En février 2000, Suzanne Viguier a 38 ans. Elle est professeure de danse dans la banlieue toulousaine et mère de trois enfants. Son couple se délite, elle a un amant et commence à organiser son divorce quand soudain, elle disparait. Très vite, Jacques Viguier, le mari de la victime, va s'imposer comme le suspect idéal aux yeux des enquêteurs. Il va même passer 9 mois en prison avant de comparaitre libre à son procès.
Dans l'épisode du podcast Les Voix du Crime, consacré à l'affaire, Maître Georges Catala revient sur les dix années de combat de Jacques Viguier, qu'il a défendu lors de son premier procès devant les assises de Haute-Garonne, en mai 2009. "Lorsque l'on va entendre Jacques Viguier, tant la police que le juge d'instruction, on va être arc bouté sur un a priori terrible, c'est que c'est lui et personne d'autre. Or, quand on regarde le dossier, il est vide", s'insurge l'avocat au micro de Patrick Tejero.
Dans un premier temps, la police suspecte Jacques Viguier d'avoir assassiné sa femme parce qu'elle voulait divorcer, un "mobile complètement irrationnel", affirme l'avocat selon lequel les deux époux auraient cheminé ensemble vers une rupture apaisée. "Ils se sont sans doute beaucoup aimés, puis il y a eu un phénomène de lassitude entre eux. Jacques est parti de son côté, Suzanne aussi. Par conséquence, il fallait officialiser une rupture par le divorce. Il n'y avait pas de quoi se rouler par terre, ni d'un côté, ni de l'autre", affirme-t-il.
Le matelas, je ne l'ai pas jeté, je l'ai rejeté
Jacques Viguier
La veille de sa disparition, Suzanne était partie jouer au tarot toute la soirée aux côté de son amant, Olivier Durandet. Jacques, lui, gardait les enfants. Elle est rentrée vers 4 heures du matin et avait convenu avec son mari de ne pas être réveillée avant 13h30. Dans la matinée, le père de Jacques est passé prendre ses petits-enfants, et Jacques les a rejoints alors que sa femme dormait encore. À leur retour, Suzanne avait disparu. Chose intrigante, Jacques attendra trois jours avant de signaler la disparition de sa femme. "Suzanne avait l'habitude de s'absenter. Or nous étions dans une période où il y avait entre le mari et l'épouse une distorsion évidente, où chacun partait de son côté", explique Me Catala.
Une question préoccupe tout de suite les enquêteurs : pourquoi Jacques Viguier a-t-il jeté le canapé dans lequel Suzanne dormait ? "Durandet se présentait très souvent dans le domicile des Viguier. Pendant un moment, Jacques l'a considéré comme un ami sincère. Quand il s'est aperçu que ce fameux clic-clac était utilisé par son épouse et Durandet, Jacques a eu un sentiment exacerbé de trahison, répond Me Catala. Il m'a dit, et je l'ai toujours cru, "le matelas je ne l'ai pas jeté, je l'ai rejeté". Il est pour lui le symbole d'un échec conjugal incommensurable".
Rien n'était calculé dans son comportement. C'est là que j'ai compris qu'il était parfaitement innocent
Maître Georges Catala
Lors de la reconstitution, Jacques Viguier affirme être sorti faire un footing de 30 minutes avant de retrouver son père et ses enfants. Ce qui n'est pas dans ses habitudes. Les policiers ne croient pas à son témoignage. Pour eux, il n'est pas sorti mais a tué sa femme dans la matinée. "L'intérêt de Jacques c'est de faire durer le footing le plus longtemps parce que comme il était aux champs, il ne pouvait pas être à la vigne ... Il aurait pu le faire durer pendant une heure, une heure et demi. Or, il va le boucler en une demi heure, insiste Me Catala. C'est là que j'ai compris qu'il était parfaitement innocent, rien n'était calculé dans son comportement."
Pour l'avocat, les accusations ne tiennent pas debout. "On assiste petit à petit à des présupposés, des boursouflures, des inexactitudes, des courants de pensée qui vont dans le sens de l'accusation de Jacques. On s'apercevra que toutes ces charges sont complètement, pardon de cette trivialité, bidon. Et que pour faire tenir un dossier, on est prêt à faire n'importe quoi", se révolte-t-il.
Jacques Viguier est jugé en avril 2009 et finalement acquitté. Il se retrouve une seconde fois devant la barre en mars 2010 lors d'un procès en appel très médiatisé, avant d'être à nouveau relaxé.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
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