"On ne doit pas jeter le discrédit sur la justice" : sur RTL, le juge Périès dénonce les propos de Nicolas Sarkozy avant son incarcération

Dans Le Journal inattendu, ce 8 novembre, Vincent Parizot a longuement échangé avec Jean-Louis Périès, qui a présidé pendant 10 mois la Cour d'assises spéciale de Paris qui a jugé les auteurs des attentats du 13 novembre 2015, le plus long procès de l'histoire judiciaire française. 

Dans son livre Intime conviction : de l'affaire Dominici au procès du 13 novembre, les mémoires d'un juge, celui qui a présidé la Cour d'assises spéciale de Paris lors des attentats du 13 novembre 2015 est revenu sur la condamnation de Nicolas Sarkozy dans le procès du financement libyen.

La cour d'appel de Paris doit examiner, le lundi 10 novembre 9h30, la demande de mise en liberté déposée par Nicolas Sarkozy, trois semaines après son incarcération à la prison de la Santé. Pour rappel, l'ancien président est incarcéré depuis le 21 octobre et n'a eu de cesse de remettre en cause son jugement, et plus lourdement la partialité des magistrats. Jean-Louis Périès estime qu'"il va trop loin" en remettant en cause l'indépendance des juges en tant qu'ancien président, ancien membre du Conseil constitutionnel et ancien président du Conseil supérieur de la magistrature.

"C'est très dangereux parce que l'autorité judiciaire, c'est le troisième pilier de notre démocratie. Et si ce pilier s'effondre, on va vers un chaos total. Cela me semble important de rappeler qu'on peut critiquer une décision de justice, certes, mais on ne doit pas jeter le discrédit sur la justice", déclare-t-il au micro de Vincent Parizot.

C'est très dangereux quand ça vient effectivement de gens qui savent comment fonctionne la justice.

Jean-Louis Périès, sur RTL

Il s'inquiète également "des menaces sur les magistrats qui avaient rendu la décision concernant Marine Le Pen, et là à nouveau", confiant avoir lui-même été victime de messages haineux durant le procès des attentats du 13 novembre 2015. "C'est très dangereux quand ça vient effectivement de gens qui savent comment fonctionne la justice", ajoute Jean-Louis Périès.

Sur l'argument de la partialité des juges, il rétorque : "Ils ont délibéré pendant plusieurs mois. Au moment de prendre cette décision de la culpabilité, s'ils étaient simplement motivés par le fait de s'en prendre au président Sarkozy, ils auraient peut-être retenu toutes les autres infractions. Donc, ils ont fait un tri".

De plus, Jean-Louis Périès soutient que les juges ayant condamné Nicolas Sarkozy ont "très bien pu imaginer ce qui allait se passer dans l'opinion publique après leur verdict. Donc, bien sûr, ils ont pris une décision de 400 pages. Ils savent aussi que cette décision va être soumise à appel. Et donc, ils ont intérêt à bien motiver."

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