ÉDITO - Europe de la défense : pourquoi l'élection de Donald Trump ouvre la porte à une nouvelle politique commune

L'Europe de la défense deviendrait-elle une réalité, alors que le monde s'enflamme ? Après de nombreuses années de discussion, le projet d'un fonds pour développer les capacités militaires de l'Europe se profile. Il s'agit d'un fonds qui sera doté d'une capacité d'emprunt d'au moins 500 milliards d'euros, selon le Financial Times, ce qui serait un pas décisif vers la fameuse Europe de la défense, jusqu'ici restée dans les limbes.

Cela servira à acheter du matériel militaire, par exemple un système de défense aérien commun, dans un fonds qui serait ouvert aux pays européens sur une base volontaire, ainsi qu'aux pays voisins de l'Union, comme la Norvège et le Royaume-Uni. 

Ça ne serait donc pas un mécanisme communautaire comme le fameux emprunt qu'on a fait après le Covid. Ce qui laisse aux pays neutres comme l'Autriche la possibilité de ne pas participer sans bloquer. Et c'est un fonds qui serait garanti par les États qui y adhèrent.

L'élection de Trump, qui encore a rappelé que l'Europe devait payer pour sa protection plutôt que de se reposer sur les États-Unis, a probablement joué un rôle. Tous les pays sont, pour la majorité, d'accord pour y prendre part. 

Comment l'élection de Donald Trump a débloqué la situation

Le problème, c'est l'Allemagne, qui a un gouvernement en affaires courantes jusqu'aux législatives de février prochain et doit modifier sa constitution pour lever le frein à l'endettement qui l'empêche aujourd'hui d'investir dans le militaire.

La question sensible sera de savoir à qui acheter des armes. Certains pays de l'Union achètent des armes américaines et non européennes, la Pologne, par exemple, qui est à la tête de l'armée la plus importante d'Europe. Alors que les pays qui possèdent une industrie militaire, la France et l'Allemagne, dans une moindre mesure l'Italie et l'Espagne, voudraient récupérer ces commandes importantes au nom de l'autonomie stratégique du continent et de leur propre intérêt.

La France était la plus arc-boutée sur la position du tout européen, mais vient d'accepter que trente-cinq pour cent des commandes totales adressées à ce fameux fonds puissent être adressées à des pays hors Union. Les États-Unis, le Royaume-Uni ou Israël, par exemple. 

Et là encore, c'est l'élection de Trump qui a fait bouger les lignes : il était difficile de lui demander de maintenir son soutien à l'Europe, tout en interdisant aux entreprises américaines de profiter de ses commandes. Avant même son entrée en fonction, Donald Trump a déjà œuvré pour la défense européenne, indirectement, mais de façon très efficace.