Qui est Luigi Mangione, suspecté d'être le tueur de PDG et qui fait vibrer l'Amérique ?

Il est l'homme au cœur de toutes les conversations aux États-Unis. Impossible d'échapper, depuis son arrestation le 9 décembre 2024 dans un McDonald's de Pennsylvanie, aux images de Luigi Mangione. Le jeune homme a été interpellé après avoir été reconnu par un employé du fast-food, la justice américaine croit tenir là l'assassin de Brian Robert Thompson, le PDG de UnitedHealthcare abattu en pleine rue à New York, le 4 décembre.

Loin d'être rassurée par cette arrestation, l'Amérique semble comme être tombée sous le charme de ce possible assassin, fils de bonne famille au sourire ravageur. Alors qu'il était toujours recherché par la police, les réseaux sociaux ont pris fait et cause pour celui qui est devenu le symbole d'une justice vengeresse. 

La victime, Brian Robert Thompson, était le riche directeur d'une assurance santé brassant des centaines de milliards de dollars et comptant parmi les plus lucratives sociétés du monde. Une fortune construite, pour les internautes, sur le dos des Américains les plus fragiles. 

Fils de bonne famille

Cette réécriture de l'assassinat par les réseaux sociaux a fait de Luigi Mangione, le principal suspect, un Robin des Bois des temps modernes. Le portrait du jeune homme doit d'ailleurs, d'ores et déjà, faire vibrer les scénaristes de Hollywood. Luigi Mangione a 26 ans et fait l'objet de poursuites pour meurtre, mais aussi possession illégale d'armes et faux documents. Il a été présenté par la police comme un natif du Maryland, dont la dernière adresse connue se trouve à Honolulu, à Hawaï. Il a obtenu en 2020 un master de sciences de l'ingénierie à la prestigieuse université privée de Pennsylvanie (U Penn), après être passé par un lycée huppé de Baltimore.

Selon le Baltimore Banner, il vient d'une famille italo-américaine aisée, avec un grand-père, décédé en 2008, promoteur immobilier et propriétaire de "country clubs", de maisons de retraites et d'une station de radio locale. Les policiers ont retrouvé sur Luigi Mangione une arme à feu en kit, "qui pourrait avoir été fabriquée par une imprimante 3D", et un silencieux, similaires à ceux utilisés par le tueur.

Lors de son arrestation, Luigi Mangione portait une fausse carte d'identité du New Jersey "correspondant à l'identité utilisée pour s'enregistrer dans un hôtel de New York" avant l'attaque, ainsi qu'un document manuscrit de trois pages évoquant son "hostilité à l'encontre des entreprises américaines", a indiqué la police.

Une blessure au dos comme mobile ?

Les médias et les réseaux sociaux, connaissant désormais l'identité du suspect, tente de comprendre les motivations du jeune homme. Selon des médias, les mots "delay" (retard) et "deny" (refus) - termes évoquant des rejets de demandes d'indemnisation de soins par les compagnies d'assurance - étaient inscrits sur les douilles trouvées sur les lieux du crime. S'agirait-il d'un assassinat politique ou d'un règlement de compte plus personnel ? Les messages et les lectures de Luigi Mangione semblent pointer vers un mélange des deux : une histoire personnelle difficile avec le système de santé et un recours à la violence vue comme seule arme politique efficace. 

Les réseaux sociaux de Luigi Mangione, toujours accessibles après son arrestation, sont scrutés. Les enquêteurs s'interrogent sur une photo de radio médicale affichée sur le profil du suspect sur le réseau social X et qui indiquerait des douleurs et une chirurgie dorsales. La preuve, pour certains, que Luigi Mangione aurait été victime du système d'assurance médicale américain. 

Enquête sur les réseaux sociaux

Les internautes ont tôt fait de retrouver toutes les traces de la vie numérique de Luigi Mangione. Avide lecteur, le suspect disposait d'un compte sur la plateforme Goodreads qui recense les lectures et les critiques des utilisateurs. Parmi ses lectures qui comptent beaucoup d'essais et quelques ouvrages sur les douleurs dorsales, on retrouve le livre Industrial Society and Its Future de Theodore John Kaczynski, connu sous le pseudonyme Unabomber. Ce terroriste américain, mathématicien de formation et activiste anarcho-écologiste a été longuement recherché par le FBI après des années à envoyer des colis piégés pour des raisons idéologiques. Ses envois, commencés à la fin des années 1970, ont fait 3 morts et 23 blessés.

Sur les réseaux sociaux, Luigi Mangione semble être convaincu que le militantisme pacifique classique ne permettra pas aux personnes opprimés de s'en sortir et il recommande la seule voie efficace selon lui : la violence. 

Sur sa bannière sur la plateforme X, à côté de sa radio et d'une photo de lui torse nu qui a fini de séduire le public, on retrouve une illustration d'un Pokémon. Luigi Mangione était-il fan du jeu vidéo ? Pour certains internautes, il s'agit là d'un nouveau message caché. En effet, ce Pokémon porte le numéro 286. Pour certains enquêteurs amateurs de la Toile, il faudrait voir dans cette image une référence à un passage de la Bible : Proverbes 28, verset 6 : "Mieux vaut un pauvre à la conduite intègre qu'un homme tortueux et louvoyant, même riche". Une nouvelle preuve de son engagement contre l'immoralité supposée des plus fortunés dont sa victime : Brian Robert Thompson.

"On ne tue pas des gens de sang-froid pour des questions politiques ou pour exprimer un point de vue", a condamné lundi le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Josh Shapiro. "Ce tueur est salué comme un héros. Écoutez-moi bien, ce n'est pas un héros", a-t-il insisté.

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