ÉDITO - Elon Musk : son engagement politique peut-il nuire à son entreprise Tesla ?

Un phénomène surprenant se développe parmi les propriétaires de Tesla aux États-Unis : de nombreux autocollants apparaissent à l'arrière de leurs véhicules, affichant des messages tels que "Je l'ai achetée avant de savoir qu'Elon était fou" ou "Anti-Elon Tesla club". Ces propriétaires cherchent à se dissocier d'Elon Musk, le fondateur de Tesla, qui est également un proche de Trump et le principal financeur de sa campagne avec plus de 200 millions d'euros. Musk est pressenti pour occuper un poste clé dans la future administration américaine.

L'image de Tesla a radicalement changé : autrefois symbole de modernité et de lutte contre le changement climatique, elle est désormais perçue comme un emblème du trumpisme. La firme a vendu 475.000 voitures au cours des trois premiers trimestres de 2023, enregistrant une baisse de 5% avant même l'élection. Un grand réseau de pharmacies allemand a récemment annoncé qu'il n'achèterait plus de Tesla pour sa flotte d'entreprise, en raison des valeurs associées à Musk et Trump. D'autres entreprises, comme SAP et le loueur Hertz, avaient déjà renoncé à Tesla, mais pour des raisons de fluctuation des prix des véhicules neufs.

Elon Musk va-t-il tout de même tirer des avantages de sa proximité avec Trump ?

Oui, considérablement. L'association de la marque avec Trump séduit également les sympathisants du président élu, ce qui compense en partie les pertes. De plus, la valeur boursière de Tesla a doublé depuis l'engagement de Musk auprès de Trump, augmentant de 57% depuis l'élection. La capitalisation boursière dépasse désormais les 1.000 milliards d'euros, et Musk en est le principal actionnaire. L'action Tesla est devenue un atout stratégique, offrant un accès privilégié à la présidence et aux décisions qui seront prises. C'est la "valeur Trump" par excellence.

Les décisions du futur Président seront-elles favorables à Tesla ?

Oui, paradoxalement. Bien que Trump souhaite supprimer les bonus pour les véhicules électriques, qui peuvent atteindre 7.000 euros par véhicule aux États-Unis, Tesla ne devrait pas en souffrir. L'entreprise est déjà rentable, contrairement à ses concurrents dans le secteur des véhicules électriques. Ces derniers devront baisser leurs prix pour compenser la disparition des bonus, ce qui aggravera leurs pertes. S'ils ne le font pas, ils risquent de perdre des clients au profit de Tesla, qui peut se permettre de réduire ses prix sans trop de dommages. Tesla compensera ainsi la perte de marges par une augmentation des volumes de vente. Merci Donald.