Gaza : ce que l'on sait de l'accident d'un camion de vivres qui a tué 20 personnes

Nouveau drame dans le centre de la bande de Gaza. À Nousseirat, vingt civils ont perdu la vie dans la nuit du 5 au 6 août. Alors qu'ils attendaient de l'aide alimentaire, "le camion s'est renversé" a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

Israël a récemment autorisé le passage de quelques camions d'aide. Cependant, selon le Gouvernement de Gaza, "Israël entrave délibérément le passage sûr et la distribution de cette aide". À cause de cela, les conducteurs doivent emprunter des itinéraires dangereux, "surchargées de civils affamés". Le camion d'aide alimentaire impliqué dans l'accident de cette nuit devait passer par des routes qui avaient été bombardées. 

Ce "comportement délibéré et criminel se solde souvent par des foules désespérées qui se ruent sur les camions et s'emparent de leur contenu par la force", a expliqué le gouvernement, faisant lui aussi état de 20 civils tués et de dizaines de blessés. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué vérifier ces informations. Human Rights Watch décrit le système de distribution d'aide humanitaire mis en place par l'armée israélienne avec le soutien des États-Unis comme un "piège mortel" pour les civils.

Témoignage de Médecins sans frontières

Caroline Willemen, responsable de Médecins sans frontières à Gaza, a décrit ce mercredi 6 août la situation humanitaire. Qualifiée de "dévastatrice pour les habitants" du territoire, elle constate une "multiplication par quatre des patients dans notre programme de malnutrition depuis mai"." En plus de cela, nous continuons de voir des patients se faire tirer dessus ou écraser sur les sites de distribution d'aide", a déploré la responsable Willemen, dans un message sur les réseaux sociaux.
 
Parmi les dépistages réalisés dans les établissements de Médecins sans frontières en juillet, 25% des enfants âgés de 6 mois à 5 ans et des femmes enceintes ou allaitantes étaient malnutris. 

Une "crise de la faim" omniprésente  

La coordinatrice de Médecins sans frontières a plaidé "qu'une réponse humanitaire de principe, dirigée par l'ONU, doit être rétablie immédiatement". Selon elle, la crise de la faim persistante à Gaza "ne sera pas résolue par des modèles de distribution d'aide contrôlés par l'armée".

Depuis le début de la guerre, Israël assiège plus de deux millions de Palestiniens. L'état a assoupli fin mai le blocus humanitaire total qu'il avait imposé début mars mais n'autorise l'entrée que de quantités très limitées. La bande de Gaza, totalement dépendante de l'aide humanitaire, est désormais menacée d'une "famine généralisée", selon l'ONU. L'Organisation des Nations Unies estime qu'au moins 1.373 Palestiniens ont été tués, la plupart par des tirs israéliens, depuis le 27 mai "alors qu'ils cherchaient de la nourriture".

Selon le Cogat, organisme dépendant de la défense israélienne, plus de 300 camions d'aide ont pénétré dans Gaza mardi, pour le deuxième jour consécutif. Cela est plus que la moyenne de ces derniers jours. D'après le Hamas, "seulement 853 camions" d'aide sont entrés dans la bande de Gaza au cours des 10 derniers jours, "soit une moyenne de 85 camions par jour". Les agences de l'ONU estiment eux qu'il faudrait à minima 600 camions pour venir en aide aux populations du territoire.