13 mai 1993. Neuilly-sur-Seine. La classe de petite section de la maternelle du Commandant Charcot commence tranquillement sa journée. Dans leur salle habituelle, les 21 écoliers et leur institutrice, Laurence Dreyfus, s'adonnent à leurs activités. Pourtant, cette journée banale prend vite une autre tournure. Aux alentours de 9h30, un homme cagoulé, vêtu de noir, fait irruption dans la salle. Armé d'explosifs. À Neuilly, la panique s'installe et les parents d'écoliers accourent. On ne sait rien du forcené qui vient de pénétrer dans l'école. Rien, à l'exception de deux initiales sous lesquelles il signe ses revendications : "H.B", pour Human Bomb.
Bercy. À ce moment, Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et maire de la ville, vaque à ses occupations dans son bureau parisien. "On est venu m'informer qu'il y avait une grande pagaille dans une école, qu'il semblait qu'il y ait eu une prise d'otages et qu'il fallait que j'arrive tout de suite", se souvient-il dans Les Voix du Crime.
En urgence, le maire se rend sur les lieux et mesure l'ampleur de la situation : "Il y a une foule considérable. Il y a des parents qui crient, des journalistes qui arrivent, des policiers (…) On ne sait pas si c'est de la vraie dynamite et on ne sait pas si tout ça est sérieux. Bien sûr, c'est préoccupant, mais on n'a pas encore les éléments d'information qui nous permettent de savoir si c'est très sérieux ou si c'est un très mauvais canular."
Pourtant, le maire de Neuilly va rapidement prendre conscience de la réalité de la prise d'otages. Sur place, il apprend qu'il doit lui-même intervenir dans la classe. "C'est l'idée de Louis Bayon, le patron du RAID, qui me dit qu'on va tenter quelque chose car tout est bloqué", se remémore le Président. Sans attendre, Louis Bayon et lui se dirigent vers la salle et c'est sans protection que le Président fait face à H.B.
Je saurai après que s'il ouvre la main, ça explose
Le président Nicolas Sarkozy
"La première fois que je le vois, je vois un grand type avec une combinaison gris anthracite, du chatterton noir autour du ventre, un espèce de compteur sur le ventre, une poire dans la main reliée par un fil à ce compteur. Je saurai après que s'il ouvre la main, ça explose", poursuit Nicolas Sarkozy. Après plus de vingt longues minutes de négociations, l'ancien ministre du Budget parvient à libérer un enfant. Une action qu'il va réitérer dans les heures qui suivent. "J'avais peur de mal faire. Je ne savais pas trop quoi dire. Et puis à l'époque, j'étais jeune et j'avais du tempérament, donc je me suis rapidement énervé contre ce monsieur H.B (…) C'était assez violent."
Plusieurs écoliers sont extirpés de la salle. Si l'espoir renaît, les revendications de H.B vont, elles, devenir de plus en plus complexes. H.B réclame désormais une somme faramineuse : 100 millions de francs. Malgré les quelques enfants sauvés, moins d'une dizaine d'enfants attendent encore d'être secourus. Le maire de la ville n'a pas le choix. En pleine nuit, ce dernier se rend de toute urgence au ministère de l'Intérieur pour tenter de réunir les fonds.
"Je rentre, il est 1 heure du matin et je lui dis 'voilà, j'ai amené de l'argent, j'ai tenu ma promesse et maintenant je prends un enfant et je sors (…) Il me met assis sur une petite table pour compter l'argent. Et il se trouve qu'à ce moment-là, il découvre que j'ai menti et qu'il n'y a pas 100 millions", poursuit Nicolas Sarkozy. Face au mensonge du ministre, H.B refuse de laisser partir d'autres écoliers. La fatigue et le stress s'intensifient. "Je le sentais de plus en plus agressif, et là, c'est le procureur de la République qui a pris le relais qui est rentré. Et devant la situation, les équipes du RAID ont décidé d'intervenir."
Si un enfant y était resté, sans doute que ma vie politique aurait pris un autre tournant
Le Président Nicolas Sarkozy
Après près de 46 heures de négociations, les équipes du RAID parviennent à neutraliser le forcené de trois balles dans la tête. Ce n'est qu'une fois abattu, qu'il est identifié : derrière les initiales d'H.B se cache en réalité un ancien entrepreneur, du nom de Érick Schmitt.
Pour Nicolas Sarkozy, les parents et le reste des équipes, c'est le soulagement. "Le président Mitterrand m'a félicité, ce qui n'était pas extrêmement courant. On a eu beaucoup de chance et le RAID a été exceptionnel", confie-t-il. Pour autant, malgré l'apaisement, une polémique s'installe : H.B aurait été exécuté dans son sommeil selon une enquête du Syndicat de la Magistrature. "J'ai du répondre devant la justice car il y a eu une plainte (…) On n'a jamais eu l'idée de tuer le preneur d'otages", explique l'ancien maire de Neuilly.
Aujourd'hui, le Président se souvient encore de chaque détail de cette affaire qui a marqué sa carrière. Pour autant, si aucun enfant n'a été blessé ni tué, Nicolas Sarkozy garde en tête que tout aurait pu basculer ce jour-là. "Moi, ce que j'aurais mal vécu, c'est s'il y avait un enfant qui y était resté. Et sans doute que ma vie politique aurait pris un autre tournant, parce que moi, je me considère comme responsable. Et si un enfant y était resté, ma responsabilité aurait clairement été engagée."
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