrages et une garde à vue sans suite du motard, ce scénario a été définitivement écarté.

Les juges en charge du dossier travaillent toujours activement sur d'autres volets, notamment celui de l'arme qui n'a pas été retrouvée. La balistique a établi que le tueur a utilisé un pistolet de collection employée dans l'armée suisse au début du XXe siècle, un Luger P06-29 de calibre 7,65 parabellum. Les expertises poussées, dont une très récente, ont permis de resserrer les recherches sur une série de 940 pistolets sortis des usines en 1935. 

Autre volet important de l'enquête, une série de nouvelles expertises ADN a été ordonnée sur différents scellés, ainsi qu'une comparaison d'empreinte en Autriche. Les résultats sont toujours attendus.  

Contactée par RTL, l'avocate de la sœur et de la nièce du cycliste décédé, Me Juliette Chapelle, n'a pas souhaité commenter ces informations. 

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