ÉDITO - Moyen-Orient : pourquoi Emmanuel Macron a-t-il perdu des deux côtés du conflit israélo-palestinien ?

Emmanuel Macron est bien difficile à suivre sur le dossier israélo-palestinien, à force de jouer le "en même temps", le président donne l'impression d'avoir perdu des deux côtés.

Plus que du "en même temps", Emmanuel Macron a surtout zigzagué, penchant successivement d'un côté puis de l'autre. D'abord, après l'attaque terroriste du Hamas, il a infléchi nettement la politique de la France en faveur d'Israël. C'est l'appui inconditionnel à un pays ami qui venait d'être agressé sur son territoire. 

Le mot d'ordre venant de l'Élysée est passé aux ambassadeurs dans le monde arabe qu'il n'y a plus d'équilibre entre Israël et les Palestiniens, a confié un de ses diplomates, dûment chapitré à l'époque par le cabinet de Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères. 

Dans sa sollicitude envers l'État hébreu, alors qu'il redoutait une exportation du conflit en France, Emmanuel Macron va jusqu'à proposer une coalition militaire internationale anti-Hamas. Il a donné des gages à Israël, mais son initiative est un échec retentissant. 

Un soutien aux lourdes conséquences

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Cette inflexion pro-israélienne a eu des conséquences au Moyen-Orient. L'image de la France s'est détériorée, de Beyrouth à Tunis et à Bagdad, on ne comprend pas comment notre pays, qui se définit comme une puissance d'équilibre, a basculé en faveur d'un camp.

Ce sont précisément ces reproches que des ambassadeurs de France, dont le monde arabe, ont écrit dans une note quasiment dissidente adressée à l'Élysée. Une première en un demi-siècle de diplomatie, que j'avais révélée il y a un an. 

La critique est mal acceptée par Emmanuel Macron. Ses auteurs sont alors menacés de radiation du ministère des Affaires étrangères et certains n'auront pas de poste à leur retour en France. Mais à l'époque, la note n'a produit aucun effet, le cap est maintenu, pas question de revenir à plus d'équilibre.

Emmanuel Macron durcit le ton

Peu à peu, Emmanuel Macron a durci le ton face à Benyamin Netanyahou et sa campagne militaire d'Israël à Gaza qui, au-delà des militants du Hamas, tue des milliers de civils. Le président de la République a appelé à un cessez-le-feu humanitaire, puis à l'arrêt des violences. Il a dit à Netanyahou qu'il faudra des années pour détruire le Hamas et a dénoncé au fil des mois sa fuite en avant guerrière à Gaza, mais aussi au Liban. 

Lorsqu'en septembre, le Premier ministre israélien est revenu sur sa promesse de soutenir un plan américano-français de cessez-le-feu temporaire au Liban, la moutarde est montée au nez d'Emmanuel Macron. Il a multiplié alors les critiques et a appelé à un embargo sur les armes. La relation s'est tendue, il est désormais décrit par certains en Israël comme un ennemi de l'État hébreu, mais il ne regagne pas pour autant la rue arabe. 

Ses embardées ont brouillé ses messages et entre Israéliens et Palestiniens, sa politique en essuie-glace a rendu la France quasiment inaudible dans cette région du monde.