Comment Jonathann Daval est devenu le meurtrier "symbole" des féminicides

PODCAST - En janvier 2018, Jonathann Daval avoue avoir tué sa femme Alexia. Quelques mois auparavant, le mouvement #MeToo a mis la lumière sur les violences sexistes et sexuelles apportant un tout nouveau regard sur ce genre d'affaires criminelles.

Jonathann Daval en conférence de presse en novembre 2017

Crédit : SEBASTIEN BOZON / AFP

85. Affaire Daval : les mensonges et revirements de Jonathann racontés par son avocat 1/2

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"Ils avaient une relation de couple avec de très fortes tensions. Alexia avait une personnalité écrasante, il se sentait rabaissé, écrasé. À un moment, il y a eu des mots de trop, une crise de trop, qu'il n'a pas su gérer". Lorsque Me Randall Schwerdorffer prononce ces mots à la sortie de la garde à vue de son client Jonathann Daval en janvier 2018 il est loin de se douter du cataclysme médiatique qu'il vient de déclencher.

Le soir-même Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'égalité entre les femmes et les hommes, fustige cette ligne de défense. Elle la juge "scandaleuse" et l'érige en exemple de "victim-blaming" (blâmer la victime pour ce qui lui est arrivé). "Rien ne justifie, n’excuse que l’on frappe, tue sa femme ! Rien !" s'exclame-t-elle sur RTL.

S'en suivent des jours de polémiques auxquels ni Randall Schwerdorffer ni son cabinet n'étaient préparés. "Là, on comprend qu'effectivement, il se passe quelque chose au niveau populaire de très vindicatif, d'extrêmement violent, extrêmement puissant", confie aujourd'hui l'avocat dans Les Voix du crime, un podcast RTL.

Je n'ai pas compris qu'arrivait un mouvement extrêmement puissant, c'est le mouvement #MeToo

Me Randall Schwerdorffer

Sur le coup, l'avocat avoue ne pas avoir saisi ce qui se passait. "Je suis très concentré sur mes affaires, pas très sur l'actualité. Je n'ai pas compris qu'arrivait un mouvement extrêmement puissant, c'est le mouvement #MeToo", analyse-t-il aujourd'hui. "Je ne comprends pas non plus qu'on veut cristalliser sur l'affaire d'Alexia toutes les affaires de 'féminicide', c'est ce mot qui émerge à ce moment-là."

L'avocat de Jonathann ne regrette pas ses propos

Pour Me Randall Schwerdorffer, ce qui est en train de devenir "l'affaire Daval" n'est qu'un dossier qui ressemble à tant d'autres. "Je comprends que tout le monde s'accapare cette affaire pour en faire un symbole, pour faire de Jonathann Daval le symbole de l'homme qui tue sa compagne alors que pour moi c'est un meurtre sur conjoint comme j'en ai géré d'autres", explique-t-il. "Et moi je deviens le symbole de l'avocat qui défend l'homme symbole du féminicide, en rejetant la faute sur sur la victime."

Pour autant, il ne regrette pas sa prise de parole. "L'usage, nous interdit de critiquer une victime. Ces usages ne m'intéressent pas. En réalité, ce qui m'intéresse, c'est la défense de Jonathann Daval." Une stratégie qu'il appliquera de nouveau au procès, à l'issue duquel Jonathann Daval sera condamné à 25 ans de réclusion criminelle.

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>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

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