Mort du petit Jonathan Coulom : Martin Ney, dit "l'homme en noir", sera-t-il un jour jugé en France ?

"Pour lui, aller à la mer, c'était un grand bonheur." En mars 2004, Jonathan Coulom, 10 ans, est en classe de mer à Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique. C'est là qu'il disparaît en pleine nuit, laissant derrière lui ses affaires en ordre et des adultes inquiets, raconte Maître Caty Richard dans le podcast Les Voix du Crime. 

Depuis le jour de cette disparition soudaine, l'avocate défend Chantal Munier, la grand-mère paternelle de Jonathan. "Tout de suite, on se dit que cet enfant n'est pas un enfant qui a fugué, qui est parti ou qui a voulu vivre une aventure dehors", se souvient-elle. Jonathan vit avec sa mère et son beau-père, aucun problème familial n'est à signaler, le petit garçon est sage et loin d'être intrépide... Dès lors, les enquêteurs s'orientent vers la piste d'un enlèvement.

La découverte du corps de Jonathan va apporter des réponses mais encore plus de questions

Me Caty Richard

Cette piste se confirme en avril 2004, lorsque le corps du petit Jonathan est retrouvé dans l'étang d'un manoir à Guérande, à quelques kilomètres de Saint-Brévin-les-Pins. Qui pouvait connaître ce lieu isolé ? Pourquoi Jonathan est-il ligoté et lesté d'un parpaing ? A-t-il été séquestré ? A-t-il subi des violences ? "La découverte du corps de Jonathan va apporter des réponses mais encore plus de questions", résume Me Caty Richard.

Pour y répondre, les enquêteurs vont multiplier les analyses et interrogatoires, sans résultats probants... jusqu'à ce jour où Maître Caty Richard va ouvrir le journal Le Parisien. "Je vois un article sur ce journal parlant du Schwartzman, 'l'homme en noir'", se souvient-elle. "On savait que c'était quelqu'un qui était décrit comme un homme en noir, grand, un peu baraqué, qui rentrait dans les colonies et qui avaient déjà agressé, enlevé, et tué des petits garçons."

Il y a suffisamment d'éléments contre Martin Ney pour le renvoyer devant une Cour d'Assises

Me Caty Richard

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Recherché pour une série d'enlèvements et de meurtres en Allemagne, le "Schwartzman", s'appelle en réalité Martin Ney. Il est arrêté en 2011, condamné Outre-Rhin à la perpétuité et extradé vers la France dix ans plus tard. Pour Maître Caty Richard, sa culpabilité dans l'affaire Jonathan Coulom ne fait aucun doute : toutes ses victimes avaient le même profil, des petits garçons d'une dizaine d'années, blonds aux yeux bleus... "des petits Jonathan". "Tout matche", insiste l'avocate.

Une intuition confortée en 2018 lorsque la presse révèle qu'il aurait avoué à son co-détenu avoir enlevé et tué Jonathan Coulom. Il aurait même perdu un sac à dos marron au moment du crime. Officiellement interrogé à ce sujet, Martin Ney continue de nier. Une obstination que Maître Caty Richard associe au lien affectif qu'il entretient avec sa mère. "Elle semble avoir accepté de pardonner ou d'accepter un certain nombre de crimes, mais pas celui de Jonathan, estime l'avocate. Pour elle, a priori, ce serait celui de trop (...) Mais il y a un moment où sa mère saura", avertit-elle.

Maître Caty Richard appelle Martin Ney à dire la vérité : "Il y a suffisamment d'éléments contre lui pour le renvoyer devant une Cour d'Assises". Un procès qu'elle appelle "de tous ses vœux", près de vingt ans après la mort de Jonathan.

>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.