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INFO RTL - Tuerie de Chevaline : un pistolet fabriqué en Suisse en 1935 au cœur de l'enquête

ENQUÊTE (2/3) - Une expertise balistique récemment versée au dossier de la tuerie non-élucidée de Chevaline, en septembre 2012, a permis une avancée importante sur le modèle d'arme employé pour abattre le cycliste savoyard et trois membres d’une même famille britannique en vacances.

La route forestière proche de Chevaline où la famille al-Hilli et le cycliste ont été assassinés le 5 septembre 2012 (archives).

Crédit : JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

RTL ÉVÉNEMENT - Tuerie de Chevaline : nos révélations sur l'enquête

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COLD CASE - La tuerie de Chevaline

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Thomas Prouteau - édité par Sylvain Zimmermann

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Depuis le 5 septembre 2012 et la découverte sur le parking d’une route forestière de Chevaline, en Haute-Savoie, de quatre corps criblés de balles, un cycliste savoyard et trois membres d’une famille britannique d’origine irakienne en vacances, c’est l’indice le plus concret dont disposent les enquêteurs de la section de recherches de Chambéry : l’arme employée par le tueur.

Alors que l’énigme criminelle résiste jusqu’ici à toutes les investigations, la justice vient d’obtenir, d’après les informations de RTL, une avancée importante sur le modèle exact qui a tiré les 21 projectiles, dont les douilles ont été retrouvées sur la scène de crime.


L’enquête balistique a rapidement établi, dès 2012, que l’arme utilisée était un pistolet de collection assez spécifique, un Luger P06-29 de calibre 7,65 parabellum, ancien pistolet d’ordonnance de l’armée suisse fabriqué entre 1900 et 1947.

Cette arme, souvent conservée par les familles d’anciens soldats helvètes, et donc susceptible de circuler de l’autre côté de la frontière notamment en Savoie ou en Haute-Savoie, a permis d’envisager dès le départ de remonter à son propriétaire par le biais des armureries, des stands de tir ou des collectionneurs locaux, en plus du croisement des fichiers nationaux de détenteurs d’armes de type AGRIPPA.

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Les résultats d’une nouvelle expertise balistique

Le Luger P06-29 a été fabriqué à des dizaines de milliers d’exemplaires. Un morceau des plaquettes de crosse, de couleur rouge-brun retrouvé sur la scène de crime, couleur spécifique à certains modèles, avait déjà permis de réduire le champ des recherches, mais il restait 6.000 correspondances possibles. Et aucun propriétaire de Luger P06 identifié jusqu’ici n’a "matché" avec un suspect potentiel.

D’après les informations de RTL, les résultats d’une nouvelle expertise balistique de décembre 2023, ordonnée par le pôle cold-case de Nanterre, désormais en charge de l’enquête, conclut que l’arme utilisée pour la tuerie Chevaline est "le plus probablement" issue d’une série précise, fabriquée en 1935, qui a compté 940 exemplaires.

C’est grâce aux projectiles et à la vingtaine d’étuis percutés retrouvés sur la scène de crime que l’expert a réussi ce tour de force. La juge d'instruction avait demandé aux autorités suisses d’effectuer des tirs avec les différents modèles de Luger 06-29, daté de 1900 à 1947, et de fournir les douilles percutées.

En analysant les marques laissées par le tir, l’expert a été en mesure de dire exactement avec quel Luger les quatre victimes ont été abattues et une petite fille de 7 ans grièvement blessée.

Ce resserrement sur le modèle de l’arme est crucial. Depuis qu’elle a repris en 2022 le pilotage des investigations, la juge Sabine Khéris, doyenne du pôle cold-cases de Nanterre, a en effet demandé aux services de police et de gendarmerie de signaler toute procédure de découverte ou de destruction d’un Luger P06-29.

Un travail de longue haleine

Une demande renouvelée en 2023. Des commissions rogatoires ont également été envoyées aux pays voisins, Suisse et Italie en particulier, pour identifier les propriétaires. Et les petites annonces de ventes sur les sites spécialisés sont régulièrement scrutées.

Ce travail de longue haleine a notamment fait émerger un collectionneur italien, plusieurs acheteurs et revendeurs français, ou encore une particulière qui a retrouvé un Luger P06-29 dans la maison de son beau-frère après son décès.

À chaque fois, des vérifications complètes et fastidieuses, pour ne rien laisser au hasard, sont opérées sur le profil du propriétaire, son emploi du temps le 5 septembre 2012, et l’origine de l’arme.

Si elle a été revendue plusieurs fois, les mêmes investigations sont appliquées aux propriétaires précédents. Une tâche titanesque. Désormais en capacité de restreindre les recherches à 940 numéros de série, et d’écarter les autres, l’expertise va permettre aux enquêteurs de gagner un temps précieux.

Toutes les nouvelles méthodes sont utilisées, avec persévérance et obstination

William Bourdon, l’avocat du frère du conducteur de la BMW

"Je ne vois pas ce que les magistrats instructeurs peuvent faire de plus et de mieux", indique me William Bourdon, l’avocat du frère du conducteur de la BMW à RTL. Et d'ajouter : "Toutes les nouvelles méthodes sont utilisées, avec persévérance et obstination, mon client fait confiance à la justice française, sans se faire trop d’illusion, mais au moins l’espoir reste ouvert".

L’arme, les munitions utilisées et les constatations balistiques ont par ailleurs permis aux enquêteurs d’affiner le profil du tueur, qui a achevé chaque victime d’au moins une balle dans la tête, à très courte distance. Consultés, des instructeurs de tir au sein de l’armée de terre estiment qu’il s’agit un tireur "méthodique", "qui n’en est pas à sa première fois" et qui a fait preuve d’un "grand sang-froid", tout en remarquant que le tir à la tête n‘est pas enseigné au sein des armées françaises.

Un expert judiciaire, également formateur de tir, complète ces hypothèses en soulignant qu’il faut avoir une très bonne connaissance du Luger P06-29 pour s’en servir avec autant de précisions dans un laps de temps aussi court, environ 2 mn pour la seule tuerie selon les estimations des gendarmes, avec en plus très peu de balles perdues.

Selon lui, l’auteur a forcément suivi une formation spécialisée par le passé, possiblement en Suisse où certains organismes privés ont délivré par le passé des entraînements de type "assassins".

La piste d’un ancien militaire ?

En revanche l’hypothèse d’un professionnel exécutant un contrat ne colle pas, selon lui, car les armes utilisées dans ces cas-là sont toujours intraçables, ce qui n’est pas le cas du LUGER P06-29. La piste d’un ancien militaire qui a "vrillé" reste l’hypothèse privilégiée par cet expert. Le mobile, lui, reste totalement ignoré.

Contactées par RTL, l’avocate la sœur et de la nièce du cycliste, Me Juliette Chapelle, et l’avocate de l’épouse, de l’ex-épouse et des enfants de Sylvain Mollier, Me Blanvillain, n’ont pas souhaité commenter ces informations.

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