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Un poster de Clément Méric, le 6 juin 2013
Crédit : AFP PHOTO/PASCAL PAVANI
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"C'est un appel vers 23h30", se souvient Agnès Méric. À l'autre bout du fil ce soir-là, une médecin de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Elle lui annonce que son fils, Clément, a été admis en réanimation, en état de mort cérébrale. "Je lui pose la question 'Est-ce qu'il y a de l'espoir ?' Et elle nous a répondu que non. Et voilà, la conversation s'est terminée là-dessus et on a reçu des appels d'amis de Clément qui nous ont expliqué ce qui s'était passé."
Ce 5 juin 2013, à Paris, Clément Méric se rendait à une vente-privée de vêtements avec ses camarades de l'AFA, l'Action antifasciste. À la sortie, des militants néonazis s'en prennent au groupe. L'un d'eux, Esteban Morillo, frappe Clément qui s'écroule au sol. Le lendemain, il décède à l'hôpital. "On nous a expliqué qu'on attendait notre visite pour débrancher et c'est ce qui s'est passé. Après notre passage, ils ont tout débranché et Clément est mort dans l'après-midi", raconte aujourd'hui Agnès Méric dans Les Voix du crime.
La mort de Clément Méric déclenche une vague de rassemblements dans toute la France, dont un à l'endroit où se sont déroulés les faits, le lendemain. "Quand on est arrivé rue de Caumartin, il y avait cette foule, décrit la mère du militant décédé. Les camarades de Clément souhaitaient qu'on s'approche avec une rose à la main, comme eux allaient le faire. Moi, ça m'a un peu effrayée et on a souhaité vraiment rester en retrait, rester discrets. Donc on n'a pas voulu s'avancer. Il y avait des gens, il y avait des caméras, il y avait des journalistes... ça nous a écrasés ce côté public de l'événement et ça nous a un peu empêchés aussi, je crois, de vraiment vivre la dimension intime de ce décès".
On imagine très, très bien Clément réagir de façon véhémente (...) En revanche, agresser physiquement quelqu'un, on l'imaginait vraiment pas du tout
Agnès Méric, mère de Clément Méric
S'en suivent trois ans d'enquête. Sept personnes sont interpellées, seules trois sont poursuivies : Esteban Morillo, Samuel Dufour et Alexandre Eyraud. Tous appartiennent au groupuscule néonazi Troisième Voie, proche des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) dirigées par Serge Ayoub, figure de l'extrême-droite parisienne. Certaines voix s'élèvent et renvoient dos-à-dos militants antifas et militants d'extrême-droite.
"Un des skinheads portait un tee-shirt qui affichait la formule Par le sang et pour l'honneur donc, on imagine très, très bien Clément réagir de façon véhémente face à ça. Mais en revanche, agresser physiquement quelqu'un, on l'imaginait vraiment pas du tout", insiste sa mère. "Il avait été malade, il sortait d'une leucémie, il se savait fragile, il faisait attention. Je pense qu'effectivement, il avait à cœur de lutter contre l'extrême-droite, mais c'était par la discussion, par l'affichage, par la manifestation, mais certainement pas de cette façon-là."
L'enquête démontre qu'il s'agit bel et bien d'une agression de la part des militants d'extrême-droite et que, Esteban Morillo, était armé d'un poing américain. Des conclusions confirmées par le verdict des Assises : par deux fois, les deux principaux accusés Esteban Morillo et Samuel Dufour sont condamnés à de la prison ferme. Le troisième, Alexandre Eyraud est acquitté en première instance.
On a eu le sentiment que la version des camarades de Clément était crue
Agnès Méric, mère de Clément Méric
Un verdict qui apporte son lot de soulagement. "On a eu le sentiment que la version des camarades de Clément était crue. Il s'agissait d'une agression et non pas d'une bagarre voulue entre bandes rivales comme ça avait été trop souvent présentée dans la presse", affirme la mère de Clément qui a elle-même témoigné la barre.
Un moment dont elle a un souvenir "agréable" : "C'était important, je pense, de pouvoir évoquer la personnalité de Clément, de pouvoir dire qui il était, quels étaient ses espoirs et ses combats. C'était une chance de pouvoir le faire".
Face à elle Esteban Morillo présente ses excuses, demande à pouvoir vivre à nouveau tranquillement. Des mots qui indignent Agnès Méric. "Ayant provoqué ce qu'il a provoqué, je n'imagine pas comment on peut dire simplement Moi, j'ai envie de retrouver une vie paisible. Comment est ce que c'est possible de dire cela ?" s'interroge la mère endeuillée.
Aujourd'hui, elle vit avec le souvenir "joyeux" de son fils. Souvenir qu'elle entretient à travers les liens étroits qu'elle et son mari ont toujours avec les camarades de Clément, et à travers l'ouvrage collectif qu'ils viennent de publier aux éditions Libertalia : Clément Méric. Une vie, des luttes (2023).
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