ÉDITO - Meurtre du PDG d'UnitedHealthcare : quand la colère contre les assureurs explose

Une incroyable émotion a envahi les réseaux sociaux suite au meurtre d'un grand patron américain de l'assurance santé, UnitedHealthcare, qui compte plus de 50 millions de clients. Il a été abattu devant l'hôtel Hilton à New York le 4 décembre. Étonnamment, cette émotion ne s'est pas manifestée en faveur de la victime, Brian Thomson, le PDG, mais en faveur du meurtrier, Luigi Mangione, un jeune étudiant brillant de 26 ans.

Ce dernier a tué de sang-froid après avoir fabriqué lui-même l’arme à l'aide d'une imprimante 3D. Arrêté après cinq jours de traque le lundi 9 décembre dans un McDonald's en Pennsylvanie, il n'a pas contesté les faits et les a même revendiqués. Il s'agit d'un meurtre politique, rappelant ceux perpétrés par la Fraction armée rouge (FAR) ou les Brigades rouges il y a 50 ans.

Pourquoi ce meurtrier a-t-il suscité une telle sympathie ?

Parce que le patron assassiné est devenu le symbole du système d'assurance santé privé, que de nombreux Américains détestent. Mangione a justifié son geste en affirmant que ces grands assureurs étaient des prédateurs, s'enrichissant en provoquant la misère des citoyens. Il a mis en parallèle la formidable progression de la valeur boursière de UnitedHealthcare, atteignant 500 milliards d'euros, soit plus que LVMH, et la détérioration des indicateurs de santé aux États-Unis, notamment l'espérance de vie. "Ces parasites ont trompé notre pays pour réaliser d'immenses profits", a-t-il déclaré. "Je m'excuse pour le choc et le traumatisme, mais il fallait faire ce que j'ai fait."

Les Américains sont-ils à ce point en colère contre leurs assureurs ?

C'est inimaginable. Dans les heures qui ont suivi l'arrestation de Mangione, des dizaines de milliers de posts, notamment sur X et TikTok, ont pris fait et cause pour lui. D'innombrables assurés ont partagé leurs mésaventures liées à leurs problèmes de santé.

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Je vous cite l'exemple d'un homme qui paye sa mutuelle 15.000 euros par an, avec une franchise de 7.500 euros, et qui malgré cela n'a pas été remboursé de ses frais de santé. Ou encore la mère d'un enfant handicapé qui se voit refuser le financement d'un lit adapté, alors que, selon elle, les garanties étaient bien prévues. Les témoignages de refus de prise en charge par les compagnies sont innombrables, parfois drôles, souvent terribles. Et aussi, de nombreux messages félicitant le meurtrier.

Comment en est-on arrivés là ?

La réforme de l'assurance-santé, initiée par Obama et connue sous le nom d'Obamacare, a surtout profité aux assureurs et aux industries de la santé, qui sont devenus des entités très rentables alors que les prix explosent littéralement.

Selon une étude du Commonwealth Fund, 40% des personnes en âge de travailler renoncent aujourd'hui aux soins à cause de leur coût et du refus des assureurs, et un tiers d'entre elles se sont endettées pour financer leurs soins médicaux ou dentaires.

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