C'est au cœur de la région des grands lacs. Sur les hauteurs de ce pays aux milles collines, que vont avoir lieu entre avril et juin 94, les pires atrocités, héritages de décennies de frustrations entre tutsis et hutus.
À l'origine un seul et même peuple. Les tutsis sont plutôt des propriétaires de troupeaux, les hutus sont des paysans. Une différence que vont attiser les colons belges dès 1918.L'historien Stéphane Audoin-Rouzeau précise : "Ils font de ces Tutsis, une race
supérieure, et c'est là qu'ils implantent au sein de la société rwandaise le
ferment du racisme". En 1962, le Rwanda devient indépendant, la majorité hutue prend le pouvoir.
Menacés, plusieurs milliers de tutsis sont poussés à l'exil en Ouganda. C'est là qu'ils vont préparer la riposte. En 1990, le Front patriotique Rwandais entre en force au nord du Rwanda : c'est le début de la guerre civile. La France, soutien au Président hutu Habyarimana pousse pour la signature d'accord de paix. En 1993, les accords d'Arusha mettent un terme à la guerre, et prévoient le partage du pouvoir entre les deux communautés.
Mais le 6 avril 1994, l'avion du président rwandais est abattu par un tir de missile. Tout va basculer.
"Dès le 6 avril au soir, à Kigali toutes les oppositions
sont liquidées. Le 7 avril, Kigali est un charnier. Dès le 7 ou le 8,
la quasi-totalité des tutsis d'une commune sont éliminés, ailleurs il faudra une dizaine de jours pour que le génocide se déploie".
Les hutus extrémistes au pouvoir appellent à l'extermination des Tutsis, des ordres relayés par la radio des milles collines.
L'armée rwandaise, des milices, et de simples citoyens munis de bâtons et de machettes, se transforment en tueurs. En quelques jours, des milliers de cadavres jonchent les bords des routes.
Des scènes insoutenables pour les premiers témoins. Le Dr Annie Faure, médecin en poste au Rwanda en 1994 se souvient : "On est dépassé par
ce qu'on voit". Elle arrive avec Médecins du Monde dans un hôpital du nord du Rwanda 20 jours après le début du génocide et y découvre des enfants mutiques, mutilés, traumatisés.
En juin 1994, après 2 mois et demi d'inaction, la France obtient un mandat
humanitaire de l'ONU. Près de 3.000 soldats entrent au Rwanda : c'est
l'opération turquoise.
Son but : protéger les personnes en danger et créer une zone sécurisée au sud ouest du pays.
Guillaume Ancel, ex-Lieutenant Colonel engagé au Rwanda témoigne : "On a
raconté au monde entier qu'on partait pour faire une opération
humanitaire, mais nous ce que nous menions c'est une opération de guerre
classique, contre les ennemis du gouvernement que nous soutenons depuis 4 ans. Le
seul problème c'est que le gouvernement que nous soutenons depuis 4 ans, c'est le
gouvernement qui mène le génocide".
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui demandent l'ouverture des archives pour mettre un point final au rôle joué par la France.
Au Rwanda, 25 ans après le génocide, la loi
interdit désormais toute mention d'appartenance ethnique. Hutus et tutsis,
bourreaux et victimes d'hier, tentent d'avancer ensemble sur le long
chemin de la réconciliation.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte