Elle s'est évaporée dans la nuit. Depuis le 15 décembre 2020, Delphine Jubillar ne donne plus signe de vie, et son corps n'a pas été retrouvé. Pourtant, un suspect a été arrêté et incarcéré : son mari, Cédric.
"Les enquêteurs auraient procédé de manière négative, par élimination", explique Patrick Tejero qui suit l'enquête à Toulouse pour RTL dans Les Voix du crime. Amants, proches, rôdeurs... Toutes ces pistes sont d'abord éliminées par les enquêteurs qui vérifient alibis, casiers judiciaires et fichiers criminels. "Et puis, petit à petit, s'il n'y a personne d'autre, ça ne peut être que Cédric", résume le journaliste.
Pour l'avocat de Cédric, Maître Jean-Baptiste Alary, il n'est pas question de laisser son client - qui continue de nier - en prison. C'est pourquoi il a déposé (en vain) plusieurs demandes de remise en liberté arguant du fait qu'aucune preuve avancée par les enquêteurs et magistrats ne peut servir à incriminer Cédric Jubillar. Voici une liste non-exhaustive de ces éléments qui sèment le trouble.
Le premier des éléments, c'est la couette dans laquelle dormait Delphine. Il s'agit là d'un des éléments probants cités par le procureur lors de la conférence de presse organisée peu après la mise en examen de Cédric Jubillar : lors de la perquisition des gendarmes, cette couette se trouvait dans la machine à laver. Pour nettoyer des tâches compromettantes ?
En tous cas, cet élément retient l'attention de Patrick Tejero. "Je demande tout simplement au procureur de la République et aux deux gendarmes qui sont là 'Mais alors, j'imagine que quand vous avez découvert que la couette était de la machine à laver, les gendarmes ont éteint la machine. En récupérer la couette. Elle a été saisie. Elle a été analysée. Qu'est ce que ça donne ?'" Flottement dans la salle.
Un gendarme finit par prendre le micro et révèle qu'elle n'a été saisie que le surlendemain, ce qui étonne Patrick Tejero. "Si on note qu'il est incongru qu'un mari qui a perdu sa femme lave la couette dans laquelle elle dort, il faut immédiatement la saisir ! Or, ce qui est paradoxal et on le saura des mois plus tard, cette couette, elle est photographiée sur le canapé le lendemain de la disparition de Delphine Jubillar."
Autre mystère : les téléphones de Cédric et de Delphine. Le premier assure avoir mis le sien à recharger et en mode avion la nuit de la disparition de sa compagne. "Et il s'avère que d'après les expertises de ce téléphone, le téléphone de Cédric était tout bonnement éteint, assure Patrick Tejero. Ce qui est extraordinaire parce que ce n'est arrivé que deux fois pendant cette année 2020 !"
Sans compter que le podomètre de son téléphone indique qu'il n'aurait fait que 40 pas la nuit de la disparition de Delphine. Ce qui interroge le procureur : Cédric a-t-il vraiment cherché son épouse ? "Avec les gendarmes, quand il va tourner sur la propriété et dans le domicile, il va faire 380 pas, donc les recherches sont assez sommaires", a expliqué Dominique Alzéari dans sa conférence de presse.
De même, le téléphone de Delphine, qui n'a jamais été retrouvé - son mari dit qu'elle est partie avec - s'est allumé six fois pendant la nuit de sa disparition. "Six déclenchements à 00h07, 00h09, 1h03, 1h33 et surtout à 6h52, énumère Patrick Tejero. Pourquoi c'est important 6h52 ? Parce qu'à cette heure-là - c'est sur procès verbal - eh bien, Cédric Jubillar est avec les gendarmes chez lui pour faire les premières constatations."
Il ne peut donc pas être celui qui a déclenché le téléphone à cette heure-ci. Or, le fabricant du téléphone est formel : pour se déclencher, le téléphone a eu besoin d'une action humaine.
Un des derniers éléments de l'enquête, ce sont les lunettes de Delphine Jubillar. Elles ont été retrouvées avec une branche cassée dans la maison qu'elle partageait avec Cédric et leur deux enfants. "Il s’avère que les gendarmes ont retrouvé la paire de lunettes à proximité du canapé où elle dormait, où elle avait regardé la télévision avec son fils et la branche de la lunette sur la table de la cuisine... ce qui paraissait incongru. Donc, il a été décidé d'expertiser ses lunettes", explique Patrick Tejero.
Résultats de ces expertises confiées à la Direction générale des Armées - "la crème de la crème" - : "Ils ont fini par convenir qu'il fallait une forte pression de seize kilos pour que, en effet, la branche se détache et que le tour du verre se brise, résume le journaliste. Et donc, ce qui a été immédiatement considéré comme étant peut être un choc très violent, un coup de poing ou une énorme gifle qui aurait été portée à Delphine Jubillar pour briser ses lunettes."
Cédric, lui, assure que ces lunettes étaient cassées depuis longtemps. Une version corroborée par plusieurs témoins, assure Patrick Tejero.
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