Le 7 avril est, depuis 2019, une journée officielle de commémoration célébrée en France en souvenir du génocide perpétré en 1994 au Rwanda. Les Nations unies ont également choisi cette date en 2003 pour commémorer une "journée internationale de réflexion".
Il y a 31 ans aujourd'hui débutait donc le génocide des Tutsis, voyant des milliers de personnes exterminées entre avril et juillet, à la demande du régime hutu de l'époque. Des civils ont été impliqués dans les tueries, souvent forcés ou manipulés par les autorités rwandaises.
La communauté internationale est restée largement passive face au génocide, malgré la présence de casques bleus de l’ONU (MINUAR). Emmanuel Macron, en 2021, avait lui-même tenu à "reconnaître" les "responsabilités" de la France dans le génocide rwandais. Voici quelques points pour mieux comprendre cet événement.
On ne saura peut-être jamais exactement combien de personnes ont été tuées, car des fosses communes sont encore découvertes, notamment en 2024. Si les estimations varient, l'ONU a déclaré qu'au minimum, 800.000 Rwandais ont été tués au cours des trois mois de génocide, majoritairement Tutsis, mais aussi des Hutus dans une quantité plus modérée. Ce bilan macabre a été dressé en seulement 100 jours.
La taille de la population tutsie après le génocide est également incertaine et entraîne une certaine confusion pour les historiens. Beaucoup de Rwandais se sont notamment identifiés comme Hutus pour éviter d'être tués et le Rwanda a depuis supprimé toute identification ethnique dans ses recensements.
Les Tustis et les Hutus sont des habitants du Rwanda, qui ont été différenciés en deux catégories ethniques par la colonisation allemande puis belge du pays. On parle à l'époque de deux "ethnies", alors même qu'ils partagent la même langue et le même espace. Des différences physiques ont été construites pour les différencier, et les mentions "Tutsi" ou "Hutu" étaient inscrites sur les documents officiels.
Depuis de très nombreuses années, les Tutsi étaient désignés par le pouvoir hutu comme des ennemis, associés aux colons. Plusieurs massacres avaient déjà eu lieu, comme en 1959, avant l'indépendance de 1962, et de nombreux Tutsi s'étaient réfugiés en Ouganda.
En octobre 1990, une guerre civile s'enclenche au Rwanda entre le Front patriotique rwandais (FPR), créé par des exilés tutsis, et les Forces armées rwandaises, l'armée du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana.
Pour y mettre un terme, des accords sont négociés en Tanzanie, à Arusha, à partir de 1992. Ils sont rejetés par les extrémistes Hutu, alliés du président. Une importante propagande, menée notamment par la Radio télévision libre des Mille collines, vise pendant ce temps à exclure les Tutsi.
Le soir du 6 avril 1994, l'avion du président rwandais, de retour d'Arusha, est abattu au-dessus de la capitale, Kigali. Le lendemain, le Premier ministre hutu modéré, Agathe Uwilingiyimana, dix Casques bleus belges de la Mission d'observation des Nations unies (Minuar) chargés de sa protection et plusieurs ministres de l'opposition sont tués. Un gouvernement par intérim composé d'extrémistes hutus est mis en place, et lance le génocide.
L'entreprise de destruction est méthodique et organisée, et fera 800.000 morts en trois mois selon l'ONU, un million selon les autorités rwandaises. Le génocide ne s'arrête qu'au mois de juillet, lorsque le FPR s'empare de Kigali.
Selon le rapport d'historiens remis à Emmanuel Macron le 26 mars, la France a "failli" car elle "est demeurée aveugle face à la préparation" du génocide des Tutsi. La commission de 14 historiens présidée par Vincent Duclert et mise en place en 2019 par Emmanuel Macron pointe du doigt des décideurs "enfermés" dans une grille de lecture "ethniciste" post-coloniale. Ils dénoncent le soutien quasi "inconditionnel" du président de l'époque François Mitterrand et de son entourage au régime "raciste, corrompu et violent" du président rwandais Juvénal Habyarimana.
La France considérait alors la rébellion tutsi comme une offensive téléguidée par l'Ouganda anglophone, et affichait en soutenant le régime rwandais sa défense de la francophonie. Le pays s'est notamment engagé militairement avec l'opération militaire Noroît, censée protéger les expatriés étrangers, mais qui protégeait de fait le régime contre l'offensive rebelle.
Une autre opération dite "Turquoise" est aussi largement contestée. Cette opération militaro-humanitaire lancée en juin 1994 par la France sous mandat de l'ONU a selon le rapport "permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide". Les autorités françaises se seraient aussi refusées d'arrêter les commanditaires du génocide ayant trouvé refuge dans la zone sous contrôle français.
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