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"Après le début de la guerre à Gaza, les choses sont devenues difficiles" : Bethléem tente de retrouver un peu de joie en fêtant Noël pour la première fois depuis 2022

Après deux années d'annulation du fait de la guerre à Gaza, la municipalité de Bethléem, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, a renoué avec les festivités de Noël. Malgré la période de fêtes, sur place, les habitants confient à RTL leurs difficultés quotidiennes.

Le sapin de Noël à Bethléem, en Cisjordanie occupée

Crédit : Mosab Shawer / Middle East Images / Middle East Images via AFP

En Cisjordanie, Bethléem fête Noël pour la première fois depuis 2022

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Ines Gil - édité par Fanny Rocher

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Considérée comme le lieu de la naissance de Jésus, la ville de Bethléem renoue avec Noël. Après deux années d'annulation par solidarité avec Gaza, le traditionnel spectacle des illuminations de la ville a été inauguré en grande pompe et le grand arbre de Noël surmonté d'une étoile rouge scintillante s'est éclairé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

Guirlandes lumineuses, étoiles colorées... Les décorations ont envahi la place centrale de Bethléem. Les pères Noël défilent entre les stands de maïs avec des sacs de sucrerie. Mais la ville, située en Cisjordanie occupée, peine à retrouver le goût de la fête. Depuis le début de la guerre à Gaza, les touristes internationaux ont déserté la ville. Marie, qui tient un magasin de figurines religieuses sur la place centrale, le constate chaque jour. "Seulement une personne est venue aujourd'hui, un Palestinien. Parfois, il n'y a personne. Quand on se promène dans les rues, on ressent une certaine tristesse", confie-t-elle au micro de RTL.

Les statuettes religieuses en bois d'olivier sont une tradition palestinienne. Dans l'atelier du magasin, sa mère réalise des figurines de la nativité, la scène de la naissance de Jésus. "Les restaurants ont fermé, les ateliers qui fabriquent des souvenirs ont aussi fermé, tout comme les hôtels. Ça a causé un chômage important chez les jeunes du camp qui travaillaient dans le tourisme."

Dans le camp voisin d'Aida, la situation continue de s'aggraver

Après deux années de guerre et alors que les violences explosent en Cisjordanie, Bethléem est de plus en plus isolée. Un mur, érigé par Israël, jouxte la ville sainte et la sépare du reste de la région. Et dans le camp de réfugiés de Aida, en bordure de la ville, les conditions de vie ne cessent de se dégrader. 

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À 10 minutes en voiture du lieu supposé de naissance de Jésus, près de 7.000 réfugiés vivent dans ce camp. Le long du camp, le mur, un mur de sécurité pour les Israéliens, d'apartheid pour les Palestiniens, cache une partie du ciel. Pour Anas Abu Srour, réfugié dans le camp, l'histoire chrétienne de Bethléem rappelle la tragédie vécue par les Palestiniens. "En 2014, le pape François est venu visiter Bethléem. Il est venu prier devant le mur pour montrer que la liberté de mouvement et de religion était empêchée par la construction du mur". 

À Bethléem, 80 % des habitants dépendent du tourisme religieux. La dégradation économique a également un impact néfaste sur Aide, selon Saeed al-Azzeh, le chef du camp. "Les restaurants ont fermé, les ateliers qui fabriquent des souvenirs ont aussi fermé, tout comme les hôtels. Ça a causé un chômage important chez les jeunes du camp qui travaillent dans le tourisme." Le taux chômage est ainsi passé de 14 % à 65% dans la région de Bethléem depuis le début de la guerre à Gaza. 

Face à ce drame, c'est dire : 'voilà, je ne me laisse pas prendre par le piège de la violence'

Père Frédéric Masson

Cette année, malgré la hausse de la pauvreté et les violences endémiques en Cisjordanie, les Palestiniens chrétiens, qui composent environ 10 % de la population, tentent de maintenir leur tradition. Dans la paroisse syriaque catholique de la vie, le père Frédéric Masson est à l'écoute des fidèles depuis près de 20 ans. Pour lui, la religion chrétienne est un refuge pour éviter de tomber dans la violence à l'heure où la colonisation israélienne s'intensifie.

"Je pense que Noël, les gens voient, se rappellent qu'il y a quelque chose de plus fort que le drame qui est en train de se jouer en ce moment. C'est un peu compliqué lorsqu'on vit à Bethléem, les difficultés qu'il y a dues à l'occupation. Face à ce drame, c'est dire : 'voilà, je ne me laisse pas prendre par le piège de la violence'", explique-t-il.

Dans l'église de la nativité, des fidèles catholiques se réunissent chaque soir pour la messe. Les chants religieux arabes sont un réconfort pour Lauret, une fidèle. "Pendant les neuf jours qui précèdent Noël, il y a une messe chaque jour qui représente les neuf mois de grossesse de Marie. Après le début de la guerre à Gaza, les choses ici sont devenues plus difficiles, il y a eu davantage de restrictions et nous n'avons plus de rentrée d'argent", témoigne-t-elle. À Bethléem, les fêtes de Noël sont un rare moment de réconfort dans la tourmente de la guerre. 

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